Édition du jeudi 17 février 2011
Le 15 février, le Sénat a remis au Président de la République et au Premier ministre un rapport dans lequel il dénonce «la maladie de la norme» qui affecte les collectivités locales
Hier 15 février, en présence de Gérard Larcher, président su Sénat, Claude Belot, président de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation, a présenté les conclusions de sa réflexion sur les normes imposées aux collectivités territoriales. Dans son rapport intitulé "La maladie de la norme", la délégation dénonce «lobligation quont les élus locaux de faire appliquer 400.000 prescriptions techniques».
«Dans tous les secteurs de laction publique locale, de la gestion de leau à la sécurité des bâtiments, des équipements sportifs à la restauration scolaire, "le culte de la norme" conduit souvent à légiférer ou à réglementer contre le bon sens», déplore ce document. Selon la délégation, qui a auditionné lensemble des associations délus dont lAssociation des maires de France - qui a notamment abordé «les prescriptions édictées par les fédérations sportives» -, ce «centralisme normatif» affecte, dune part, le droit, sa crédibilité et son autorité étant remis en cause; dautre part le rôle de l'élu local, transformé en administrateur.
Elle considère que cette «nouvelle forme de jacobinisme substitue lexpertise technique à la légitimité des urnes et change la gestion par laction en gestion par lintendance». Dans le document, la Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation formule les 18 propositions suivantes:
«1. Exiger, sous peine d'irrégularité, une compensation équivalente par l'État des conséquences pour les finances locales des normes qu'il édicte dans les domaines transférés aux collectivités territoriales.
«2. Instaurer un fonds de compensation des conséquences financières des normes de l'État.
«3. Soumettre les prescriptions des fédérations sportives, et de tout autre organisme normatif, à un avis de la CCEN [NDLR: Commission consultative dévaluation des normes].
«4. Soumettre, préalablement à leur transmission à la CCEN, les prescriptions des fédérations sportives, et de tout autre organisme normatif à un avis favorable du pouvoir exécutif.
«5. Créer, pour les collectivités territoriales, un "correspondant normes" au sein de chaque préfecture garant du "bon sens" dans leur interprétation.
«6. Fixer une ou deux dates "traditionnelles" de principe pour l'entrée en vigueur de toute nouvelle norme, sauf urgence avérée.
«7. Examiner, tout particulièrement parmi les normes qui ne sont pas encore entrées en vigueur, la nécessité de les imposer à toutes les collectivités territoriales, quelle que soit l'importance de leur population.
«8. Dresser l'inventaire des métiers territoriaux soumis à des conditions d'aptitude particulières; ne pas décompter les personnels concernés dans les effectifs servant de référence à l'obligation d'emploi.
«9. Permettre à des instances placées sous la responsabilité des préfets d'adapter, au niveau local, des orientations définies par l'État au niveau national.
«10. Substituer, lorsqu'il s'agit de préciser la portée d'une exigence légale directement applicable, des dispositifs indicatifs à des dispositifs contraignants.
«11. Dresser l'inventaire des domaines dans lesquels la normalisation pourrait prendre, dans le respect de la loi et sur la base d'un texte, la forme d'accords entre les différentes parties prenantes.
«12. Consulter systématiquement, sauf impossibilité absolue, la CCEN sur les projets de loi et d'amendement du Gouvernement concernant les collectivités territoriales; exiger, le cas échéant, que les études d'impact présentent et prennent en compte les observations de la CCEN.
«13. Consulter systématiquement la CCEN sur les projets de texte communautaire concernant les collectivités territoriales.
«14. Imposer la saisine de la CCEN sur toute proposition de loi ou amendement d'origine parlementaire adopté par une assemblée.
«15. Modifier le décret relatif à la normalisation afin que l'AFNOR soit tenue de faire procéder à une évaluation préalable de l'impact financier des normes envisagées; imposer la consultation de la CCEN sur les mesures de normalisation ayant un impact sur les collectivités territoriales et, au minimum, sur celles envisagées en matière de construction et de sécurité.
«16. Soumettre sans délai à la CCEN les normes adoptées avant sa création et non encore entrées en vigueur.
«17. Charger la CCEN, siégeant en commission de simplification, de l'"audit" de grands secteurs du droit au regard de la nécessité des normes, de leur cohérence et de leur lisibilité.
«18. Renforcer les moyens en personnels de la CCEN; généraliser la possibilité, pour la CCEN, de confier à un de ses membres un contre-rapport sur un projet de texte qui lui est soumis.»
Pour accéder au rapport, utiliser le lien ci-dessous.
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