Maire-info
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Édition du mardi 16 janvier 2024
Société

Inflation : des familles particulièrement touchées et des associations en difficulté

Le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge a présenté la semaine dernière un rapport sur le pouvoir d'achat des familles face au choc de l'inflation. L'institution plaide pour une revalorisation des prestations sociales et encourage le soutien aux associations.

Par Lucile Bonnin

Plus d'un tiers des Français vit avec moins de 100 euros dès le 10 du mois, selon une étude de l'Ifop publiée en juin dernier (lire Maire info du 6 juin 2023). La crise inflationniste oblige la majorité des Français à réduire leurs dépenses et à s’adapter au contexte. Entre 2021 et 2023, « les prix de l’énergie ont progressé de 41 %, ceux de l’alimentation de 20 %, ceux des produits manufacturés de 8 % et enfin ceux des services de 7 %. » 

Énergie et alimentation 

La hausse des prix est particulièrement subie par les familles dont « l’exposition à l’inflation augmente avec le nombre d’enfants » . C’est notamment ce que pointe le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) dans un rapport présenté la semaine dernière. 

Les familles sont les plus touchées par l’inflation à cause de « l'augmentation substantielle du prix du panier de biens et services des familles » . Selon le HCFEA, entre avril 2022 et avril 2023, le prix du panier de biens et services des familles monoparentales avec un enfant a augmenté en moyenne de 120 euros par mois, celui des couples avec un enfant de 195 euros et celui des couples avec deux enfants ou plus de 225 euros. En cause : les dépenses en alimentation mais aussi en énergie pour le logement. 

Perte importante de pouvoir d’achat, modification des habitudes de consommation à la recherche d’économies, privations matérielles, précarité alimentaire : les acteurs locaux dont les collectivités locales confirment l’existence de difficultés accrues pour les familles précaires. L’enquête Classif (Collectivités locales et associations face au choc d’inflation sur les familles) qui a été réalisée spécifiquement pour ce rapport pointe le fait que les acteurs locaux constatent que des familles sont conduites à couper dans certaines catégories de dépenses. « Pour les parents, le premier poste de privation est l’alimentation, alors que ce sont les loisirs pour les enfants, relèvent les auteurs du rapport. Les coupes en matière d’alimentation et de cantine sont néanmoins bien présentes aussi parmi les privations qui affectent les enfants ». 

Des aides des pouvoirs publics jugées insuffisantes 

Le HCFEA constate que les pouvoirs publics ont mis en place différentes mesures de soutien au pouvoir d’achat en 2021 et en 2022 : des versements exceptionnels aux ménages et des mesures tarifaires. « La revalorisation des prestations sociales et familiales a été la mesure la plus adaptée pour soutenir le pouvoir d’achat des familles avec enfants, même si elle n’a pas permis de compenser intégralement la perte de pouvoir d’achat ».

Cependant, avec un coût de 3 milliards d’euros et 72 % des ménages bénéficiaires, l’indemnité inflation de fin 2021 n’a que peu soutenu les familles. En effet, « l’indemnité inflation ne tient pas compte de la configuration familiale, de sorte que le gain moyen par unité de consommation diminue avec le nombre d’enfants ; de plus, elle est peu ciblée en fonction du niveau de vie du ménage. » 

Ainsi, « pour soutenir le pouvoir d’achat des familles et corriger le système actuel de revalorisation des prestations, le Conseil de la famille propose de compenser les pertes cumulées de pouvoir d’achat des prestations familiales et de solidarité depuis avril 2021 par un versement exceptionnel ; revaloriser davantage les prestations familiales et de solidarité au 1er avril 2024 que ne le prévoit l’application de la règle (…) ; et mettre en place un mécanisme de revalorisation supplémentaire automatique dès que l’inflation dépasse 2 % depuis la précédente revalorisation (sur le modèle de l’indexation du smic). » 

Des associations en difficulté 

Le rapport met en lumière également une « nette augmentation des demandes d’aide adressées aux structures ». Par exemple, le Secours populaire enregistre en mai 2023 une « forte accélération des demandes d'aide depuis le début de l'année avec, dans certaines régions, jusqu'à 50 % de personnes en plus » . Autre exemple : les Restos du cœur, « qui gèrent 35 % de l’aide alimentaire en France », constatent, en septembre 2023, une hausse de 20 % du nombre de personnes inscrites à leurs distributions par rapport à 2022 (1,3 million contre 1,1 million). « Les réseaux associatifs soulignent en particulier la présence accrue de familles avec de très jeunes enfants » , indique le HCFEA. 

À cette hausse de la demande s’ajoutent des difficultés liées à la « hausse de leurs charges ainsi que, dans certains cas, à une diminution de leurs ressources » . Comme pour les ménages, les postes de dépenses les plus touchés sont l’alimentation et l’énergie. Le Mouvement associatif estime « qu’une association sur trois a eu en 2022 un résultat financier inférieur à ses prévisions, sous l’effet de l’augmentation des charges (pour 43 % des associations) ou de la baisse des ressources (pour 39 % d’entre elles) ».

Le HCFEA préconise l’indexation du montant des subventions publiques sur l’inflation en direction de ces associations qui apportent une aide alimentaire et propose, en soutien aux bénévoles, « de transformer la réduction d’impôt pour les frais engendrés par une activité associative en un crédit d’impôt de façon à bénéficier aussi aux bénévoles non imposables ».

Consulter la synthèse du rapport. 
 

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