Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 17 mars 2014
Elections municipales

Electeurs européens, les oubliés des municipales

Manque d'information ou d'intérêt... Absents des listes électorales, trois Européens sur quatre sont d'ores et déjà exclus des élections municipales, un scrutin qui leur est pourtant ouvert depuis plus de 15 ans.
Au 1er mars, l'Insee recensait 281 000 ressortissants de l'Union européenne inscrits sur les listes électorales, soit un quart des immigrés communautaires en âge de voter.
Même constat en 2008, lors des précédentes municipales: « 27 % des étrangers ayant une nationalité de l'UE »  se déclaraient inscrits, selon l'enquête Trajectoires et origines (TeO) des Instituts nationaux d'études démographiques (Ined) et de la statistique (Insee).
Ces chiffres dénotent-ils un désintérêt ? « C'est plus compliqué que ça », répond Vincent Tiberj, chercheur au Centre d'études européennes (CEE) de Sciences Po, qui a participé à l’enquête TeO. Si cette dernière montre que la « politique de leur ville »  n'intéresse qu'une minorité d'immigrés communautaires (29 %), cela n'explique pas tout. Les Français sans ascendance étrangère manifestent en effet le même désintérêt, mais sont inscrits à 90 %.
Alors comment expliquer la maigre présence d'Européens sur les listes ? « D'abord, certains sont dans une logique de passage, ils viennent pour un temps donné sans s'intéresser à la politique du pays », décrypte Vincent Tiberj, citant l'exemple des étudiants Erasmus.
Dans la même logique, il évoque la communauté portugaise: « Dans un premier temps, beaucoup sont arrivés en France dans une logique de retour, faisant construire une maison pour leurs vieux jours, la proximité géographique leur permettant de revenir voter au pays. »  Selon l'enquête TeO, les Portugais (25 %) sont moins inscrits sur les listes électorales que les Espagnols et les Italiens (28 %), et que les autres communautaires (32 %). Des disparités que Vincent Tiberj attribue « aux différentes compositions socio-démographiques de ces groupes, notamment le niveau d'étude ». Il pointe aussi un autre facteur, « la durée de résidence : plus elle est longue, plus le taux d'inscription est élevé. On dépasse par exemple les 50 % parmi ceux qui sont en France depuis plus de 10 ans ».
Le politologue Hervé Andrès dénonce pour sa part un déficit d'information. « Souvent, les citoyens européens ne s'inscrivent pas parce qu'ils ne sont pas au courant », affirme celui qui a écrit en 2006 une thèse sur le vote des étrangers.
Vincent Tiberj renchérit: « Très peu de campagnes d'inscription leur sont adressées. Souvent, ils découvrent qu'ils ont le droit de voter quand ils ne peuvent plus s'inscrire ». Pour participer à une élection, il faut en effet s'inscrire avant le 31 décembre de l'année précédente.
Entre octobre et novembre, le ministère de l'Intérieur et l'Association des maires de France ont envoyé en préfecture et en mairie 200 000 dépliants destinés aux Européens. « Nous ne savons pas comment cela a été relayé sur le terrain », admet-on place Beauvau.
De son côté, la mairie de Paris a lancé le 28 novembre dernier « une campagne d'affichage dans les ambassades, les structures consulaires et les centres culturels ». Le nombre d'Européens inscrits dans la capitale est passé de 12 916 à 14 610 (+13 %) entre le 1er et le 31 décembre, selon la municipalité. Malgré ce frémissement, les communautaires représentent 4,5 % de la population parisienne mais seulement 1,2% des inscrits (Afp).

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