Édition du mardi 11 décembre 2018
Emmanuel Macron : quelques annonces et la promesse de « rencontrer les maires de France »
Après avoir reçu pendant quatre heures, hier, les partenaires sociaux, les présidents des assemblées et des associations d’élus, sans avoir rien laissé filtrer de ses intentions, le président de la République s’est adressé hier au pays lors d’une allocution solennelle d’une douzaine de minutes. Il a annoncé quelques concessions, ainsi que son intention de « rencontrer les maires de France ».
Ce n’est pas un hasard : Emmanuel Macron a souhaité commencer son intervention en haussant le ton contre les violences qui ont émaillé les manifestations de ces dernières semaines : leurs auteurs « ne bénéficieront d’aucune indulgence », car « aucune colère ne peut justifier qu’on s’attaque à un policier (…) ou à un édifice public ».
Il a estimé que la situation actuelle était due à l’agrégation de « 40 années de malaise » et dit avoir « entendu » la situation des Français les plus fragiles (mères célibataires, retraités modestes, personnes handicapées) – autant de situations auxquelles « nous avons lâchement fini par nous habituer ». Le président a donc annoncé vouloir décréter « l’état d’urgence politique et social », pour éviter que « le peuple se divise » et « coure à sa perte ».
Sur le plan social, Emmanuel Macron a annoncé quatre mesures : le retour à la défiscalisation des heures supplémentaires ; la « demande » aux employeurs qui le peuvent de verser une prime à leurs salariés, qui sera « sans impôts ni charges » ; l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2000 euros par mois (« l’effort qui a été demandé (aux retraités modestes) était trop important et il n’était pas juste » ). Enfin, le chef de l’État a déclaré que « le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 ». Contrairement à ce que pourrait laisser croire cette formulation, il ne s’agit pas du « coup de pouce » réclamé par les syndicats, mais de l’accélération d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron – celle d’augmenter, sur la durée du quinquennat, la prime d’activité de 100 euros par mois. Cette augmentation, déjà partiellement votée dans les budgets 2018 et 2019, sera donc accélérée, sans que cela se traduise par une hausse du montant du salaire payé par les employeurs.
Il a confirmé qu’il n’y aurait pas de retour de l’ISF, mais qu’il allait négocier, dès aujourd’hui, avec les banques et les représentants des plus grandes entreprises pour savoir comment ils pourront participer à l’effort : « J’ai besoin que nos concitoyens les plus fortunés aident la Nation à réussir. » Il s’agira notamment de « mettre fin aux avantages indus et à l’évasion fiscale ».
Les maires, qui « portent la République »
Plus largement, le chef de l’État a appelé à « renouer avec notre projet collectif », à « nous rassembler pour aborder ensemble toutes les questions essentielles à la Nation ». Ce sera l’objet de la concertation nationale qui va commencer le 15 décembre, et qui sera « bien plus large » que ce qui était prévu à l’origine. Le président souhaite que soient notamment posées les questions liées « à la représentation », au fait que tous les courants d’opinion soient « mieux entendus ». Il souhaite discuter « d’une loi électorale plus juste, de la prise en compte du vote blanc ». Sur toutes ces questions, ainsi que sur celles de la fiscalité, du transport, du logement, du service public, de la gestion de l’État, « les bonnes solutions sont aussi celles qui émergeront du terrain ».
Le débat sera donc « sans précédent », et le chef de l’État en assurera lui-même la coordination. « Chacun y aura sa part », mais le débat devra se dérouler « partout sur le terrain ». Pour cela, « il est des interlocuteurs naturels des citoyens qui doivent en recevoir les demandes et s’en faire les relais : ce sont les maires, qui portent la République sur le terrain. » Le président de la République rencontrera donc les maires, « région par région », « pour bâtir le socle de notre nouveau contrat pour la Nation ».
Réactions mitigées
Cet après-midi, devant les députés, le Premier ministre va maintenant avoir la tâche d’expliquer comment le gouvernement entend financer ces mesures, dont plusieurs membres du gouvernement, hier soir, ont estimé le coût à dix ou douze milliards d’euros. Escompte-t-il des recettes supplémentaires, via l’amélioration de la lutte contre l’évasion fiscale promise par le chef de l’État ? Compte-t-il sur une baisse équivalente de la dépense publique – et comment ? Ou choisira-t-il de laisser filer le déficit ?
En attendant, ces annonces ont, pour l’instant, reçu un accueil mitigé sur le terrain. Dans les médias comme sur les réseaux sociaux, la plupart des Gilets jaunes qui se sont exprimés ont davantage retenu ce qui n’était pas dans le discours du président que ce qui s’y trouvait – critiquant, pêle-mêle, l’absence de mesures pour les salariés qui ne sont pas au smic, les fonctionnaires, les personnes handicapées, les déserts médicaux… La plupart ont dit leur intention de maintenir la présence sur les ronds-points et, ce matin, d’un bout à l’autre du pays, les médias ne constatent en effet aucune levée des barrages.
