Édition du lundi 22 mai 2006
Les habitants de Stains (Seine-Saint-Denis) se prononcent pour le droit de vote des étrangers
Après ceux de Saint-Denis il y a deux mois, les habitants de Stains (Seine-Saint-Denis) ont à leur tour dit «oui» dimanche au droit de vote des étrangers, lors d'un référendum local sans valeur légale.
Les Français, ressortissants de l'Union européenne ainsi que les résidents étrangers devaient répondre à Stains à deux questions: «êtes-vous favorables au droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections locales?», et «l'êtes-vous également à toutes les autres élections?»
Ils ont été 65,91% à répondre «oui» à la première question (contre 34,09% de «non»), tandis que 57,40% ont répondu par l'affirmative à la deuxième (42,60% de «non»), selon les résultats définitifs de la municipalité.
Le taux de participation na cependant atteint que 18% des inscrits.
Bien que ces référendums locaux soient illégaux, ils se multiplient dans les villes communistes de la région parisienne depuis les violences urbaines de novembre 2005. En juin, les communes du Blanc-Mesnil et d'Aubervilliers organiseront également le leur, suivies de La Courneuve en octobre.
Le résultat de la consultation ne faisait guère de doute: alors que 64% des habitants de Saint-Denis avaient voté «oui» le 26 mars dernier, 72% des Stanois sont favorables au droit de vote des étrangers selon un sondage CSA effectué en mai 2004. A Stains, un habitant sur cinq n'a pas la nationalité française.
Déjà en septembre 2002, la commune avait proposé à ses résidents extra-communautaires de participer à une consultation sur l'adhésion de Stains à Plaine Commune.
«Il faut mettre fin à cette injustice que représente pour nous le fait que des centaines de milliers de nos concitoyens qui vivent dans notre pays, depuis très longtemps souvent (...) soient privés de ce droit de vote», a expliqué sur France Info le maire PC Michel Beaumale.
Le 18 juin, la commune du Blanc-Mesnil organisera à son tour un scrutin sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, suivie d'Aubervilliers le 24 juin. Les habitants de La Courneuve se prononceront le 1er octobre. La commune de Bobigny envisage elle aussi d'organiser une consultation.
Ces référendums interviennent en plein débat sur le projet de loi sur l'immigration du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui durcit les conditions d'entrée et de séjour des immigrés.
Le député UMP de Seine-Saint-Denis Eric Raoult a dénoncé dimanche dans un communiqué des «pseudo-scrutins, orchestrés et manipulés», qui «prouvent que les mairies communistes sont irresponsables». Ces référendums locaux «ne font que le jeu du Front national, en attisant les tensions et les incompréhensions», estime-t-il. «Le droit de vote ne saurait être galvaudé».
Le droit de vote des étrangers aux élections locales est une vieille revendication des communistes, mais aussi des socialistes, même si ceux-ci ne l'ont jamais fait entrer en application. La proposition d'autoriser le droit de vote des étrangers aux élections locales figurait déjà dans le programme du candidat François Mitterrand en 1981.
En octobre dernier, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy avait jugé «à titre personnel», qu'il «ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter lors des élections municipales». Le ministre de l'Intérieur n'a pas remis cette idée sur la table depuis, la majorité des députés UMP y étant hostile.
Le président Jacques Chirac s'était déclaré contre l'instauration du droit de vote des immigrés aux élections locales, lors de la campagne de 2002. Le Premier ministre Dominique de Villepin y est aussi hostile.c=http://www
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