Édition du mercredi 21 mai 2003
Infrastructures : il faudra trouver 11 à 15 milliards d'euros, sans compter les 11 milliards d'euros à la charge des collectivités locales sur vingt ans
Usagers, professionnels et collectivités locales : tous devraient être mis à contribution pour combler le gouffre des "11 à 15 milliards d'euros" nécessaires pour financer les infrastructures de transport programmées pour 2003-2020. À défaut, plusieurs de ces grands chantiers pourraient être rangés au placard.
"Il n'y a pas d'abandon de projets. Je ne connais pas de projet abandonné. Je ne vais pas annoncer de projets abandonnés", a martelé mardi le ministre des Transports Gilles de Robien à l'Assemblée nationale. Il faut "poursuivre et même intensifier notre effort", dans un contexte de croissance du trafic et d'élargissement européen.
Pas question, donc, de revenir sur l'accord international sur le TGV Lyon-Turin : "il sera respecté". "Différer la mise en chantier de la ligne Turin-Lyon serait une décision incompréhensible", avait prévenu le Premier ministre italien Silvio Berlusconi. Le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Busserau a également insisté sur la "réalisation rapide" du TGV Sud-Europe-Atlantique.
Dans le domaine fluvial, le gouvernement n'entend pas revenir sur le projet d'écluse du Havre, qui a "toute sa pertinence", ni sur le projet Seine-Nord qui devrait être "planifié en tête de liste des équipements fluviaux à réaliser".
Gilles de Robien s'est bien gardé de fixer un calendrier pour le lancement de ces grands travaux, évitant soigneusement de préciser si certains pourraient être différés. Cette question devrait être tranchée lors d'un Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) en fin d'année.
Mais le ministre a d'ores et déjà prévenu : restrictions budgétaires obligent, tout le monde devra mettre la main à la poche. Le financement global ayant été sous-estimé, il faudra trouver "11 à 15 milliards d'euros", selon un audit commandé en août dernier, sans compter les 11 milliards d'euros à la charge des collectivités locales sur vingt ans. La faute, selon lui, au gouvernement Jospin. "Quand je suis arrivé au ministère, il y avait beaucoup de promesses et aucune ligne budgétaire en face", a-t-il dénoncé.
Pour y faire face, le ministre a esquissé plusieurs pistes qui risquent de faire grincer des dents. La création à l'horizon 2006 d'une redevance kilométrique sur les poids-lourds, qui pourrait rapporter 7,5 milliards d'euros d'ici 2020. Il a ensuite estimé que les péages autoroutiers constituaient des "gisements possibles" et laissé entendre qu'il pourrait poursuivre la privatisation du réseau autoroutier.
Autre hypothèse, la taxe sur le gazole pourrait être "rapprochée" de celle prélevée sur l'essence pour les particuliers, alors qu'on constate un écart de 20 centimes d'euros. Une hausse d'un centime rapporterait ainsi environ "200 millions d'euros en année pleine", mais "aucune décision n'est prise à ce stade". Enfin, la réalisation de nouvelles infrastructures en partenariat public-privé devrait être "encouragée" et les fonds européens mobilisés.
Président UMP de la Commission des finances, Pierre Méhaignerie a également suggéré de mettre à contribution l'épargne populaire stockée par la Caisse des dépôts (CDC), sous étroite surveillance. La CDC pourrait ainsi consentir des prêts "attractifs" pour une trentaine d'années, à des taux de près de 3,5%. Enfin, il a estimé que les régions bénéficiaires des nouveaux projets devaient "faire des efforts".c=http://www.clsidw.co
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