Édition du mercredi 31 août 2005
2 500 foyers insalubres à Paris, 40 000 logements vacants
Au lendemain des incendies meurtriers dans des immeubles vétustes de la capitale, la mairie de Paris a rappelé mardi qu'elle avait lancé en 2002 un plan d'éradication de l'habitat insalubre, pour un budget total de 152 millions d'euros sur six ans. Un millier de logements vétustes sont recensés dans la capitale.
Selon l'Observatoire du saturnisme, de l'insalubrité et de l'habitat dégradé, qui dépend de la municipalité, 976 logements insalubres étaient recensés en juillet dernier à Paris, pour lessentiel dans les parties Est et Nord-Est de la capitale. La Société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris (SIEMP) a été chargée d'acquérir des logements insalubres pour les rénover. Elle traite actuellement 423 logements.
Il s'agit d'« opérations lourdes », qui « prennent forcément du temps », rappelle la mairie dans un communiqué, déplorant que seuls 17 bâtiments insalubres aient été identifiés entre 1995 et 2001, sous la précédente municipalité dirigée par Jean Tiberi.
Alors que la Ville va consacrer 152 millions d'euros à ce dossier, les moyens budgétaires consacrés par l'Etat à la lutte contre l'insalubrité s'élève à sept millions d'euros par an pour la France entière, déplore-t-elle.
L'immeuble de la rue du Roi-Doré, qui a été détruit dans la nuit de lundi à mardi, figurait parmi les immeubles insalubres recensés. Après avoir engagé une procédure basée sur la loi Vivien, qui permet aux collectivités locales d'exproprier des locaux insalubres, la ville avait racheté les lieux pour pouvoir le réhabiliter. Le transfert de propriété est intervenu le 8 décembre 2004.
La SIEMP avait mis en oeuvre des travaux de première urgence, comme la suppression de l'accès au plomb, la réfection de la plomberie et des travaux sur le réseau électrique. Une première remise en état qui devait s'achever début septembre.
« Il y a aujourd'hui 40 000 logements vacants à Paris reconnus par le fichier du ministère des Finances, par recoupement de la taxe d'habitation et de la taxe foncière », a affirmé mardi sur France Inter René Dutrey, conseiller Vert de Paris, président de la SIEMP. Selon lui, le chiffre dun millier de logements insalubres nest pas significatif : « On estime à peu près à 2 500 le nombre de foyers qui vivent dans l'insalubrité, ce qui représente à peu près 15 000 personnes. »
En outre, la ville de Paris finance actuellement 4 000 logements sociaux par an. Dans le cadre de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbains), 752 communes doivent en effet intégrer 20 % de logements sociaux dans leur parc immobilier, sous peine de pénalités financières (1).
Selon Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, « un tiers des communes respectent la loi grâce à un effort conforme, voire supérieur, à leurs obligations ; un autre tiers d'entre elles se sont engagées dans la construction, mais restent en deçà des objectifs imposés. Enfin, les autres ignorent délibérément la loi, s'en vantant même quelquefois, utilisant ce refus comme argument électoral, faisant peu de cas des sanctions financières - très faibles au demeurant. »
Sur le plan national, le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo rappelle dans un communiqué que 75 000 logements sociaux locatifs ont été financés en 2004, contre 42 000 en 2000. Sur cinq ans, l'objectif est de parvenir au financement de 100 000 logements en moyenne par an.
Le Premier ministre devrait pour sa part annoncer demain jeudi des mesures concernant le logement social et particulièrement un programme spécialement consacré à l'Ile-de-France.
(1) Les communes de plus de 3 500 habitants (1 500 en Ile-de-France) situées dans des agglomérations de plus de 50 000 habitants et comptant moins de 20 % de logements sociaux sont soumises à un prélèvement, modulable à la hausse en fonction de leur richesse, de 150 euros par logement manquant
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