Édition du lundi 16 avril 2018
Les politiques de l'habitat peu bénéfiques à la mixité sociale
Les différentes politiques de l’habitat – réforme du logement social, loi SRU, rénovation urbaine, politique de la ville… – n’ont pas permis d’obtenir les résultats attendus en termes de mixité sociale, affirme l’Observatoire de la mixité sociale dans son premier rapport, rendu public mercredi 11 avril, quelques jours avant la présentation du plan Borloo pour une mobilisation nationale en faveur des quartiers en difficulté.
« Après trente ans de politique de la ville et dix ans de rénovation urbaine, on ne peut pas dire que les écarts sociaux se sont réduits entre les quartiers ciblés et le reste des territoires », a déclaré Christine Lelévrier, présidente du comité scientifique de l’OMIS et sociologue-urbaniste, lors de la présentation du rapport.
Les chercheurs ont commencé par critiquer le concept de « mixité sociale », qu’ils accusent d’être trop flou, mais qui est pourtant au coeur de plusieurs politiques publiques, fait presque unique en Europe. En effet, les critères souvent retenus pour l’analyser sont des critères de revenus, alors qu’elle sous-entend, en réalité, beaucoup plus de catégories et phénomènes sociaux : les immigrés ou leurs descendants, les parents isolés, les rapports intergénérationnels…
« Les chercheurs, malgré de nombreuses tentatives, ne parviennent pas à construire des indicateurs fiables et pertinents. D’où la difficulté de mesurer l’efficacité des politiques publiques », affirment les membres du comité scientifique.
Autre défaut de la plupart de ces politiques : « Elles tiennent peu compte de la mobilité », a souligné Christine Lelévrier. « Quoi que l’action publique fasse, ceux qui arrivent dans les quartiers de la politique de la ville sont plus pauvres que ceux qui partent », a-t-elle affirmé – sachant qu’en moyenne, le renouvellement des habitants du parc social se fait à hauteur de 40 % tous les dix ans.
« La politique de rénovation urbaine menée par l’ANRU voulait retenir les petites classes moyennes sur place, mais celles-ci ont souvent voulu profiter du réaménagement de leur quartier pour partir. Il faut composer avec les projets et désirs résidentiels des uns et des autres, la mixité n’est pas forcément l’idéal des populations », a pris pour exemple Stéphanie Vermeersch, directrice de recherche au CNRS et membre du comité scientifique de l’OMIS.
Un chapitre du rapport est consacré à la « pression » qu’on impose aux classes moyennes pour obtenir plus de mixité sociale, alors que les classes supérieures, souvent responsables d’une logique de ségrégation, sont absentes.
En effet, selon les chercheurs de l’OMIS, l’impact de la loi SRU imposant aux communes importantes de disposer d’au moins 20 % de logements sociaux, a été « faible » et plutôt symbolique, dans le sens où il a provoqué un débat et éclairé d’un nouveau jour les inégalités territoriales.
« Les communes qui ont le plus construit de logements sociaux sont souvent celles qui en avaient déjà beaucoup ; le pouvoir coercitif de la loi est limité », a affirmé Stéphanie Vermeersch.
L’évolution des quartiers en termes de mixité sociale, peut-on lire dans le rapport, tient surtout compte du rouleau compresseur du marché et des phénomènes de gentrification. « Là où les conditions du marché sont plus favorables, on a pu faire évoluer le quartier, là où elles ne l’étaient pas, on a construit plus de logements sociaux. » On peut parler alors, au mieux, de « mixité endogène », quand, dans les quartiers PNRU, les classes populaires les plus aisées ont pu acheter dans les nouvelles constructions ou les logements sociaux cédés en accession à la propriété.
Autre phénomène à prendre en compte, le fait que « des gens peuvent vivre côte à côte mais pas pour autant vivre ensemble », a ajouté Christine Lelévrier.
Selon les chercheurs, l’erreur des acteurs publics est de se concentrer uniquement sur la question du logement, alors que celle des transports et surtout de l’école est au coeur de la question, prenant l’exemple des classes moyennes supérieures s’installant dans des quartiers populaires, mais contournant la carte scolaire en scolarisant leurs enfants dans le privé.
« Il y aurait de quoi détendre la question du logement si on détendait la question scolaire », a avancé Stéphanie Vermeersch, soulignant que l’école, pourtant « lieu d’apprentissage de la mixité » pour enfants comme adultes, est « absente des débats sur le Grand Paris ».
