Édition du mercredi 22 décembre 2004
L'Association des régions de France voit la loi de «cohésion sociale» comme une «volonté accrue de prise de contrôle par l'Etat de l'apprentissage à leur détriment»
La commission «formation» de lAssociation des régions de France (ARF) (1) sest réunie à Paris le 15 décembre. A lissue de ces travaux, les régions présentes ont communiqué leur position relative à lapprentissage et aux conséquences de la loi de cohésion sociale - qui vient dêtre adoptée définitivement.
Dans un communiqué, lARF indique que :
« les régions, depuis 1983, ont créé les conditions dun développement qualitatif de lapprentissage par un effort financier constant en faveur des centres de formation dapprentis (CFA), encourageant notamment la préparation à de nouveaux diplômes, du CAP au titre dingénieur, et à la mise en place de dispositifs pédagogiques performants. Le changement de limage de cette filière auprès des jeunes doit beaucoup à cet effort.
Le projet de loi de cohésion sociale, qui a notamment pour objectif déclaré de favoriser par diverses mesures une augmentation du nombre dapprentis, na pas fait lobjet dune consultation préalable des régions alors quil va peser lourdement sur le dispositif tel quil existe.
La propagande gouvernementale annonce déjà la création de 500 000 formations en apprentissage alors que le projet de texte suscite de nombreuses interrogations dans les régions.
Tout dabord, se pose la question du public visé, le gouvernement assimilant lapprentissage à un dispositif essentiellement ouvert à des jeunes en échec scolaire, il risque de ruiner ainsi les efforts faits pour valoriser limage de cette filière de formation.
Au niveau financier, lamputation dune partie de la dotation de décentralisation de formation professionnelle et linstauration dun fonds de modernisation de lapprentissage alimenté par la taxe dapprentissage inquiètent les conseils régionaux, du fait des incertitudes ainsi créées en matière de recettes alors que les dépenses des CFA vont croître fortement.
En matière juridique, un amendement accepté par le gouvernement revient sur une disposition adoptée quelques mois auparavant et annule le transfert aux régions de la responsabilité de lenregistrement des contrats. Néanmoins, des régions sont dans la nécessité de disposer de lensemble des informations indispensables à la gestion des primes.
Plus généralement, en matière de textes régissant lapprentissage, la présence dun empilement juridique particulièrement complexe - et le dépôt prochain par le gouvernement de textes dorientation très importants en matière de formation initiale - va encore apporter des changements au dispositif.
Ce projet de loi est ressenti par les régions comme une volonté accrue de prise de contrôle par lEtat de lapprentissage à leur détriment. Elles constatent notamment, outre les questions financières et juridiques propres à la filière, que la compétence quelles exercent en matière de planification régionale de la formation professionnelle est ignorée par ce texte, ce qui risque de compromettre, là aussi, des équilibres fragiles au sein de la formation initiale dans les territoires.
Les régions exigent aujourdhui une clarification en la matière, confirmant un exercice de compétence de plein droit en matière dapprentissage et leur garantissant les ressources nécessaires, notamment par perception directe de la taxe dapprentissage.»
(1) commission présidée par Jean-Paul Denadot, président de la région Limousin.c=http:
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