Édition du lundi 18 juillet 2016
Après le carnage de Nice, l'état d'urgence sera prolongé
Après le massacre perpétré jeudi 14 juillet au soir sur la Promenade des Anglais, à Nice, par un assassin au volant d’un poids lourd, le président de la République a décrété trois jours de deuil national – qui s’achèvent aujourd’hui. 84 personnes, simplement venues admirer un feu d’artifice, ont perdu la vie, des dizaines d’autres sont blessées, et des milliers traumatisées. Première conséquence : l’état d’urgence, qui devait être levé le 26 juillet, sera prorogé pour trois mois supplémentaires.
Dès les premières heures qui ont suivi le drame, les autorités ont affirmé que le caractère terroriste de cet acte ne faisait aucun doute. Les débuts de l’enquête l’ont confirmé, tout comme la revendication intervenue trois jours plus tard sous forme d’un communiqué de Daesh. S’il ne s’agit visiblement pas – dans l'état actuel d'avancement de l'enquête – comme cela a été le cas lors des attentats de Paris ou de Bruxelles, de cellules djihadistes organisées ayant minutieusement planifié leurs actes des mois à l’avance, et si le tueur était visiblement un déséquilibré, cela ne reflète hélas qu’une seule réalité : l’appel de Daesh à tuer des « infidèles, en particulier des Français », n’importe où et par n’importe quel moyen, a été entendu y compris par des individus qui échappent totalement aux radars des services de renseignements. Le meurtre d’un chef d’entreprise, en juin 2015, dans la région lyonnaise, la tuerie d’Orlando le 12 juin dernier, le carnage de Nice, semblent répondre au même schéma : un tueur isolé, psychiatriquement perturbé, qui passe à l’acte en se réclamant du djihad.
Pour les autorités de l’État comme pour les autorités locales, ces actes semblent infiniment difficiles à contrer, même si chaque maire, confronté à ce type de problème lors de l'organisation de n'importe quelle fête ou manifestations, devra se poser la question, en collaboration avec les autorités préfectorales. Sauf à annuler toutes les festivités et tous les rassemblements, on voit mal comment empêcher un individu de foncer en voiture ou en camion dans une foule. Et la surenchère à laquelle se sont livrés certains responsables politiques durant le week-end n’y changera rien – comme le député des Yvelines, Henri Guaino, qui a provoqué une certaine stupéfaction en déclarant samedi qu’il aurait « suffi » d’un militaire armé d’un « lance-roquettes » pour stopper le camion du tueur. Faire usage d’un lance-roquettes au milieu d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, face à un camion dont personne ne sait s’il n’est pas bourré d’explosifs, apparaît pour le moins comme une idée surprenante, n’ont pas manqué de souligner depuis des responsables policiers.
On sait par ailleurs que la ville de Nice n’était certainement pas la moins préparée à l’éventualité d’une attaque terroriste : entre le Carnaval, en février, et les matchs de l’Euro, en juin, plusieurs simulations et exercices y avaient été menés pour se préparer, en étroite collaboration entre les services de la ville et la préfecture des Alpes-Maritimes. Sans compter le réseau de caméras de vidéo-protection le plus dense du pays, avec quinze caméras au kilomètre carré. Rien de tout cela n’a hélas pu empêcher le drame.
Contrairement aux lendemains du 13 novembre, les polémiques politiques ont immédiatement pris le dessus dès les heures qui ont suivi l’attentat, de nombreuses personnalités politiques attaquant le gouvernement, allant jusqu’à affirmer, comme Alain Juppé, le maire de Bordeaux, que « tout n’avait pas été fait » pour éviter un tel évènement. Le président de la République, qui s’était exprimé quelques heures auparavant, lors de sa traditionnelle interview du 14 juillet, pour annoncer que l’état d’urgence allait être levé, a été vivement attaqué. Pourtant, dans les rangs de tous les partis politiques, l’unanimité régnait jusqu’alors pour affirmer que l’état d’urgence ne pouvait être maintenu éternellement. La veille de l’interview présidentielle – et de l’attentat – la commission des lois du Sénat, présidée par un Républicain, Philippe Bas, avait publié un communiqué appelant à la levée de l’état d’urgence et appelant les autorités à « combattre le terrorisme avec les outils du droit commun ».
