Édition du lundi 9 juin 2008
Les sénateurs maintiennent la compétence des assemblées délibérantes d'une collectivité pour estimer l'utilité publique d'une dépense «ayant donné lieu à gestion de fait»
A lissue, vendredi, de lexamen du projet de loi relatif à la Cour des comptes et aux chambres régionales des comptes, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009, le Sénat na pas maintenu la disposition votée en avril dernier par lAssemblée nationale, laquelle supprimait la compétence des assemblées délibérantes des collectivités territoriales pour apprécier l'utilité publique de dépenses ayant donné lieu à gestion de fait. Dans ce cas, la collectivité visée pourrait simplement, dans un délai de trois mois, formuler un avis qui éclairerait la décision du juge des comptes.
Cette disposition, introduite sur un amendement de Charles de Courson, député (Nouveau centre) de la Marne, maire de Vanault-les-Dames, avait été adoptée à lunanimité de lAssemblée nationale, avec les avis favorables tant de sa commission des lois que du gouvernement.
Le député avait souligné, à lappui de son amendement, que «cette formalité, qui débouche généralement sur un contentieux devant le juge administratif, prolonge considérablement la procédure. Or cette procédure ne constitue nullement une garantie pour la personne mise en cause car si les conclusions de l'assemblée délibérante reconnaissent l'utilité publique des dépenses, elles ne lient pas le juge financier. À l'inverse, si elles ne reconnaissent pas l'utilité publique, le juge des comptes peut tout à fait ignorer ce refus.» Au cours de la discussion générale, il avait également fait valoir qu'« en cas d'alternance politique, le fait que la solution d'un problème technique dépende d'un contexte politique totalement étranger au litige n'est indéniablement pas de bonne gestion.»
Pour sa part, le Sénat a estimé, avec le rapporteur Bernard Saugey, sénateur UMP de lIsère, que si lAssemblée nationale a supprimé la compétence des assemblées délibérantes locales pour apprécier lutilité publique de dépenses ayant donné lieu à gestion de fait, le texte quelle a adopté «ne garantit en rien que la juridiction financière se contenterait, comme elle en a aujourdhui lobligation, de vérifier la réalité des dépenses alléguées sans se faire juge de leur légalité, voire, lorsque la question porte sur le point de savoir si les dépenses présentaient un intérêt local, de leur opportunité.»
En outre, a-t-il estimé, «si le texte remet en cause une prérogative des élus locaux à légard des gestions de fait intéressant les finances locales, il laisse inchangé le pouvoir des parlementaires à légard des gestions de fait concernant les deniers de lÉtat, qui sexercent dans le cadre de la loi de règlement. Cette dichotomie pose problème.»
Il a conclu que la question posée par les députés, «certes pertinente, devrait faire lobjet dun examen densemble dans le cadre de la réforme annoncée des missions des juridictions financières et des règles relatives à la responsabilité des gestionnaires publics.»
Pour accéder au texte adopté par le Sénat (petite loi), voir lien ci-dessous.
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