Maire-info
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Édition du mardi 30 janvier 2024
Éducation

Les personnels de l'Éducation nationale globalement insatisfaits de leurs conditions de travail

La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) vient de publier les résultats de son Baromètre du bien-être au travail des personnels de l'éducation au travail. Les personnels de l'Éducation nationale sont moins satisfaits de leur travail que la plupart des Français en emploi.

Par Lucile Bonnin

Rémunération trop faible, charge de travail trop importante, manque de perspectives dans leurs carrières : les personnels de l’Éducation nationale attribuent en moyenne la note de 5,9 sur 10 pour évaluer leur satisfaction par rapport à leur travail en général.

C’est ce qui ressort de la deuxième édition du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale publié par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp). En 2023, 71 000 personnels ont répondu à cette enquête qui vise en particulier les enseignants, personnels de direction, personnels administratifs, conseillers principaux d’éducation (CPE), assistants sociaux, psychologues, infirmiers et médecins scolaires. De plus, pour la première fois, la Depp a interrogé les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sur leur ressenti au travail.

Si la satisfaction au travail varie peu entre 2022 et 2023, elle reste relativement basse et témoigne d’un mal-être qui comporte des points de mécontentements clairement identifiés. 

Opinions mitigées 

« La satisfaction professionnelle des personnels de l’Éducation nationale est inférieure de plus de 1 point sur 10 à celle déclarée dans l’ensemble de la population » , peut-on lire dans l’étude. En effet, alors que le personnel de l’Éducation nationale attribue la note de 5,9 sur 10 à leur travail, l’ensemble des Français actifs attribuent en moyenne la note de 7,1 sur 10. 

Si l’on entre un peu plus dans les détails, on apprend que les moins satisfaits sont les enseignants remplaçants du premier degré (5,6 sur 10), du second degré (5,7) et les médecins scolaires (5,7 sur 10). À l’inverse, les directeurs d’école totalement déchargés (qui n’enseignent pas en plus de cette fonction), les CPE, les personnels administratifs de catégorie B ou C et les infirmiers scolaires « se démarquent par une satisfaction de leur travail plus élevée, avec une note moyenne de 6,4 sur 10 pour chacune de ces catégories ».

L’étude met également en lumière des disparités dans la manière de considérer leurs activités. En effet, « les personnels de l’Éducation nationale, invités à évaluer le sentiment de fierté éprouvé dans le cadre de leur expérience professionnelle, l’estiment au niveau de 5,9 sur 10. L’impression de faire quelque chose d’utile aux autres est évaluée en moyenne à 7,4 sur 10 ». Cette satisfaction relative entre en contraction avec la perception du « sentiment de valorisation de leur métier dans la société, que les personnels évaluent à un niveau très bas : 2,5 sur 10 ».

Rémunération et charge de travail 

Au-delà du manque de considération fort dont témoignent les personnels, plusieurs points d’insatisfaction ont été soulevés dans l’enquête. La rémunération apparaît tout d’abord comme le point négatif pour les personnels qui « attribuent la note de 3,3 sur 10 en moyenne » . Il faut noter que 57 % des répondants ont choisi de mettre une note comprise entre 0 et 3 sur 10. La Depp précise cependant que « les personnels ont été interrogés au printemps 2023, soit avant la mise en place à la rentrée 2023 des mesures pour revaloriser les rémunérations et améliorer les perspectives de carrières des équipes éducatives. » 

Au quotidien, « les personnels de l’Éducation nationale estiment avoir une charge de travail excessive et se sentir épuisés ». « Sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (tout à fait), ils déclarent avoir l’impression que leur charge de travail est trop importante au niveau de 7,4 sur 10 et sont 56 % à attribuer des notes élevées, entre 8 et 10 » , indiquent les auteurs de la note. Ce sont les personnels du premier degré qui « expriment plus que la moyenne cette impression de charge de travail trop importante (7,8 contre 7,4 sur 10) et ce sentiment d’épuisement (7,2 contre 6,8 sur 10) ».

Globalement « le pouvoir d’achat et la charge de travail sont les domaines les plus cités par les personnels comme nécessitant d’être améliorés ».

Autre point important : l’approche de la retraite pour certains personnels met en lumière le besoin de repenser l’aménagement de fin de carrière pour certains métiers. Ce besoin d’aménagement à l’approche de la retraite « est estimé par les personnels à 8,7 sur 10, le désir de partir le plus tôt possible à 7,3 sur 10, au même niveau que le désir de cesser d’enseigner tout en continuant à travailler à l’éducation nationale. La moitié des personnels indiquent qu’ils ne se sentent pas capables de faire le même travail qu’actuellement jusqu’à la retraite » 

AESH

3 000 réponses d’accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) ont été collectées pour la première fois par la Depp. Selon ces dernières, les « AESH se disent en moyenne plus satisfaits de leur travail que les autres personnels de l’Éducation nationale (7,1 contre 5,9 sur 10) » . Les niveaux de satisfaction sont aussi légèrement supérieurs concernant l’environnement de travail let leurs relations professionnelles. 

L’insatisfaction se situe davantage au niveau de la rémunération et est encore plus marquée que les autres personnels (2,1 contre 3,3 sur 10) et de leurs perspectives de carrière (2,2 contre 2,9 sur 10). « L’impression que la charge de travail est trop importante varie elle aussi selon le nombre d’élèves accompagnés, tout en restant inférieure à celle des autres personnels (4,5 contre 7,4 sur 10). Les AESH accompagnant cinq élèves ou plus ont une impression plus marquée de charge de travail excessive que ceux qui accompagnent un élève (4,8 contre 4,2 sur 10) ». 

Pour rappel, le Sénat a adopté à l'unanimité la semaine dernière la proposition de loi de Cédric Vial visant à faire prendre en charge par l'État la rémunération des AESH pendant la pause méridienne, en lieu et place des communes (lire Maire info du 24 janvier). Une simplification qui, si elle est votée par le Parlement, offrira sans doute plus de stabilité à ces personnels. 

Consulter la note. 
 

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