Édition du mercredi 9 juillet 2003
Fusion des départements alsaciens : le conseil régional, les deux conseils généraux et les grandes villes ne souhaitent rien brusquer
La victoire du non au référendum organisé dimanche en Corse dans le cadre de la loi sur la décentralisation a convaincu les Alsaciens qu'il était urgent de ne pas brusquer une éventuelle fusion entre les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, débattue depuis plusieurs années.
"La conséquence pour l'Alsace est que le débat autour de l'évolution institutionnelle doit être clairement posé pour arriver à un résultat intelligible qui puisse être soumis à un vote. Ce débat devra se faire sur plusieurs années", commente le sénateur Philippe Richert (UMP), président du conseil général du Bas-Rhin, qui est aussi depuis l'an dernier le principal héraut de la fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Avancée pour la première fois en 1985, l'idée d'une collectivité territoriale unique alsacienne avait été relancée avec force par M. Richert en septembre dernier lors de la venue à Strasbourg du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour défendre son projet constitutionnel de décentralisation.
"L'opportunité est trop belle pour ne passer laisser passer l'occasion d'engager notre région dans une évolution qui permettrait plus de lisibilité, plus d'efficacité, plus de poids à l'action de nos collectivités et de l'Alsace", déclarait-il à l'époque, alors même que selon un sondage 70% des Alsaciens étaient pour la fusion.
Mais, devant l'opposition du président du conseil général du Haut-Rhin Constant Goerg (DVD), le débat n'a guère avancé depuis un an, même si tous les partenaires concernés en ont discuté à diverses reprises.
Lors d'une rencontre lundi, les représentants du conseil régional, des deux conseils généraux et des grandes villes ont décidé de confier à des experts le soin de travailler à la fois sur un meilleur partage des rôles entre la région et les deux départements alsaciens à court terme et sur une éventuelle fusion à plus long terme.
"La fusion est un processus forcément long et délicat", souligne pour sa part Adrien Zeller (UMP), le président de la région Alsace, qui insiste sur la nécessité d'un "très large consensus" de la population, avant tout référendum "qui ne peut être que l'aboutissement d'un processus et non un préalable".
"L'Alsace, avec son 1,7 million d'habitants, n'est pas la Corse", relève-t-il en soulignant qu'il est difficile de rayer d'un "trait de plume" deux départements vieux de plus de 200 ans, d'autant que le Haut-Rhin "ne veut pas d'une fusion pour l'instant".
Pour l'instant toutefois, pour M. Zeller "la priorité reste la décentralisation, une nécessité absolue pour moderniser l'administration" ainsi qu'une clarification des compétences entre départements et région "pour que le citoyen sache qui est responsable de quoi".<
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