Édition du jeudi 31 mai 2018
La France a perdu 1,2 million d'emplois « productifs » depuis 1975
Même si ce n’est pas une surprise, le bilan est bien sombre : la France a perdu 1,2 million d’emplois « productifs concurrentiels » depuis 1975, et c’est la France de l’intérieur qui a subi des « pertes très impressionnantes » : celle du grand quart Nord-Est, mais aussi du Massif central, des Pyrénées et de l’intérieur des terres normandes - les seules régions à avoir tiré leur épingle du jeu étant, comme l’on pouvait s’y attendre, les bassins parisien et rhodanien, les littoraux atlantique et méditerranéen.
C’est ce que dévoile une étude de l’Assemblée des communautés de France qui devrait paraître à l’été, et dont les premières conclusions ont été dévoilées hier lors de la Journée des présidents d’agglomérations et de métropoles. Basée sur des données de l’Insee, l’étude dresse un bilan sommaire mais sans appel de la désindustrialisation des territoires entre 1975 et 2014 : elle analyse la chute du secteur dit « productif », c’est-à-dire les activités industrielles mais aussi agricoles, ainsi que « toutes les activités de services ou de financement qui leur sont associées », par opposition aux activités « résidentielles », centrées sur une consommation purement locale.
Les régions en déprise ont ainsi connu des chutes de 49 à 83 %. La dure réalité de la métropolisation est encore plus saisissante quand on considère la taille des communautés touchées : le tiers des emplois productifs détruits (439 000) l’ont été dans les petits groupements de moins de 20 000 habitants, qui ont perdu ainsi près de 40 % de ce type d’emplois, perte compensée à peine par l’essor de l’économie résidentielle. Au total, ces petites communautés de communes affichent un solde tout juste positif de +0,7 % de création nette d’emplois - un chiffre qui masque le gouffre, si l’on considère que la population active du pays a augmenté de 6 millions dans l’intervalle.
Les communautés moins modestes, de 20 à 50 000 et de 50 à 100 000 habitants, ont concentré le reste des baisses (636 000 emplois perdus), mais avec un impact moindre (-19 et -16,5 % respectivement).
La seule strate à avoir connu un véritable gain net d’emplois productifs est celle des agglomérations et métropoles comprises entre 200 et 500 000 habitants (+6,5%). « Les métropoles de taille supérieure ont juste préservé leur masse d’emplois productifs de 1975 ! La métropolisation de l’emploi compétitif est donc toute relative », souligne l’AdCF, qui recense tout de même des « raisons d’y croire ».
Ainsi, l'association, qui veut offrir un « nouveau pacte productif » aux entreprises, salue la présence d’un « nouvel esprit entrepreneurial ». « La création d’entreprises se porte bien et s’avère robuste en France », assure l’AdCF, tandis que son directeur général, Nicolas Portier, a souligné la « nouveauté » que constitue le phénomène des « jeunes ingénieurs et diplômés d’écoles de commerce qui créent leur entreprise, là où avant ils faisaient plutôt carrière dans les grands groupes ».
Des jeunes entrepreneurs majoritairement urbains et souvent déconnectés des territoires périphériques où les opportunités économiques ne manquent pourtant pas. « Entre ces jeunes des villes qui veulent créer leur boîte et inventer le nouvel Amazon, et des entrepreneurs très bons, mais (…) qui n’ont pas accès à ce vivier de jeunes ingénieurs », et de manière générale entre métropoles lancée dans la course au numérique et territoires périphériques aux activités plus traditionnelles, « la connexion ne se fait pas », déplore Pierre Veltz, ingénieur, sociologue et économiste.
C’est pourquoi « les collectivités ont encore un rôle à jouer » dans le développement de l’appareil productif, a insisté Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, qui souligne le rôle de sa collectivité dans le maintien « d’un appareil industriel de production du logement après la crise de 2008 ». L’élu a demandé en outre à l’État de jouer le sien : celui d’un facilitateur, notamment en matière de régulation environnementale.
C’est ce que dévoile une étude de l’Assemblée des communautés de France qui devrait paraître à l’été, et dont les premières conclusions ont été dévoilées hier lors de la Journée des présidents d’agglomérations et de métropoles. Basée sur des données de l’Insee, l’étude dresse un bilan sommaire mais sans appel de la désindustrialisation des territoires entre 1975 et 2014 : elle analyse la chute du secteur dit « productif », c’est-à-dire les activités industrielles mais aussi agricoles, ainsi que « toutes les activités de services ou de financement qui leur sont associées », par opposition aux activités « résidentielles », centrées sur une consommation purement locale.
Les régions en déprise ont ainsi connu des chutes de 49 à 83 %. La dure réalité de la métropolisation est encore plus saisissante quand on considère la taille des communautés touchées : le tiers des emplois productifs détruits (439 000) l’ont été dans les petits groupements de moins de 20 000 habitants, qui ont perdu ainsi près de 40 % de ce type d’emplois, perte compensée à peine par l’essor de l’économie résidentielle. Au total, ces petites communautés de communes affichent un solde tout juste positif de +0,7 % de création nette d’emplois - un chiffre qui masque le gouffre, si l’on considère que la population active du pays a augmenté de 6 millions dans l’intervalle.
Les communautés moins modestes, de 20 à 50 000 et de 50 à 100 000 habitants, ont concentré le reste des baisses (636 000 emplois perdus), mais avec un impact moindre (-19 et -16,5 % respectivement).
La seule strate à avoir connu un véritable gain net d’emplois productifs est celle des agglomérations et métropoles comprises entre 200 et 500 000 habitants (+6,5%). « Les métropoles de taille supérieure ont juste préservé leur masse d’emplois productifs de 1975 ! La métropolisation de l’emploi compétitif est donc toute relative », souligne l’AdCF, qui recense tout de même des « raisons d’y croire ».
Ainsi, l'association, qui veut offrir un « nouveau pacte productif » aux entreprises, salue la présence d’un « nouvel esprit entrepreneurial ». « La création d’entreprises se porte bien et s’avère robuste en France », assure l’AdCF, tandis que son directeur général, Nicolas Portier, a souligné la « nouveauté » que constitue le phénomène des « jeunes ingénieurs et diplômés d’écoles de commerce qui créent leur entreprise, là où avant ils faisaient plutôt carrière dans les grands groupes ».
Des jeunes entrepreneurs majoritairement urbains et souvent déconnectés des territoires périphériques où les opportunités économiques ne manquent pourtant pas. « Entre ces jeunes des villes qui veulent créer leur boîte et inventer le nouvel Amazon, et des entrepreneurs très bons, mais (…) qui n’ont pas accès à ce vivier de jeunes ingénieurs », et de manière générale entre métropoles lancée dans la course au numérique et territoires périphériques aux activités plus traditionnelles, « la connexion ne se fait pas », déplore Pierre Veltz, ingénieur, sociologue et économiste.
C’est pourquoi « les collectivités ont encore un rôle à jouer » dans le développement de l’appareil productif, a insisté Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, qui souligne le rôle de sa collectivité dans le maintien « d’un appareil industriel de production du logement après la crise de 2008 ». L’élu a demandé en outre à l’État de jouer le sien : celui d’un facilitateur, notamment en matière de régulation environnementale.
E.G.E.
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