Au lendemain de l’attentat, le gouvernement a annoncé un certain nombre de mesures : un projet de loi prorogeant l’état d’urgence pour trois mois supplémentaires – donc jusqu’au 26 octobre – sera présenté demain en Conseil des ministres et a été mis à l’ordre du jour du Parlement pour mercredi et jeudi. Il semble que les assignations à résidence administratives, qui avaient été retirées de la dernière loi sur l’état d’urgence voté en avril, vont être cette fois rétablies.
Par ailleurs, le président de la République a annoncé qu’il allait faire appel à la « réserve opérationnelle » pour renforcer les effectifs. Il existe trois formes de réserve, toutes ouvertes aux volontaires : la réserve de la gendarmerie, qui est ouverte aux civils de 17 à 30 ans à l'issue d'une préparation militaire ; la réserve militaire, possible pour des civils de 17 à 35 ans ayant signé un contrat de un à cinq ans et pouvant apporter un renfort, après une formation spécifique, « jusqu’à quelques dizaines de jours par an » ; et enfin la réserve civile de la police, ouverte à tous les volontaires de 18 à 65 ans physiquement aptes, dont les missions ne peuvent excéder 30 jours par an. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé samedi « tous les Français patriotes qui le souhaitent » à rejoindre la réserve.
Dernier élément à noter : le ratage patent de l’application SAIP (système d’alerte et d’information des populations). Cette application pour smartphone, développée pour le compte du ministère de l’Intérieur, est censée avertir immédiatement ses utilisateurs de l’imminence ou de la commission d’un acte terroriste aux alentours, pour leur permettre de se mettre à l’abri. En fait d’immédiateté, les utilisateurs niçois de SAIP ont été « avertis » … à 1h34 du matin, soit trois heures après l’attentat. Voilà qui tombe plutôt mal, quelques jours après que la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, eut annoncé que cette application était si efficace qu’elle allait voir son usage étendu aux catastrophes naturelles, type crues soudaines (lire Maire info du 11 juillet).
Dès les premières heures qui ont suivi le drame, les autorités ont affirmé que le caractère terroriste de cet acte ne faisait aucun doute. Les débuts de l’enquête l’ont confirmé, tout comme la revendication intervenue trois jours plus tard sous forme d’un communiqué de Daesh. S’il ne s’agit visiblement pas – dans l'état actuel d'avancement de l'enquête – comme cela a été le cas lors des attentats de Paris ou de Bruxelles, de cellules djihadistes organisées ayant minutieusement planifié leurs actes des mois à l’avance, et si le tueur était visiblement un déséquilibré, cela ne reflète hélas qu’une seule réalité : l’appel de Daesh à tuer des « infidèles, en particulier des Français », n’importe où et par n’importe quel moyen, a été entendu y compris par des individus qui échappent totalement aux radars des services de renseignements. Le meurtre d’un chef d’entreprise, en juin 2015, dans la région lyonnaise, la tuerie d’Orlando le 12 juin dernier, le carnage de Nice, semblent répondre au même schéma : un tueur isolé, psychiatriquement perturbé, qui passe à l’acte en se réclamant du djihad.
Pour les autorités de l’État comme pour les autorités locales, ces actes semblent infiniment difficiles à contrer, même si chaque maire, confronté à ce type de problème lors de l'organisation de n'importe quelle fête ou manifestations, devra se poser la question, en collaboration avec les autorités préfectorales. Sauf à annuler toutes les festivités et tous les rassemblements, on voit mal comment empêcher un individu de foncer en voiture ou en camion dans une foule. Et la surenchère à laquelle se sont livrés certains responsables politiques durant le week-end n’y changera rien – comme le député des Yvelines, Henri Guaino, qui a provoqué une certaine stupéfaction en déclarant samedi qu’il aurait « suffi » d’un militaire armé d’un « lance-roquettes » pour stopper le camion du tueur. Faire usage d’un lance-roquettes au milieu d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, face à un camion dont personne ne sait s’il n’est pas bourré d’explosifs, apparaît pour le moins comme une idée surprenante, n’ont pas manqué de souligner depuis des responsables policiers.
