Édition du lundi 15 mars 2004
26 régions, élections locales et enjeu national ?
26 régions, 26 scrutins, derrière cette élection en apparence locale, se cache plus d'un enjeu national: le sort de Jean-Pierre Raffarin comme Premier ministre, l'état des forces de la gauche et la vitalité du Front national, depuis son très bon score de 2002.
Pour cette quatrième édition des régionales dont le premier tour a lieu dimanche prochain 21 mars, les électeurs auront à choisir entre 224 listes, du FN à LO en passant par des chasseurs ou des buralistes. Seules 44 sont dirigées par des femmes.
Le résultat s'annonce aussi incertain que difficile à interpréter. Car si, dans une majorité des 26 régions, les majorités sortantes (15 à droite, 10 à gauche et une dirigée par des indépendantistes martiniquais) devraient être reconduites, en revanche pour les autres, les basculements interviendraient dans les deux sens : certaines de gauche à droite comme l'IDF et Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'autres pourraient prendre le chemin inverse comme la Bretagne, le Languedoc-Roussillon et Poitou-Charentes.
Un bilan qui s'annonce donc délicat à dresser, un peu comme lors des municipales de 2001 lorsque la gauche avait gagné les deux "capitales" de Paris et Lyon mais perdu quantité d'autres villes moyennes au profit de la droite.
Au cours de cette campagne qui ne semble guère intéresser les Français, les débats autour des difficultés qu'ils rencontrent dans leurs régions (logement, transport, cartes scolaires, proximité des équipements de santé et surtout emploi,...) ont rarement occupé la première place.
Tout comme les régionales ont rarement fait la « une » des journaux, à l'exception des problèmes de domiciliation de Jean-Marie Le Pen en PACA pendant quelques jours. Et du discours très virulent du président de l'UDF François Bayrou contre le gouvernement, mais sans qu'il aille jusqu'à voter la motion de censure déposée par les socialistes.
Ca et là ont émergé quelques propositions comme en IDF la carte orange à 45 euros de l'UMP Jean-François Copé; les stages linguistiques gratuits pour les lycéens et apprentis de la région Centre proposés par le socialiste Michel Sapin; les 32 mesures chiffrées de Jean-Jack Queyranne (PS) en Rhône-Alpes, notamment le doublement dès la rentrée scolaire 2004 de l'aide aux familles de lycéens et d'apprentis.
Jean-Pierre Raffarin, qui martèle que l'enjeu n'est pas national, est sans doute celui qui joue le plus gros dans cette élection. Car plus d'un électeur sur deux a l'intention de s'emparer de ce scrutin pour exprimer son désaccord avec la politique gouvernementale et une même part souhaite son départ de l'Hôtel Matignon, quel que soit le résultat des régionales.
Mais à qui va profiter ce « vote-sanction » ? L'UDF qui ne cesse de faire entendre sa différence par rapport à l'UMP sur plusieurs dossiers pourrait en récolter les fruits. Un peu la gauche aussi qui tente de remonter la pente après son échec cinglant de 2002 et s'emploie à soutenir les principaux mécontents de l'action de M. Raffarin: enseignants, chercheurs, intermittents du spectacle, retraités, etc. Mais sûrement également le Front national qui a quelques atouts en main, notamment des sujets d'actualité qui le servent (signes religieux à l'école, condamnation du président de l'UMP Alain Juppé), le positionnement de Jean-Marie Le Pen en victime après son impossibilité de se présenter en PACA, l'élargissement de l'Union européenne ou encore la mauvaise conjoncture sociale.
A moins que le principal bénéficiaire ne soit le camp des abstentionnistes: les Français étaient déjà 42% à avoir boudé les urnes en 1998, alors qu'il n'y avait qu'un seul tour.</
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