Édition du mardi 9 juin 2009
Le Conseil d'Etat annule deux élections municipales, à Corbeil-Essonnes et à Aix-en-Provence
Le Conseil d'Etat a annulé lundi deux élections municipales des 9 et 16 mars 2008, celles de Corbeil-Essonnes (1) et celles dAix-en-Provence (2).
Dans la première décision, le Conseil a déclaré Serge Dassault (UMP), maire depuis 1995, inéligible pour un an, considérant qu'il avait procédé à des achats de voix.
Dans son communiqué, le Conseil indique que sa section du contentieux a procédé à un «examen approfondi» des conditions dans lesquelles se sont déroulées les opérations électorales. Au terme de cet examen, le Conseil d'Etat a porté sur les faits une «appréciation qui la conduit à annuler ces élections.» Le Conseil dEtat indique quil «na certes pas retenu des témoignages qui faisaient état de pressions directes sur les électeurs. Il a, en revanche, considéré que divers éléments établissaient lexistence de dons dargent dune ampleur significative, de la part du maire sortant, à destination des habitants de la commune.»
Le Conseil dEtat a jugé que ces faits, «qui traduisaient une pratique persistante, y compris pendant la période électorale, devaient être regardés comme ayant pu affecter la libre détermination des électeurs.» Si le montant exact des sommes en cause na pu être déterminé avec précision, la haute juridiction a estimé que, compte tenu du faible écart de 170 voix séparant la liste arrivée en tête de la liste suivante, ces faits ont été de nature à altérer la sincérité du scrutin et à en vicier les résultats. Elle a en conséquence annulé les élections.
Quant aux comptes de campagne, le Conseil dEtat a rejeté celui du maire sortant de Corbeil-Essonnes, en raison des dons dargent effectués par ce dernier pendant la période électorale, dont les montants nétaient pas retracés par le compte. En conséquence, lintéressé a été déclaré inéligible pour un an aux fonctions de conseiller municipal.
Dans sa deuxième décision, visant les élections municipales dAix-en-Provence, remportées par Maryse Joissains (UMP), le Conseil dEtat a annulé le scrutin en jugeant que des propos et des insinuations dune nature et dune gravité inadmissibles qui ont émaillé la campagne ont constitué des manuvres ayant pu fausser les résultats du scrutin.
Le Conseil dÉtat a retenu plusieurs éléments. Il a considéré qu'au cours de la campagne électorale précédant le renouvellement du conseil municipal, les attaques dirigées contre le candidat conduisant la liste «Génération Aix», et contre certains de ses colistiers, ont revêtu un caractère exceptionnellement violent.
Il a en particulier noté quun tract anonyme, qui contenait des imputations injurieuses et diffamatoires mettant en cause la vie privée ou la probité des membres de cette liste et qui a été évoqué par la presse et sur Internet, avait excédé largement les limites de ce qui peut être toléré dans le cadre de la polémique électorale. Il a en outre retenu le fait que, dans un article publié dans lédition spéciale dun hebdomadaire à diffusion nationale consacrée à la campagne aixoise, la candidate élue avait tenu des propos, quelle navait pas démentis, mettant clairement en cause la vie privée du candidat de la liste «Génération Aix» et de certains membres de cette liste.
Compte tenu du retentissement que tous ces éléments ont eu pendant la campagne et de limpossibilité, pour le juge, den mesurer les conséquences sur la répartition des suffrages recueillis par chacune des trois listes en présence au second tour (l'écart des voix séparant la liste layant emporté et la suivante étant réduit: 1.017 voix), le Conseil dÉtat a décidé dannuler les élections.
En conséquence, de nouvelles élections devront être tenues dans un délai de trois mois.
(1) Section du contentieux, 8 juin 2009, n° 322236 et 322237.
Pour lire la décision, voir premier lien ci-dessous.
(2) Section du contentieux, 8 juin 2009, n° 321974.
Pour lire la décision, voir second lien ci-dessous.
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