Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 13 novembre 2009

Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement, veut provoquer la «refondation de la politique d'hébergement et de logement adapté» en France

Le secrétaire d'Etat au Logement a présenté le 10 novembre des mesures pour une meilleure prise en charge des sans-abri ou mal logés, n'hésitant pas à parler de «refondation» là où les associations expriment leur scepticisme devant l'absence d'annonces sur le logement, pivot du problème. Benoist Apparu a symboliquement exposé 20 mesures au Palais de la Femme, foyer d'hébergement de l'Armée du Salut dans le XIe arrondissement de Paris, mais les associations ont noté l'absence des autres ministères concernés (Santé, Justice, Intérieur) par ce «chantier national prioritaire» qui nécessite selon elles «une volonté politique interministérielle». Les deux principes guidant le plan de M. Apparu sont de créer un «service public de l'hébergement et de l'accès au logement» et de donner «la priorité absolue à l'accès au logement». Ainsi, pour la question des SDF, un «service intégré de l'accueil et de l'orientation» devra être mis en place d'ici au 1er avril 2010, sous la responsabilité des préfets. Sur le terrain, il s'agit de rationaliser les maraudes en attribuant des secteurs aux associations, de mettre en place pour chaque sans-abri un «référent personnel» qui pourrait être un travailleur social associatif, de désigner des coordonnateurs pour gérer l'offre et la demande d'hébergement et enfin de créer un outil informatique ad hoc. Une enveloppe de six millions d'euros est dévolue «dès à présent» à ce dispositif. De plus, quelque 2.000 jeunes en service civique devraient être affectés en 2010 aux missions de «premier accueil et d'urgence». Une idée qui a fait bondir les associations: «l'accueil d'urgence nécessite justement des professionnels!», s'est exclamé Hervé de Ruggiero, de la Fnars (fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale). Pour Paris et la petite couronne, cette coordination et l'accès à la «totalité des places d'urgence» par le 115 (samu social, qui gère actuellement 30% des places) seront effectives dès le 1er décembre, a promis M. Apparu, précisant que l'Ile-de-France concentre «grosso modo 50% des difficultés». Il a aussi annoncé des pénalisations financières contre les «marchands de sommeil» dans le cadre de la lutte contre l'habitat insalubre, et un effort de l'Etat pour récupérer les logements du contingent préfectoral qui permettrait de loger plusieurs milliers des 13.000 personnes éligibles au Dalo et en attente d'un logement en IDF. Le sénateur-maire PS de Dijon, François Rebsamen, auteur d'une proposition de loi contre le logement vacant, parle d'une «réponse d'urgence nécessaire» mais «désespérante» car «chaque hiver, on (re)découvre une situation aggravée». «La faiblesse considérable de ce plan est que dans une crise du logement sans précédent, on a justement rien sur le logement», a souligné Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre). «Chaque jour, de nouvelles personnes viennent grossir les rangs des demandeurs d'hébergement ou de logement social». Pour Didier Cusserne (Emmaüs), «on modifie l'agencement des tuyaux d'une usine à gaz mais sans forcément modifier la taille des tuyaux». «Les bonnes questions sont posées», veut-il espérer, «mais il n'y a aucune appréciation des besoins». Il prend comme exemple les 5.481 places d'urgences qui seront ouvertes cet hiver, dont 2.126 en IDF: «Si on en a besoin pendant l'hiver, c'est qu'on en a besoin toute l'année, il faut les pérenniser!» Pour Hervé de Ruggiero (Fnars), si «les préfets ont des objectifs chiffrés en matière d'expulsions, de délinquance, il faut qu'ils en aient aussi en matière de lutte contre l'exclusion». Droit au Logement (Dal) estime que «créer un service public de l'hébergement sans créer en parallèle une obligation d'accueil, est démagogique».

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