Édition du mardi 4 décembre 2018
Gilets jaunes : les élus locaux sont directement concernés
Après avoir reçu les représentants des collectivités territoriales la semaine dernière et les responsables de partis politiques, hier, le gouvernement a organisé une réunion de crise hier soir avec onze ministres. Il en est sorti de premières annonces, faites en milieu de journée, avec notamment un moratoire de six mois sur la taxe sur les carburants. Ce « geste d'apaisemsent » est conforme à ce que la quasi-totalité des responsables politiques et les représentants des associations d'élus ont demandé au gouvernement.
Dans cette crise, les élus locaux sont en première ligne. D’abord parce que certains, en particulier dans les territoires ruraux, sont solidaires des gilets jaunes, voire participent eux-mêmes au mouvement. Certains ont pris publiquement position en ce sens. Un exemple entre cent : les élus de la commune d’Albert, dans la Somme, qui ont écrit au Premier ministre en fin de semaine dernière pour lui dire qu’ils « ressentent au plus près le sentiment d’injustice et d’abandon que (leurs) concitoyens expriment ». Ou encore à Roanne, jeudi dernier, où deux maires ont tenu à accompagner une délégation d’une quarantaine de gilets jaunes en sous-préfecture ; ou dans le secteur de Cambrai, où une dizaine de maires se sont rendus sur un barrage, au rond-point de Petit-Fontaine, dimanche, pour exprimer leur « soutien moral » aux gilets jaunes. Certains maires ont même placardé un gilet jaune géant sur le fronton de leur mairie.
Ordre public : les élus « associés »
Ensuite parce que les maires sont directement concernés par tous les aspects de ce mouvement : circulation entravée par les blocages, problèmes rencontrés par les commerçants qui voient leur chiffre d’affaires dégringoler, soucis logistiques liés aux difficultés d’approvisionnement. Et, bien sûr, questions liées à l’ordre public – et pas uniquement dans les grandes villes : on le voit lorsque qu’une petite commune comme Le Pouzin, en Ardèche, 2800 habitants, est confrontée comme samedi dernier à une manifestation de 250 personnes à l’issue de laquelle 19 gendarmes ont été plus ou moins sérieusement blessés. Pour ce qui est de la région parisienne, le ministère de l’Intérieur a annoncé hier que « les élus locaux » (a minima la maire de Paris et les maires d’arrondissement) seraient « associés » aux prises de décision concernant une éventuelle nouvelle manifestation samedi prochain. Une réunion aura lieu dans ce sens jeudi.
Les élus sollicités
Par ailleurs, partout les gilets jaunes s’adressent directement aux élus – parfois pour leur demander une aide matérielle, parfois pour demander leur soutien, et surtout de « relayer » leurs revendications. À Ploërmel (Morbihan), vendredi, les gilets jaunes ont assisté, dans le calme, au conseil communautaire, avec une demande clairement exprimée par l’un d’entre eux : « Nos revendications ne remontent pas au gouvernement. Vous êtes nos élus, vous devez entendre et faire remonter les informations. » Idem à Nîmes, hier, où des gilets jaunes ont envahi une réunion du conseil communautaire pour demander aux élus de « soutenir » leur mouvement – soutien que le conseil a voté. Dans un bon nombre de villes (par exemple Romilly-sur-Seine, Château-Thierry, Caussade, Cagnes-sur-Mer…) des manifestations se sont déroulées devant, voire dans les mairies, pour interpeller les élus. La presse locale fait état de très nombreuses communes où les maires ont reçu de petites délégations de gilets jaunes pour écouter leurs doléances. Parfois, cette demande fait l’objet de véritables ultimatums, comme à Pau, la semaine dernière, où plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué la circulation devant la mairie jusqu’à être reçu par un adjoint, et ont exigé que la mairie se positionne sur le mouvement « dans les 48 heures ».
Rien d’étonnant donc à ce que les associations d’élus aient ressenti le besoin de faire remonter au gouvernement le malaise ressenti.
Les maires vus comme des relais potentiels
Mais les maires sont-ils eux aussi victimes de l’énorme vague de défiance et colère qui a déferlé sur le pays ? C’est en tout cas ce que pense Jacqueline Gourault, qui l’a dit ce matin sur Sud Radio : « Les maires sont conscients que le mouvement qui a lieu les concerne aussi. La confiance dans la démocratie est très émoussée et tout élu est un peu mis sur la sellette. » De la part d’un gouvernement et d’une majorité qui ont clairement cherché à montrer du doigt les maires – entre accusations de « clientélisme », « d’inefficacité » et hashtag #BalanceTonMaire – le constat en fera sursauter plus d'un. Mais il n’est pas certain pour autant qu’il soit vrai : si la défiance exprimée à l’égard du président de la République, du gouvernement et des députés est palpable dans les manifestations, il semble que les élus locaux soient davantage vus comme des alliés potentiels.
