Édition du mardi 26 juin 2007
Avec la sécheresse, les départements du Sud se préparent à de nouveaux feux de forêts
Malgré des pluies abondantes au printemps, la sécheresse reste préoccupante dans le sud de la France où des milliers de pompiers se préparent une nouvelle fois à affronter les feux de forêts dévastateurs de l'été en misant plus que jamais sur la prévention et la rapidité.
«Même si en mai, il a plu quatre fois plus que la normale, le déficit cumulé sur quatre ans équivaut à une année de précipitations», estime Météo-France dans le Var, où l'indice de sécheresse est toutefois moins mauvais qu'en 2006.
Même optimisme prudent chez les sapeurs-pompiers du département voisin des Bouches-du-Rhône: «Les quelques pluies de mai et juin donnent un état de sécheresse modérée et les réserves en eau sont de 30% supérieures à celles des quatre dernières années. Si on a un départ de feu, il restera de faible ampleur. On ne risque pas aujourd'hui d'incendies de 500 à 1.000 hectares», rassure le capitaine Serge Bertani, chargé de la cellule «feux de forêts» au groupement des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône.
La saison des incendies n'a pas encore débuté mais il suffit de quelques jours de mauvaises conditions météo pour que ce risque devienne maximum: «Si le beau temps perdure et que le vent se lève, cette sécheresse de surface va augmenter, le stress hydrique des végétaux s'accentuer. On peut perdre 3 à 4 mm d'eau par jour par forte chaleur et grand vent», avertit le capitaine Bertani.
Une seule solution pour ne pas se laisser surprendre: «La mobilisation préventive des moyens d'intervention» et «une évaluation quotidienne et précise du risque», explique la Sécurité civile qui coordonne les moyens de lutte contre les incendies sur l'ensemble du territoire. Dans les Bouches-du-Rhône par exemple, ce dispositif préventif se traduit par le déploiement d'au moins 280 pompiers supplémentaires à partir de la fin juin et jusqu'à 600 les journées à haut risque.
L'exploitation des données météo (sécheresse, vent) est également cruciale et, depuis le 12 juin, des analyses sont effectuées sur le terrain par une cellule spécifique d'experts détachés par Météo-France à la base de Valabre, près d'Aix-en-Provence.
Outre le «guet aérien armé» effectué par des bombardiers d'eau prêts à intervenir, les pompiers du sud de la France s'appuient sur un réseau de vigies et pour certains départements sur des caméras qui filment en permanence les massifs forestiers sur 360 degrés pour dépister le moindre départ de feu. Issu de la recherche aéronautique et spatiale, ce système analyse les couleurs grises, comme les fumées d'un incendie, de jour comme de nuit. Automatiquement alerté, l'opérateur est alors en mesure de guider rapidement et précisément pompiers au sol et Canadair vers l'origine des flammes.
«C'est en intervenant sur les feux dont la superficie est encore réduite, moins de dix minutes après leur détection, que les secours sont les plus efficaces», insiste la Sécurité civile. Ce principe permet de limiter considérablement le nombre de grands feux: en moyenne, 95% des incendies parcourent en France moins de 5 ha et seulement 1% des feux de l'été dépasse le seuil des 100 ha.
En 2006, 7.400 ha ont été la proie des flammes dont 5.400 dans les départements méditerranéens. Bien moins que l'année noire de 2003, durant laquelle 73.300 ha avaient brûlé en France.
Au total, la zone de défense sud comprend 4,5 millions d'hectares de forêt méditerranéenne et 3 à 4 millions d'hectares de garrigue et de landes.c=h
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