Le rapport, qui constitue une compilation d’articles et d’interviews, fait intervenir sur le sujet des géographes, sociologues, démographes, urbanistes, mais aussi des journalistes et des élus locaux comme Patrick Braouezec, François de Mazières ou Ian Brossat. L’OMIS a été créé en 2016 par Habitat et Humanisme, une association qui agit en faveur du logement et de l’insertion.
« Après trente ans de politique de la ville et dix ans de rénovation urbaine, on ne peut pas dire que les écarts sociaux se sont réduits entre les quartiers ciblés et le reste des territoires », a déclaré Christine Lelévrier, présidente du comité scientifique de l’OMIS et sociologue-urbaniste, lors de la présentation du rapport.
Les chercheurs ont commencé par critiquer le concept de « mixité sociale », qu’ils accusent d’être trop flou, mais qui est pourtant au coeur de plusieurs politiques publiques, fait presque unique en Europe. En effet, les critères souvent retenus pour l’analyser sont des critères de revenus, alors qu’elle sous-entend, en réalité, beaucoup plus de catégories et phénomènes sociaux : les immigrés ou leurs descendants, les parents isolés, les rapports intergénérationnels…
« Les chercheurs, malgré de nombreuses tentatives, ne parviennent pas à construire des indicateurs fiables et pertinents. D’où la difficulté de mesurer l’efficacité des politiques publiques », affirment les membres du comité scientifique.
Autre défaut de la plupart de ces politiques : « Elles tiennent peu compte de la mobilité », a souligné Christine Lelévrier. « Quoi que l’action publique fasse, ceux qui arrivent dans les quartiers de la politique de la ville sont plus pauvres que ceux qui partent », a-t-elle affirmé – sachant qu’en moyenne, le renouvellement des habitants du parc social se fait à hauteur de 40 % tous les dix ans.
« La politique de rénovation urbaine menée par l’ANRU voulait retenir les petites classes moyennes sur place, mais celles-ci ont souvent voulu profiter du réaménagement de leur quartier pour partir. Il faut composer avec les projets et désirs résidentiels des uns et des autres, la mixité n’est pas forcément l’idéal des populations », a pris pour exemple Stéphanie Vermeersch, directrice de recherche au CNRS et membre du comité scientifique de l’OMIS.
Un chapitre du rapport est consacré à la « pression » qu’on impose aux classes moyennes pour obtenir plus de mixité sociale, alors que les classes supérieures, souvent responsables d’une logique de ségrégation, sont absentes.
En effet, selon les chercheurs de l’OMIS, l’impact de la loi SRU imposant aux communes importantes de disposer d’au moins 20 % de logements sociaux, a été « faible » et plutôt symbolique, dans le sens où il a provoqué un débat et éclairé d’un nouveau jour les inégalités territoriales.
« Les communes qui ont le plus construit de logements sociaux sont souvent celles qui en avaient déjà beaucoup ; le pouvoir coercitif de la loi est limité », a affirmé Stéphanie Vermeersch.
L’évolution des quartiers en termes de mixité sociale, peut-on lire dans le rapport, tient surtout compte du rouleau compresseur du marché et des phénomènes de gentrification. « Là où les conditions du marché sont plus favorables, on a pu faire évoluer le quartier, là où elles ne l’étaient pas, on a construit plus de logements sociaux. » On peut parler alors, au mieux, de « mixité endogène », quand, dans les quartiers PNRU, les classes populaires les plus aisées ont pu acheter dans les nouvelles constructions ou les logements sociaux cédés en accession à la propriété.
Autre phénomène à prendre en compte, le fait que « des gens peuvent vivre côte à côte mais pas pour autant vivre ensemble », a ajouté Christine Lelévrier.
Selon les chercheurs, l’erreur des acteurs publics est de se concentrer uniquement sur la question du logement, alors que celle des transports et surtout de l’école est au coeur de la question, prenant l’exemple des classes moyennes supérieures s’installant dans des quartiers populaires, mais contournant la carte scolaire en scolarisant leurs enfants dans le privé.
« Il y aurait de quoi détendre la question du logement si on détendait la question scolaire », a avancé Stéphanie Vermeersch, soulignant que l’école, pourtant « lieu d’apprentissage de la mixité » pour enfants comme adultes, est « absente des débats sur le Grand Paris ».
Le rapport, qui constitue une compilation d’articles et d’interviews, fait intervenir sur le sujet des géographes, sociologues, démographes, urbanistes, mais aussi des journalistes et des élus locaux comme Patrick Braouezec, François de Mazières ou Ian Brossat. L’OMIS a été créé en 2016 par Habitat et Humanisme, une association qui agit en faveur du logement et de l’insertion.
E.G.E.
Accéder au rapport de l’OMIS sur la mixité sociale.Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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