Édition du vendredi 7 mai 2010
La fiscalité locale «n'est équitable ni entre les contribuables, ni entre les collectivités» estime le Conseil des prélèvements obligatoires
Le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires (1), publié hier 6 mai, est consacré à la fiscalité locale et à une tentative dinventaire des scénarios possibles pour sa modernisation. Constitué de six rapports particuliers, il permet dapprofondir la réflexion ainsi que les problèmes que pose la fiscalité locale et dexplorer des pistes dactions et de réformes envisageables.
En ce qui concerne le constat, ce document, publié au moment où la réforme récente de la taxe professionnelle «va nécessairement impacter lorganisation des ressources des collectivités territoriales» sans que le Conseil nait pu «au moment où il écrivait son rapport en mesurer tous les effets», réaffirme que «la fiscalité locale nest équitable ni entre les contribuables, ni entre les collectivités» et que «le lien entre dépense locale et recette locale sest distendu et le citoyen peine à distinguer ce qui relève de la solidarité nationale et ce qui relève de la solidarité locale».
Pour les contribuables, dabord, limpôt est inéquitable puisque la taxe dhabitation nest progressive que jusquà un certain niveau de revenu, ensuite elle devient «régressive», au sens où elle décroît par rapport au surplus de revenu.
La fiscalité locale nassure pas non plus léquité entre les collectivités sur le territoire. Il y a en France de fortes disparités de potentiel fiscal par habitant qui «va du simple au double entre les régions, du simple au quadruple entre les départements; il est encore plus fort pour les communes [de 1 à 1.000]». Et les mécanismes actuels de péréquation ne corrigent quà peine la moitié des disparités constatées.
Le rapport du CPO dresse aussi le constat dune augmentation des dépenses des collectivités territoriales, passées en trente ans de 17% à 21,5% des dépenses publiques. Cette augmentation, qui se retrouve dans tous les pays de lUnion, est générale au sein de lOCDE et se situe à un niveau moyen en France, où le poids du secteur public local reste à un niveau intermédiaire. La fiscalité locale, avec 102,5 milliards d'euros, représente 55% des ressources. Cette progression de la dépense publique locale sur la période 1980-2004 sexplique pour près de la moitié par les transferts de compétences liés à lapprofondissement de la décentralisation et elle «sest accompagnée dune augmentation des prélèvements fiscaux, puisque les collectivités territoriales sont dans lobligation légale de présenter leurs budgets en équilibre».
(1) Le CPO est un organisme associé à la Cour des comptes qui a pour mission dapprécier lévolution et limpact économique, social et budgétaire de lensemble des prélèvements obligatoires. Ses 18 membres sont des hauts fonctionnaires, des professeurs duniversité et des personnalités représentatives de la société. Il est présidé par Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes.
- Pour accéder au rapport, au communiqué de presse et au discours du président du CPO, voir premier lien ci-dessous.
- Pour télécharger le rapport, voir second lien ci-dessous (PDF, 7,9 Mo).
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