Édition du jeudi 16 février 2006
Le projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques sera présenté à l'Assemblée nationale début mai et la loi devrait sortir avant l'été
Face à une sécheresse préoccupante en France, le gouvernement tire la sonnette d'alarme et veut inciter les consommateurs à éviter de gaspiller l'eau.
Une campagne de sensibilisation à l'économie d'eau va être lancée prochainement dans les médias, a annoncé mercredi le ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, à l'issue d'une réunion du comité sécheresse en présence de son collègue de l'Agriculture, Dominique Bussereau.
Les agriculteurs, notamment ceux qui produisent du maïs, sont concernés au premier chef en raison de l'importance de leurs prélèvements en eau, nécessaires à l'irrigation de leurs cultures. Ils vont recevoir un courrier les incitant «à la plus grande vigilance dans le choix de leurs cultures du fait de la situation actuelle», a indiqué Dominique Bussereau. «Il faut continuer à irriguer mais il faut le faire de manière raisonnée», a-t-il indiqué, soulignant que «les agriculteurs se sont déjà impliqués fortement l'an dernier dans la réduction de la consommation d'eau». Les surfaces ensemencées en maïs grain doivent en effet baisser de 9% en 2006 par rapport à 2005, soit une baisse de près de 20% en deux ans, depuis 2004, a-t-il précisé.
Au-delà, cette campagne a été présentée comme un appel au civisme de l'ensemble des citoyens, avec pour slogan «Y aura-t-il assez d'eau pour tout le monde ?». Car la France entre dans sa troisième année de sécheresse consécutive sur la majeure partie du territoire. «Nous constatons un important déficit de pluies à l'automne et au début de l'hiver. Il se cumule avec celui de l'année précédente: il manque un tiers à 50% des pluies sur une large partie du territoire», a souligné Nelly Olin.
Résultat: la recharge des nappes phréatiques, qui se fait habituellement de septembre à novembre, est «timide ou inexistante». Et le débit des cours d'eau est inférieur de 20% à 70% par rapport aux normales saisonnières sur une grande partie du territoire, a-t-elle précisé. «Le déficit en eau persiste dans l'Ouest et s'étend sur le quart Nord-Est du territoire», a-t-elle averti, jugeant la situation «extrêmement préoccupante». Déjà, le déficit d'écoulement des rivières a généré près de 3.800 km de cours d'eau à sec.
Les points les plus critiques se trouvent dans le Bassin parisien, dans le sud et l'ouest de la région Centre, le nord-Poitou, en Champagne-Ardennes et le nord de Rhône-Alpes.
Aussi, le ministre a demandé aux agences de l'eau de réserver une dotation d'un million d'euros pour pouvoir intervenir en urgence en cas de problème avec l'eau potable, notamment pour des interconnexions de réseaux.
Enfin, s'agissant des terrains de golf, la charte prévue par le Plan de gestion de la rareté de l'eau établie le 26 octobre par le ministère, sera signée le 2 mars avec la Fédération française de golf (FFG), l'objectif étant de réduire de 30% leur consommation d'eau en trois ans.
Quant au projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques qui avait été adopté l'an dernier par le Sénat, il sera présenté à l'Assemblée nationale début mai pour une loi qui devrait sortir avant l'été. Il devrait notamment imposer l'obligation d'équiper les bâtiments collectifs neufs de compteurs d'eau individuels.
Le prochain comité sécheresse se tiendra le 12 avril mais d'ici là, Nelly Olin a indiqué qu'elle comptait présenter au conseil européen des ministres de l'environnement le 9 mars un plan pour définir «une stratégie de gestion de la rareté de l'eau» en Europe.
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