Dans cette crise, les élus locaux sont en première ligne. D’abord parce que certains, en particulier dans les territoires ruraux, sont solidaires des gilets jaunes, voire participent eux-mêmes au mouvement. Certains ont pris publiquement position en ce sens. Un exemple entre cent : les élus de la commune d’Albert, dans la Somme, qui ont écrit au Premier ministre en fin de semaine dernière pour lui dire qu’ils « ressentent au plus près le sentiment d’injustice et d’abandon que (leurs) concitoyens expriment ». Ou encore à Roanne, jeudi dernier, où deux maires ont tenu à accompagner une délégation d’une quarantaine de gilets jaunes en sous-préfecture ; ou dans le secteur de Cambrai, où une dizaine de maires se sont rendus sur un barrage, au rond-point de Petit-Fontaine, dimanche, pour exprimer leur « soutien moral » aux gilets jaunes. Certains maires ont même placardé un gilet jaune géant sur le fronton de leur mairie.
Ordre public : les élus « associés »
Ensuite parce que les maires sont directement concernés par tous les aspects de ce mouvement : circulation entravée par les blocages, problèmes rencontrés par les commerçants qui voient leur chiffre d’affaires dégringoler, soucis logistiques liés aux difficultés d’approvisionnement. Et, bien sûr, questions liées à l’ordre public – et pas uniquement dans les grandes villes : on le voit lorsque qu’une petite commune comme Le Pouzin, en Ardèche, 2800 habitants, est confrontée comme samedi dernier à une manifestation de 250 personnes à l’issue de laquelle 19 gendarmes ont été plus ou moins sérieusement blessés. Pour ce qui est de la région parisienne, le ministère de l’Intérieur a annoncé hier que « les élus locaux » (a minima la maire de Paris et les maires d’arrondissement) seraient « associés » aux prises de décision concernant une éventuelle nouvelle manifestation samedi prochain. Une réunion aura lieu dans ce sens jeudi.
Les élus sollicités
Par ailleurs, partout les gilets jaunes s’adressent directement aux élus – parfois pour leur demander une aide matérielle, parfois pour demander leur soutien, et surtout de « relayer » leurs revendications. À Ploërmel (Morbihan), vendredi, les gilets jaunes ont assisté, dans le calme, au conseil communautaire, avec une demande clairement exprimée par l’un d’entre eux : « Nos revendications ne remontent pas au gouvernement. Vous êtes nos élus, vous devez entendre et faire remonter les informations. » Idem à Nîmes, hier, où des gilets jaunes ont envahi une réunion du conseil communautaire pour demander aux élus de « soutenir » leur mouvement – soutien que le conseil a voté. Dans un bon nombre de villes (par exemple Romilly-sur-Seine, Château-Thierry, Caussade, Cagnes-sur-Mer…) des manifestations se sont déroulées devant, voire dans les mairies, pour interpeller les élus. La presse locale fait état de très nombreuses communes où les maires ont reçu de petites délégations de gilets jaunes pour écouter leurs doléances. Parfois, cette demande fait l’objet de véritables ultimatums, comme à Pau, la semaine dernière, où plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué la circulation devant la mairie jusqu’à être reçu par un adjoint, et ont exigé que la mairie se positionne sur le mouvement « dans les 48 heures ».
Rien d’étonnant donc à ce que les associations d’élus aient ressenti le besoin de faire remonter au gouvernement le malaise ressenti.
Les maires vus comme des relais potentiels
Mais les maires sont-ils eux aussi victimes de l’énorme vague de défiance et colère qui a déferlé sur le pays ? C’est en tout cas ce que pense Jacqueline Gourault, qui l’a dit ce matin sur Sud Radio : « Les maires sont conscients que le mouvement qui a lieu les concerne aussi. La confiance dans la démocratie est très émoussée et tout élu est un peu mis sur la sellette. » De la part d’un gouvernement et d’une majorité qui ont clairement cherché à montrer du doigt les maires – entre accusations de « clientélisme », « d’inefficacité » et hashtag #BalanceTonMaire – le constat en fera sursauter plus d'un. Mais il n’est pas certain pour autant qu’il soit vrai : si la défiance exprimée à l’égard du président de la République, du gouvernement et des députés est palpable dans les manifestations, il semble que les élus locaux soient davantage vus comme des alliés potentiels.
Franck Lemarc
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