On sait par ailleurs que la ville de Nice n’était certainement pas la moins préparée à l’éventualité d’une attaque terroriste : entre le Carnaval, en février, et les matchs de l’Euro, en juin, plusieurs simulations et exercices y avaient été menés pour se préparer, en étroite collaboration entre les services de la ville et la préfecture des Alpes-Maritimes. Sans compter le réseau de caméras de vidéo-protection le plus dense du pays, avec quinze caméras au kilomètre carré. Rien de tout cela n’a hélas pu empêcher le drame.
Contrairement aux lendemains du 13 novembre, les polémiques politiques ont immédiatement pris le dessus dès les heures qui ont suivi l’attentat, de nombreuses personnalités politiques attaquant le gouvernement, allant jusqu’à affirmer, comme Alain Juppé, le maire de Bordeaux, que « tout n’avait pas été fait » pour éviter un tel évènement. Le président de la République, qui s’était exprimé quelques heures auparavant, lors de sa traditionnelle interview du 14 juillet, pour annoncer que l’état d’urgence allait être levé, a été vivement attaqué. Pourtant, dans les rangs de tous les partis politiques, l’unanimité régnait jusqu’alors pour affirmer que l’état d’urgence ne pouvait être maintenu éternellement. La veille de l’interview présidentielle – et de l’attentat – la commission des lois du Sénat, présidée par un Républicain, Philippe Bas, avait publié un communiqué appelant à la levée de l’état d’urgence et appelant les autorités à « combattre le terrorisme avec les outils du droit commun ».
Au lendemain de l’attentat, le gouvernement a annoncé un certain nombre de mesures : un projet de loi prorogeant l’état d’urgence pour trois mois supplémentaires – donc jusqu’au 26 octobre – sera présenté demain en Conseil des ministres et a été mis à l’ordre du jour du Parlement pour mercredi et jeudi. Il semble que les assignations à résidence administratives, qui avaient été retirées de la dernière loi sur l’état d’urgence voté en avril, vont être cette fois rétablies.
Par ailleurs, le président de la République a annoncé qu’il allait faire appel à la « réserve opérationnelle » pour renforcer les effectifs. Il existe trois formes de réserve, toutes ouvertes aux volontaires : la réserve de la gendarmerie, qui est ouverte aux civils de 17 à 30 ans à l'issue d'une préparation militaire ; la réserve militaire, possible pour des civils de 17 à 35 ans ayant signé un contrat de un à cinq ans et pouvant apporter un renfort, après une formation spécifique, « jusqu’à quelques dizaines de jours par an » ; et enfin la réserve civile de la police, ouverte à tous les volontaires de 18 à 65 ans physiquement aptes, dont les missions ne peuvent excéder 30 jours par an. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a appelé samedi « tous les Français patriotes qui le souhaitent » à rejoindre la réserve.
Dernier élément à noter : le ratage patent de l’application SAIP (système d’alerte et d’information des populations). Cette application pour smartphone, développée pour le compte du ministère de l’Intérieur, est censée avertir immédiatement ses utilisateurs de l’imminence ou de la commission d’un acte terroriste aux alentours, pour leur permettre de se mettre à l’abri. En fait d’immédiateté, les utilisateurs niçois de SAIP ont été « avertis » … à 1h34 du matin, soit trois heures après l’attentat. Voilà qui tombe plutôt mal, quelques jours après que la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, eut annoncé que cette application était si efficace qu’elle allait voir son usage étendu aux catastrophes naturelles, type crues soudaines (lire Maire info du 11 juillet).
Plusieurs associations d'élus, dès le lendemain de l'attentat, ont tenu à exprimer leur émotion et leur solidarité. France urbaine a exprimé « sa plus vive émotion et sa solidarité à tous ceux et celles qui ont été frappés » par cet attentat « d'une violence insensée ». L'AMF, par la voix de son président François Baroin, a dit « la compassion et la solidarité de tous les maires de France aux familles des victimes » et « la détermination sans faille des maires, aux côtés de l'État, dans la lutte contre le terrorisme ».
Franck Lemarc
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
S'ABONNER GRATUITEMENT
NOUS ÉCRIRE
DANS L'ÉDITION DU JOUR
Les députés adoptent une nouvelle fois le projet de loi Justice du XXIe siècle
Le rapport d'activité de la DGFiP pointe aussi la baisse des investissements locaux en 2015
Services à domicile : la Cour des comptes enfonce le clou de la réforme
Retrouver une édition
Accéder au site