Emploi dans le secteur compétitif : 40% des territoires en difficulté

Plus de 40% des zones d’emploi en France sont des territoires en difficulté, essentiellement situés dans le Nord-Est industriel, tandis que 27% de ces zones d’emplois sont en « croissance globale », selon une étude publiée le 12 septembre par l’Assemblée des communautés de France (AdCF) et la Caisse des dépôts.
L’étude se concentre sur le « secteur compétitif », soit 2,5 millions d’emplois dans plus de 100 000 entreprises industrielles, des services et de l’informatique, sur la période 2004-2009. Elle ne prend pas en compte les secteurs de l’économie domestique (demande locale), de la finance, des transports et de la construction, « en raison de leur répartition relativement homogène sur l’ensemble du territoire ».
Réparties en six catégories allant des territoires en difficulté à ceux dont la croissance de l’emploi est supérieure à la moyenne nationale, les 304 zones d’emplois affichent de grandes disparités. La première est due à l’importance de l’industrie, qui connaît des difficultés structurelles depuis plusieurs décennies : « plus la présence industrielle est importante, plus le repli de l’emploi salarié est élevé », notent les auteurs Nadine Levratto et Denis Carré, économistes à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.
Mais l’industrie n’explique pas tout, car « l’effet local »  joue un rôle important : l’emplacement géographique (littoral, ville, campagne) et les politiques de développement économique menées par les collectivités influent fortement sur la dynamique de l’emploi. Très fort dans certaines régions – il représente la moitié, voire les deux-tiers de la croissance en Corse, en Midi-Pyrénées ou en Languedoc-Roussillon –, il tire vers le bas des régions comme la Picardie, la Champagne-Ardenne, la Lorraine ou la Franche-Comté.
« Cet effet local est nettement marqué pour l’industrie et les services informatiques (logiciels) ; il est moins évident pour le reste des services aux entreprises, qui sont davantage polarisés dans les grandes métropoles et donc moins sensibles aux spécificités des territoires », relève l’étude.
Nadine Levratto et Denis Carré conseillent aux collectivités de ne pas privilégier la spécialisation à outrance, « ne pas chercher à être les meilleurs dans une technologie ou un domaine donné »  ; « les acteurs territoriaux ont davantage intérêt à mettre en réseau des compétences, des savoir-faire et des ressources territoriales de manière à promouvoir une spécialisation intelligente ». Cette coopération intense doit être le fait des collectivités territoriales, mais aussi des entreprises elles-mêmes ; c’est pourquoi la création de pôles de compétitivité ou de réseaux d’entreprises est favorable à l’emploi, selon l’étude.
« Des exemples tels que l’association Réseau Mesure du Val-d’Oise (RMVO) en Île-de-France, le réseau Éco-Énergies de la CCI de Lyon ou la grappe horticole Var-Méditerranée, tirés parmi de nombreux autres, attestent de l’efficacité de ces dispositifs », assurent les chercheurs.

Télécharger l’étude sur l’emploi dans les territoires.

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