Édition du mardi 27 mai 2003
Culture : Jean-Jacques Aillagon détaille les mesures prévues par le projet de décentralisation
Rééquilibrer l'action culturelle entre l'Etat et les régions ou entre les régions elles-mêmes, tel est l'objectif que s'est fixé le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, qui en a détaillé les mesures, lundi, dans une conférence de presse.
Si le ministère "est doté d'un réseau de services déconcentrés en région (directions régionales des Affaires culturelles) et dans les départements (20 écoles d'architecture et 8 écoles d'arts plastiques)", le ministre relève en revanche "plusieurs carences graves".
Ainsi, note-t-il, "l'action de l'Etat est entravée par une organisation et une règlementation devenues trop complexes, comme l'est la coopération entre l'Etat et les collectivités locales (...), ce qui entraîne une déperdition d'énergies".
D'où la nécessité de pallier ces déficiences allant de la sous-consommation chronique des crédits de restauration des monuments historiques à l'absence de définition des priorités et de la stratégie de l'Etat pour le spectacle vivant.
Le plan d'action territoriale se décline en quatre axes : la mobilisation du ministère et de ses établissements, le pari nécessaire de la décentralisation, la clarification des partenariats avec les collectivités locales, le choix des équipements et des programmes culturels de proximité.
Aux établissements publics, donc, de donner l'exemple d'une action déconcentrée, ce que fera le Centre Pompidou avec son "antenne" à Metz. D'une manière générale, tous les musées nationaux (au nombre de 33) intensifieront leur politique de prêts et de dépôts d'uvres dans les musées de région. Une grande exposition, intitulée "La France", établie à partir de leurs collections circulera en 2004 dans plusieurs villes comme Annecy, La Rochelle et Montauban.
La principale mesure de décentralisation concerne le patrimoine, avec le transfert à la région de compétences de l'inventaire général du patrimoine, créé il y a 40 ans par André Malraux.
Plus de 250 agents travaillant dans les directions régionales seront transférés aux collectivités locales, l'Etat conservant "le rôle de définition de la méthodologie et de la conduite des opérations d'inventaire à caractère national".
La propriété de quelque 100 monuments historiques (sur les 400 que possède l'Etat) pourra être transférée aux collectivités et la gestion des crédits de restauration de monuments historiques n'appartenant pas à l'Etat pourra être confiée aux régions, soit un transfert de plus de 110 millions d'euros de crédits.
Dans le domaine des enseignements spécialisés de la musique, de la danse et du théâtre, "leur charge doit être répartie plus équitablement entre les différentes collectivités territoriales", le ministère proposant un transfert des crédits de 30 millions deuros aux régions et aux départements.
Par ailleurs, M. Aillagon entend "clarifier les responsabilités concernant le réseau du spectacle vivant" (centres dramatiques nationaux, scènes nationales, centres chorégraphiques nationaux) pour pallier "les déséquilibres criants dans l'aménagement culturel du territoire" et "l'extrême disparité qui caractérise l'intervention financière de l'Etat".
Un label "Festival d'intérêt national" sera créé en 2004, permettant une intervention de l'Etat moins arbitraire en ce domaine.
Enfin, le ministre entend aider à la mise en place d'une nouvelle génération de médiathèques de proximité, les "Ruches", de mesures de soutien aux commerces culturels de proximité (libraires et disquaires indépendants) comme au développement des programmes audiovisuels régionaux, notamment sur France 3.
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