Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 8 mars 2018
Parité

Exécutifs locaux : la féminisation peine à progresser

L’AMF a apporté sa pierre à la journée internationale des droits des femmes en lançant, hier, un nouveau groupe de travail « pour la promotion des femmes dans les exécutifs locaux ». Ce groupe est co-présidé par Cécile Gallien (maire de Vorey et vice-présidente de l’AMF) et Édith Gueugneau, (maire de Bourbon-Lancy).
L’AMF avait déjà mis en lumière la question de la présence des femmes dans les exécutifs locaux lors de son congrès de novembre dernier, en organisant un premier Forum des femmes élues qui avait rencontré un succès notable (lire Maire info du 23 novembre 2017).
Les chiffres sont sans appel : certes, les évolutions législatives ont amélioré la situation, puisque la parité est désormais obligatoire dans la plupart des scrutins. Mais les postes dirigeants des exécutifs locaux restent encore très largement accaparés par les hommes, qui occupent 84 % des postes de maires et 92 % des postes de présidents d’EPCI !
La loi a amené un redressement spectaculaire du nombre de femmes élues : après les élections municipales de 2001, il n’y avait que 33 % de femmes parmi les élus. Ce chiffre est aujourd’hui de 40 %, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur – avec de grandes disparités entre les communes de plus de 1000 habitants, pour lesquelles les listes paritaires sont obligatoires, et celles de moins de 1000 habitants. Résultat : 47 % de femmes élues dans les premières, contre 35 % dans les secondes.
Les petites communes ont en revanche un peu plus de femmes maires que les grandes (+ 4 points).
Dans les conseils départementaux et régionaux, la parité est aujourd’hui totale du point de vue des élus, la loi l’ayant rendu obligatoire. Mais le constat est le même pour ce qui est de la présidence : 19 % seulement de femmes sont présidentes de conseils régionaux, et 8 % de conseils départementaux.
C’est probablement à l’échelle des intercommunalités que la situation est la pire en termes de parité. Dans les conseils communautaires, la part des femmes plafonne à 32 %. Il n’y a, on l’a dit, que 8 % de femmes présidentes d’un EPCI. Mais même l’accès aux exécutifs intercommunaux semble rester l’apanage des hommes, qui en composent 82 % de l’effectif. Selon l’association Elles aussi, qui a mené une large enquête à ce sujet en 2015, un quart des exécutifs intercommunaux comptent même 100 % d’hommes.
Notons enfin que la situation n’est guère plus brillante pour les postes dirigeants non élus : selon le CNFPT, 91 % des DGS des départements sont des hommes, tout comme 89 % des DGS des grandes villes.
Pendant ce temps, 99,7 % des Atsem sont des femmes.
Il y a donc un énorme travail à entreprendre pour que les femmes occupent une juste place aussi bien dans les postes d’encadrement que dans les exécutifs. François Baroin, président de l’AMF, l’a dit hier lors de l’installation du groupe de travail créé par l’association : il y a urgence à « promouvoir le rôle, la place et la responsabilité des femmes dans la société en général et en particulier dans l’exercice des fonctions électives ». Cécile Gallien a exprimé le souhait que l’AMF soit « force de propositions »  dans ce sens. Édith Gueugneau espère quant à elle que ce groupe de travail permettra « de recenser les plafonds de verre, les blocages en tout genre et les mécanismes d’autocensure à dépasser ».
L’AMF, dans un communiqué de presse, estimait hier que la naissance de ce groupe de travail « traduit la conviction profonde que la mixité (…) constitue, plus qu’un devoir, une chance pour le communes et les intercommunalités ».
F.L.

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