Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 20 avril 2017
Élection présidentielle

Election présidentielle : les représentants de cinq candidats livrent leur vision de la politique de la ville

La commission politique de la ville commune à l’AMF, France urbaine et Ville et banlieue a reçu hier après-midi les représentants de cinq candidats à l’élection présidentielle. Objectif affiché : faire le point des différentes mesures prévues dans les programmes des candidats en faveur de la politique de la ville. Un sujet « peu mis en avant dans la campagne », comme l’a souligné Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine.
Les auditions et les échanges avaient lieu dans l’auditorium de l’AMF, chacun des représentants des candidats se succédant à la tribune pour tenter de répondre aux questions précises qu’avaient préparées les trois associations sur la politique de la ville, l’avenir du nouveau programme de rénovation urbaine (PNRU), l’emploi ou encore l’éducation.
Si peu de réponses très précises ont été apportées hier, les programmes évoqués, à l’exception de celui de Marine Le Pen, prévoient tous la poursuite du PNRU. « Il faut continuer le travail de réparation sociale et urbaine des quartiers », a ainsi annoncé Jeannick Le Lagadec, adjointe au maire de Champigny-sur-Marne et représentante de Jean-Luc Mélenchon. Non seulement le continuer mais aussi « l’amplifier », a-t-elle poursuivi, proposant le renforcement du soutien aux associations et notamment au dispositif des adultes relais. Le programme de Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi la réforme de l’Anru qui devrait être entièrement financée par l’Etat.
« Des choses assez formidables ont été réalisées par l’Anru. On n’entend pas abandonner la politique de rénovation urbaine. Les engagements seront tenus », a déclaré pour sa part au nom de François Fillon, le sénateur de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. Le candidat d’En Marche, Emmanuel Macron, devrait quant à lui « remonter les crédits de l’Anru à dix milliards d’euros », a précisé son représentant, Jean-Jacques Bridey, député-maire de Fresnes.
A l’opposé, le programme du FN prévoit de « rompre avec la politique de la ville qui a consisté à acheter la paix sociale à grands coups de subventions aux associations », a déclaré le représentant de Marine Le Pen, Mikaël Sala, secrétaire départemental du parti dans le Val-d’Oise. Il a aussi rappelé l’engagement de la candidate de mener une politique « d’attribution de logements sociaux prioritairement aux Français ». « Il faut consacrer 50 % du temps à l'école à l'apprentissage du français, afin de faire baisser le chômage dans les quartiers », a-t-il également déclaré.
Représentant Benoît Hamon, le député de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, a appelé à « avoir une vision plus large de la politique de la ville », prenant en compte la zone urbaine dans son ensemble et non plus la commune. « C’est peut-être ce qui a manqué dans ce quinquennat », a-t-il confié. Evoquant la nécessité de construire des logements en très grand nombre pour répondre aux besoins de la population, Daniel Goldberg a appelé « à un état stratège ». « Il faut que l’Etat reconnaisse qu'il n'est plus un acteur de terrain et que les politiques sont décidées au niveau des collectivités locales », a-t-il continué. Et pour « permettre aux communes et aux EPCI de voir loin en matière d’habitat dans le cadre de leur PLH », le programme du candidat PS prévoit une loi de programmation fiscale dédiée à la fiscalité foncière. Pour une période courant de 2018 à 2023.
Il fut aussi question hier d’emploi, ou plutôt du cruel manque d’emplois dans ces quartiers de la politique de la ville.
Pour Jean-Luc Mélenchon, il faut lutter contre la discrimination à l’emploi au travers des CV anonymes, a dit sa représentante, évoquant aussi la « reconstruction de filières professionnelles »  débouchant sur des Bac pro. Voulant recentrer la politique de la ville sur les personnes plutôt que sur les territoires, Emmanuel Macron propose logiquement de transformer les zones franches en emplois francs. « Les aides seraient données aux entreprises qui embauchent les habitants de ces quartiers quel que soit le lieu où se situe l’entreprise », a expliqué Jean-Jacques Bridey. Pour un CDI, cela serait 5 000 euros par an pendant trois ans, a-t-il précisé.
« Le programme de François Fillon prévoit 40 milliards d’euros de baisse sur les charges des entreprises, a rappelé, à son tour de parole, Philippe Dallier. C’est comme cela que l’on relancera l’emploi. On ne réglera rien via les contrats aidés ». Interpellé sur le sujet depuis la salle à propos des personnes vraiment très éloignées d’un retour à l’emploi , le représentant du candidat Les Républicains a indiqué qu’il ne « proposait pas de jeter le bébé avec l’eau du bain », mais d’arrêter la « création de plus en plus massive de contrats aidés car on n’arrive pas à relancer l’économie ».
Plusieurs représentants des candidats ont par ailleurs appelé à « conforter le rôle de la commune », s'interrogeant sur l'implication très diverse des intercommunalités dans la politique de la ville, tout particulièrement en Ile-de-France.
Accueillant les représentants des candidats en début d’après-midi, le premier vice-président délégué de l’AMF, André Laignel a indiqué qu’en organisant cette rencontre, l’association « remplissait son devoir démocratique et républicain », dans la continuité de la rencontre organisée le 22 mars dernier à la Maison de la Radio avec l’ensemble des onze candidats à l’élection présidentielle.
Christine Nemarq

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