Édition du jeudi 30 octobre 2003
Canicule : le préfet de Paris affirme n'avoir pas eu connaissance de l'ampleur de la crise avant le 12 août 2003
Première personne entendue par la commission de l'Assemblée nationale sur les "conséquences sanitaires et sociales" de la canicule, le préfet de police de Paris Jean-Paul Proust a affirmé, mercredi, que ses services n'avaient pas eu connaissance de la gravité de la crise avant le 12 août 2003 et démenti toute rétention d'information.
Jean-Paul Proust a d'abord rappelé que la préfecture de police de Paris, qui regroupe les services de police et la brigade des sapeurs-pompiers, n'a "pas de compétence sanitaire" et ne dispose que d'informations parcellaires. Seuls les secours aux victimes sur la voie publique sont en effet recensés par les pompiers, qui n'ont en moyenne connaissance que de 10% environ des décès dans la capitale. Ces informations sont transmises quotidiennement au ministre de l'Intérieur, a-t-il précisé.
"Avant le 12 août, ni les sapeurs-pompiers ni les services de police n'avaient les moyens de prévoir l'ampleur du phénomène qui se préparait", a-t-il affirmé. "En ne disposant d'aucune information particulière sur l'activité des hôpitaux ou des maisons de retraite, la brigade des sapeurs-pompiers n'a qu'une vision partielle empêchant toute communication d'informations fiables quant au nombre de morts".
Le préfet de Paris a ajouté que les bulletins quotidiens que lui ont adressé les pompiers début août sur leurs interventions ne montraient pas d'inflexion notable de la mortalité. "Il n'y avait rien de particulier à signaler" sinon une "activité soutenue", a-t-il assuré. "Jusqu'au 10, on ne voit rien d'exceptionnel". En réaction, dès le 8 août, la préfecture avait mobilisé les associations de secouristes et pompiers réservistes et fait diffuser des messages de prévention dans les médias.
Jean-Paul Proust a donc fermement démenti que "consigne" ait été donnée aux sapeurs-pompiers de ne pas communiquer le nombre de morts dans la capitale le 8 août, date à laquelle plusieurs médias les ont sollicités. Il a été décidé qu'"il ne convenait pas de dresser des bilans qui ne correspondaient à rien" alors que seules sept personnes étaient décédées d'une "manière suspecte" pouvant laisser penser à une hyperthermie.
Ce n'est donc que le 12 août, a-t-il affirmé, que la préfecture de Paris a pris conscience de la gravité de la situation, lorsque l'Institut médico-légal (IML) lui a fait état d'un "afflux considérable de défunts". Il a donc démenti les propos du directeur des services funéraires de la ville de Paris le 22 septembre sur la chaîne de télévision de France-2, qui avait indiqué avoir sollicité la préfecture dès le 8 août. "Je n'ai pas eu connaissance de cette demande", a assuré M. Proust, "l'IML n'a eu aucun problème d'accueil jusqu'au 11 août".
Tirant les leçons de cette catastrophe sanitaire, le préfet de police de Paris a présenté plusieurs mesures pour "mieux anticiper" les crises dans la capitale à l'avenir. Un plan "températures extrêmes" va être préparé, dont le volet grand froid est "déjà rédigé" et le volet canicule prévu "d'ici quelques mois".
Par ailleurs, un "état-major de sécurité civile" sera installé "début 2004" pour centraliser et analyser toutes les données disponibles. Cette structure sera dotée d'un "centre opérationnel zonal" chargé de veiller "24 heures sur 24" et de faire remonter les informations météorologiques, sanitaires, routières, etc.
Le nombre de décès a doublé en août dans la capitale par rapport à août 2002 suite à la vague de chaleur exceptionnelle : 2 336 décès ont été enregistrés à l'état civil, soit 1 161 de plus, dont la moitié serait survenue entre le 11 et le 13 août.c=http:
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