Édition du jeudi 8 avril 2010
Crèches: le collectif «Pas de bébés à la consigne!» est toujours opposé à un assouplissement des règles d'accueil
Certaines crèches devraient rester fermées jeudi, les professionnels de la petite enfance étant une nouvelle fois appelés à manifester et à se mettre en grève, à l'appel de leur collectif «Pas de bébés à la consigne!», opposé à un assouplissement des règles d'accueil. Après une grève bien suivie le 11 mars, le collectif exige toujours le retrait d'un décret qui permet d'augmenter ponctuellement les capacités d'accueil des crèches et de réduire le nombre de personnels diplômés (auxiliaire de puériculture, éducateur de jeunes enfants...) au profit de personnels moins qualifiés, comme les titulaires de CAP Petite enfance.
Ce décret, actuellement au Conseil d'Etat, doit être publié «prochainement» selon le secrétariat d'Etat à la Famille, qui a écrit la semaine dernière à quelque 10.000 établissements pour «expliquer» le texte et «rassurer» les professionnels. Mais pour le collectif, ces mesures vont nuire à la qualité de l'accueil des tout petits. «Les professionnels savent que demain, ce décret, c'est la dégradation de leurs conditions de travail parce qu'ils ne pourront plus bien accueillir les enfants et leurs familles», a déclaré, au nom du collectif, Christophe Harnois (Unsa), éducateur de jeunes enfants. «S'arc-bouter sur ce décret, c'est franchement faire preuve d'irresponsabilité», a-t-il poursuivi. Une trentaine de rassemblements est prévue dans toute la France jeudi.
Les enfants en plus, «je ne sais pas où on va les mettre», s'inquiète Marie-Hélène Bleys, directrice d'une crèche municipale de 88 berceaux dans le XIème arrondissement de Paris, qui sera partiellement fermée jeudi. «On va les mettre tête-bêche dans les lits pendant la sieste...», ironise cette directrice interrogée par l'AFP. Quant aux CAP Petite enfance, appelés à être plus nombreux dans les crèches, «ils n'ont pas appris les techniques de soins du bébé, de psychologie ou les notions de travail en équipe» comme les auxiliaires de puériculture, explique la responsable, qui ira manifester jeudi.
«Ce sont des craintes qui sont infondées, qui ne reposent sur rien», a déclaré la secrétaire d'Etat à la Famille Nadine Morano. «On ne modifie pas le taux d'encadrement: un adulte pour cinq bébés et un adulte pour huit enfants qui marchent», a-t-elle aussi insisté. Quant au taux d'accueil en surnombre (les crèches peuvent ponctuellement accueillir plus d'enfants que leur capacité autorisée), il s'agit de «répondre avec pragmatisme aux demandes des parents», a aussi dit Mme Morano, rappelant que le taux moyen d'occupation des crèches est de 67%, ce qui laisse «des marges de manoeuvre».
Concernant le CAP Petite enfance, Mme Morano a souligné que ces personnes devront avoir «trois ans d'expérience» et que leur recrutement est «aussi un moyen de pallier les difficultés de recrutement de personnel diplômé».
(AFP)
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