Édition du mercredi 25 avril 2007
Les régions touchées par l'Erika témoignent du traumatisme subi
Des milliers d'oiseaux mazoutés, 400 kilomètres de côtes souillées et une population traumatisée. Les présidents des trois régions touchées par la marée noire de l'Erika en 1999 ont témoigné mardi devant le tribunal correctionnel de Paris du «choc psychologique» toujours pas digéré et dont ils réclament indemnisation.
«Nous avons été touchés dans notre chair, nous vivons dans la peur d'une nouvelle catastrophe», a assuré le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, approuvé par Jacques Auxiette, son homologue des Pays-de-la-Loire, et le vice-président de la région Poitou-Charentes, François Patsouris. «La mer est un élément important de notre vie», a rappelé ce dernier, lui-même conchyliculteur. «Il n'y a plus ce sentiment de confiance entre la mer et nous», a-t-il ajouté, un brin lyrique.
Tous ont souligné l'insuffisance des indemnisations proposées par le Fonds d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL) et Total. «Les propositions du FIPOL sont inférieures d'un tiers aux sommes évaluées par les experts eux-mêmes», a noté M. Auxiette.
«C'est un immense mouvement de solidarité qui nous a permis de nous relever», a précisé M. Le Drian expliquant que le «préjudice touristique de la catastrophe reste entier», la fréquentation n'ayant jamais retrouvé le niveau de 1999. «Ça suffit!», s'est-il exclamé assurant que la Bretagne n'avait «pas vocation à être une région poubelle, victime d'inconséquences et d'irresponsabilités».
Sur la base d'un rapport de l'INRA qui sera dévoilé mercredi, les régions ont évalué le préjudice écologique à 320 millions d'euros. La notion de «préjudice écologique» n'existe pas en droit français.
Emboîtant le pas aux régions, le président de la Ligue de protection des oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg, a également rappelé que le FIPOL avait refusé d'indemniser l'association à hauteur de 240.000 euros «sous prétexte qu'elle avait bénéficié de nombreux dons». «C'est scandaleux! Des petites gens ont donné 10 francs, 20 francs, 50 francs, et la mutuelle des pétroliers ne verse rien!», s'est-il indigné. Il a expliqué que près de 75.000 oiseaux mazoutés s'étaient échoués sur les plages françaises, dont plus de 42.000 étaient déjà morts. Seuls 2.139 oiseaux ont pu être sauvés par les 8.000 bénévoles dans les 24 centres d'urgence, dont dix étaient gérés par la LPO. «Tant d'argent, tant d'efforts, tant d'investissements pour un tel résultat. Je me suis demandé si ça valait la peine», a-t-il admis. «Mais la vocation de la LPO n'est pas d'être assis sur la plage et voir les oiseaux agoniser», a-t-il ajouté mettant en garde contre une «perte de la biodiversité».
Le pétrolier «Erika», affrété par Total, s'est brisé le 12 décembre 1999 au large des côtes bretonnes provoquant une gigantesque marée noire. La société Total et 14 autres personnes sont jugées depuis deux mois devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour «pollution maritime».</
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