Édition du mardi 4 janvier 2005
L'abstentionnisme systématique a été nettement plus élevé en 2004 qu'en 2002
Lors des élections régionales et européennes du printemps 2004, trois électeurs sur quatre inscrits dans une commune de France métropolitaine se sont déplacés aux urnes au moins une fois.
Labstention à tous les scrutins a cependant été nettement plus fréquente quaux élections législatives et présidentielle de 2002. Elle diminue avec lâge, sauf pour les plus jeunes et au-delà de 70 ans.
Les femmes participent comme les hommes jusquà 65 ans, un peu moins ensuite.
Par rapport aux scrutins de 2002, la baisse de la participation résulte pour moitié dune moindre assiduité des « participants systématiques ».
Selon létude de lINSEE publiée fin décembre (1), la participation aux élections régionales (62,3 % au premier tour, 65,8 % au second tour) a été plus élevée quà loccasion des élections régionales de 1998 (58 %).
En revanche, la participation lors des élections européennes de 2004 (43,3 %) atteint son niveau le plus faible depuis la mise en place de ces élections.
LINSEE repère dans ces données une nouvelle forme dabstentionnisme systématique.
Celui-ci est nettement plus élevé quen 2002 : 36 % des inscrits ont participé à tous les scrutins de 2004. Inversement, un quart dentre eux se sont abstenus de façon systématique.
Près du tiers de ce que lINSEE appelle les « intermittents du vote » en 2002 se sont systématiquement abstenus en 2004. En 2002 déjà, ils se distinguaient des autres votants intermittents par une moindre participation aux législatives et à la présidentielle. Un quart dentre eux (contre 7 % des autres intermittents en 2002) nont voté quau deuxième tour de la présidentielle. Pour ceux-là, il semble bien quil faille un choc tel que celui provoqué par les résultats du premier tour de la présidentielle pour les décider à prendre le chemin des urnes.
Pour avoir une image complète de labstention systématique, il faut aussi prendre en compte le cas extrême des participants systématiques en 2002 devenus en 2004 des abstentionnistes systématiques. Ils ne représentent que 3 % des personnes suivies mais leur poids sur la participation nest pas négligeable : sils avaient voté en 2004 avec la même assiduité quen 2002, la participation moyenne aurait été plus élevée de trois points (lécart 2002-2004 est de 13 points).
Au total donc, 15 % des personnes suivies de 2002 à 2004 sont des « nouveaux» abstentionnistes systématiques.
Ils constituent plus de la moitié des abstentionnistes systématiques de 2004. Il sagit dun groupe particulièrement jeune : la moitié dentre eux, contre un tiers seulement des inscrits en 2004, ont moins de 40 ans. Si cette structure par âge les rapproche des abstentionnistes systématiques en 2002 et en 2004, ils sen distinguent clairement par leur niveau détude. La proportion de personnes sans diplôme (15 %), tout comme celle des titulaires dun premier cycle universitaire (18 %), ne les différencie pas de lensemble des inscrits, alors que les abstentionnistes systématiques sont en général moins diplômés. On voit donc émerger un groupe dabstentionnistes qui, bien quils partagent avec les abstentionnistes dexclusion une certaine constance dans ce comportement, nen ont pas le profil social. Reste quand même à savoir sils manifesteront la même constance à loccasion denjeux électoraux nationaux.
(1) « INSEE Première » n° 997, décembre 2004</
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