Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 25 juillet 2016
Terrorisme

Attentat de Nice : la polémique entre l'Etat et la ville monte d'un cran

La polémique autour de l’organisation des forces policières à Nice le soir du drame du 14 juillet est montée d’un cran ce week-end avec les accusations de la responsable du centre de supervision urbain (CSU) de la ville à l’encontre du ministre de l’Intérieur. Cette dernière a en effet affirmé au Journal du Dimanche qu’au lendemain de l'attaque au camion, « le cabinet du ministre de l'Intérieur »  avait « envoyé un commissaire au CSU pour lui demander un compte-rendu du dispositif et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points ».
En réaction, le procureur de Paris, François Molins, a affirmé dans une déclaration à l’AFP que c'est sous sa « seule autorité et pour les besoins de l'enquête en cours que le 15 juillet, deux brigadiers- chefs ont été envoyés au CSU de Nice ». L'enquête « relève exclusivement de l'autorité judiciaire », a confirmé le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.
Le directeur général de la police nationale (DGPN) a même organisé, fait rare, une conférence de presse pour prendre la défense de Bernard Cazeneuve : pas plus que son cabinet, le ministre n'a eu « à intervenir dans le cadre de cette remontée classique »  d'informations, a garanti Jean-Marc Falcone, menaçant de porter plainte à son tour. « Il est exact »  que la police nationale a envoyé au centre de supervision urbain de Nice un commissaire, puis un commandant « pour obtenir grâce à la vieosurveillance la chronologie des événements du 14 juillet au soir », a-t-il expliqué, ajoutant que le rapport de la policière municipale adressé au maire de Nice avait été « transmis en copie »  à « l’état-major de la sécurité publique en deux formats, un format PDF et un format modifiable, tout simplement pour permettre une technique de copier-coller pour faciliter la rédaction de la note ».
« Nous rejetons les accusations scandaleuses du ministre d'instrumentalisation », a rétorqué Christian Estrosi, aujourd'hui premier adjoint au maire de Nice, assurant avoir découvert dans la presse les propos de sa policière municipale, cosignataire par ailleurs d’une lettre ouverte déplorant le manque de considération du gouvernement pour la police municipale.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé pour sa part hier soir qu’il portait plainte pour diffamation. « Les accusations indignes de ce jour s'inscrivent dans la suite des polémiques virulentes que certains élus de Nice ont souhaité entretenir puis alimenter chaque jour depuis le terrible attentat du 14 juillet », dénonce Bernard Cazeneuve dans un communiqué.
Jeudi, le ministre avait saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) « d’une évaluation technique du dispositif de sécurité et d’ordre public »  mis en place le soir du 14 juillet à Nice. « Cette enquête administrative permettra d’établir la réalité de ce dispositif », a-t-il déclaré, évoquant « une démarche de transparence et de vérité ». Les résultats de cette enquête devraient être rendus publics cette semaine, a annoncé le président de la République, lors d’un déplacement à Dublin.
Ce matin, interrogé par BFMTV, le Premier ministre a appelé à ce qu’on « laisse la justice aller jusqu’au bout »  et qu’elle « puisse travailler dans la sérénité ». Dénonçant une nouvelle fois « une polémique purement politique », Manuel Valls a estimé qu’il fallait « que tout cela cesse »  et qu’il fallait « évidemment la vérité ».
La vérité est attendue, on le sait, sur la présence on non de membres de la police nationale à l’endroit où le camion conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel est monté sur le trottoir pour pénétrer dans le périmètre piétion afin d’y perpétrer son carnage. Avec en toile de fond, le rôle respectif de l’Etat et des collectivités locales en matière de sécurité.
Vendredi, l’AMF a fait savoir qu’elle craignait dans ce domaine un transfert de responsablité de l’Etat vers les maires. Dans une lettre envoyée au ministre de l’Intérieur, François Baroin et André Laignel, président et premier vice-président délégué de l’association, relaient ainsi la « crainte exprimée par de nombreux maires »  de voir « un transfert de responsabilité de l’État vers les maires dans le domaine de la sécurité »  (lire Maire info du 22 juillet).
C.N. (avec AFP)

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