Édition du mercredi 20 juillet 2011
Le Conseil d'État précise l'interprétation et les conditions d'application de la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat
Par cinq décisions du 19 juillet 2011, le Conseil dÉtat a apporté dimportantes précisions sur la façon dont il convient dinterpréter la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de lEtat.
Ces décisions ne concernaient pas toutes «le même culte, ni le même type dopérations ». Toutefois, quatre dentre elles présentaient « un point commun : dans chacune delles, étaient contestées des décisions de collectivités territoriales qui, poursuivant un intérêt public local, avaient soutenu un projet intéressant, dune manière ou dune autre, un culte». Dans la cinquième affaire, se posait la question de « lapplication des dispositions législatives permettant à des collectivités territoriales de conclure un bail emphytéotique administratif en vue de la construction dun édifice destiné à un culte : la loi, en ouvrant une telle faculté à ces collectivités, devait-elle être regardée comme dérogeant à la loi de 1905 ? »
Dans ses décisions, le Conseil a suivi toutes les recommandations du rapporteur public, Edouard Geffray, qui avait préconisé une approche conforme à « léquilibre complexe, subtil et libéral » instauré par la loi de 1905.
Un recours portait sur une subvention de la ville de Lyon à linstallation dun ascenseur destiné à faciliter laccès à la basilique de Fourvière. La «Fédération de la libre pensée et de laction sociale du Rhône» avait contesté cette subvention. Le pourvoi a été rejeté. Le Conseil dEtat indique que «la loi de 1905 ne fait pas obstacle aux actions des collectivités territoriales visant à valoriser les atouts culturels ou touristiques quun édifice cultuel présente pour elles. Ainsi, lattribution, par la commune de Lyon, dune subvention en vue de la réalisation dun ascenseur facilitant laccès des personnes à mobilité réduite à la basilique de Fourvière nest pas contraire à linterdiction daide à un culte posée par la loi de 1905, même si cet équipement bénéficie également aux pratiquants du culte en cause».
Le Conseil dEtat a aussi donné raison à la commune de Trélazé (Maine-et-Loire), dont le conseil municipal avait décidé lacquisition et la restauration dun orgue devant être installé dans léglise communale. Le Conseil dÉtat a rappelé que «les dispositions de larticle 5 de la loi du 2 janvier 1907 garantissent un droit de jouissance exclusive, libre et gratuite des édifices cultuels qui appartiennent à des collectivités publiques, au profit des fidèles et des ministres du culte, ces derniers étant chargés de régler lusage de ces édifices, de manière à assurer aux fidèles la pratique de leur religion».
En outre, le Conseil dEtat a validé la participation de la communauté urbaine du Mans au financement dun abattoir pour ovins à loccasion des fêtes musulmanes de lAïd el-Kebir.
Il a aussi donné raison à la ville de Montpellier qui défendait sa décision de faire construire une salle polyvalente, par la suite utilisée, entre autres, comme mosquée.
Enfin, la décision qui attaquait la réalisation dun bail emphytéotique avec la fédération cultuelle des associations musulmanes de Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour lédification dune mosquée, a été rejetée.
Pour accéder au dossier du Conseil dEtat, utiliser le lien ci-dessous.
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