Ce n’est pas un hasard : Emmanuel Macron a souhaité commencer son intervention en haussant le ton contre les violences qui ont émaillé les manifestations de ces dernières semaines : leurs auteurs « ne bénéficieront d’aucune indulgence », car « aucune colère ne peut justifier qu’on s’attaque à un policier (…) ou à un édifice public ».
Il a estimé que la situation actuelle était due à l’agrégation de « 40 années de malaise » et dit avoir « entendu » la situation des Français les plus fragiles (mères célibataires, retraités modestes, personnes handicapées) – autant de situations auxquelles « nous avons lâchement fini par nous habituer ». Le président a donc annoncé vouloir décréter « l’état d’urgence politique et social », pour éviter que « le peuple se divise » et « coure à sa perte ».
Sur le plan social, Emmanuel Macron a annoncé quatre mesures : le retour à la défiscalisation des heures supplémentaires ; la « demande » aux employeurs qui le peuvent de verser une prime à leurs salariés, qui sera « sans impôts ni charges » ; l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2000 euros par mois (« l’effort qui a été demandé (aux retraités modestes) était trop important et il n’était pas juste » ). Enfin, le chef de l’État a déclaré que « le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 ». Contrairement à ce que pourrait laisser croire cette formulation, il ne s’agit pas du « coup de pouce » réclamé par les syndicats, mais de l’accélération d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron – celle d’augmenter, sur la durée du quinquennat, la prime d’activité de 100 euros par mois. Cette augmentation, déjà partiellement votée dans les budgets 2018 et 2019, sera donc accélérée, sans que cela se traduise par une hausse du montant du salaire payé par les employeurs.
Il a confirmé qu’il n’y aurait pas de retour de l’ISF, mais qu’il allait négocier, dès aujourd’hui, avec les banques et les représentants des plus grandes entreprises pour savoir comment ils pourront participer à l’effort : « J’ai besoin que nos concitoyens les plus fortunés aident la Nation à réussir. » Il s’agira notamment de « mettre fin aux avantages indus et à l’évasion fiscale ».
Les maires, qui « portent la République »
Plus largement, le chef de l’État a appelé à « renouer avec notre projet collectif », à « nous rassembler pour aborder ensemble toutes les questions essentielles à la Nation ». Ce sera l’objet de la concertation nationale qui va commencer le 15 décembre, et qui sera « bien plus large » que ce qui était prévu à l’origine. Le président souhaite que soient notamment posées les questions liées « à la représentation », au fait que tous les courants d’opinion soient « mieux entendus ». Il souhaite discuter « d’une loi électorale plus juste, de la prise en compte du vote blanc ». Sur toutes ces questions, ainsi que sur celles de la fiscalité, du transport, du logement, du service public, de la gestion de l’État, « les bonnes solutions sont aussi celles qui émergeront du terrain ».
Le débat sera donc « sans précédent », et le chef de l’État en assurera lui-même la coordination. « Chacun y aura sa part », mais le débat devra se dérouler « partout sur le terrain ». Pour cela, « il est des interlocuteurs naturels des citoyens qui doivent en recevoir les demandes et s’en faire les relais : ce sont les maires, qui portent la République sur le terrain. » Le président de la République rencontrera donc les maires, « région par région », « pour bâtir le socle de notre nouveau contrat pour la Nation ».
Réactions mitigées
Cet après-midi, devant les députés, le Premier ministre va maintenant avoir la tâche d’expliquer comment le gouvernement entend financer ces mesures, dont plusieurs membres du gouvernement, hier soir, ont estimé le coût à dix ou douze milliards d’euros. Escompte-t-il des recettes supplémentaires, via l’amélioration de la lutte contre l’évasion fiscale promise par le chef de l’État ? Compte-t-il sur une baisse équivalente de la dépense publique – et comment ? Ou choisira-t-il de laisser filer le déficit ?
En attendant, ces annonces ont, pour l’instant, reçu un accueil mitigé sur le terrain. Dans les médias comme sur les réseaux sociaux, la plupart des Gilets jaunes qui se sont exprimés ont davantage retenu ce qui n’était pas dans le discours du président que ce qui s’y trouvait – critiquant, pêle-mêle, l’absence de mesures pour les salariés qui ne sont pas au smic, les fonctionnaires, les personnes handicapées, les déserts médicaux… La plupart ont dit leur intention de maintenir la présence sur les ronds-points et, ce matin, d’un bout à l’autre du pays, les médias ne constatent en effet aucune levée des barrages.
Franck Lemarc
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