Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 11 septembre 2023
Aménagement numérique du territoire

Fibre : le rythme des déploiements ne cesse de ralentir, selon l'Arcep

L'Arcep a publié vendredi les résultats de son suivi du marché des services fixes à haut et très haut débit à fin juin 2023. Les conclusions sont plutôt préoccupantes, puisque le rythme de déploiement dans les zones très denses est « très insuffisant », selon le régulateur des télécoms.

Par Lucile Bonnin

En janvier dernier, le gouvernement rappelait les objectifs du plan France très haut débit (FTHD) : accélérer le déploiement de la fibre optique partout sur le territoire et parvenir à sa généralisation, au plus tard fin 2025.

Le moins que l’on puisse dire est que le compte n’y est pas. C’est notamment ce que confirme l’Arcep par la publication des résultats de son suivi du marché des services fixes. Si « à la fin du deuxième trimestre 2023, 38,3 millions de locaux sont couverts par des services à très haut débit sur réseaux filaires » , le rythme des déploiements ne cesse de ralentir. 

Rythme insuffisant dans les zones très denses 

L’Arcep pointe qu’au cours du deuxième trimestre 2023, « 870 000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables au FttH, soit 20 % de moins que sur la même période de l’année précédente » . Un ralentissement significatif alors que l’échéance 2025 approche. De plus, l’Arcep indique que sur ces locaux supplémentaires, 600 000 ont été rendus raccordables dans les zones les moins denses des Réseaux d’initiative publique (Rip), qui sont pour la plupart portés par les collectivités. Actuellement, 12,7 millions de lignes sont raccordables dont 5,4 en campagne et 1,5 en montagne. Pour le reste, 130 000 locaux ont été raccordés dans les zones les moins denses gérées par le privé, ce qui représente une baisse de près de moitié par rapport à l’année dernière. L’Arcep précise même qu’il « faut remonter à 2014 pour observer une progression trimestrielle aussi faible dans ces zones ». Concernant les « déploiements dans les territoires concernés par des « Amel »  (appels à manifestation d'engagements locaux) » , 90 000 locaux ont été rendus raccordables.

Le point noir se situe surtout au niveau des zones très denses « où moins de 50 000 locaux rendus raccordables, soit une baisse de près de moitié par rapport à la même période de l’année précédente ». Pour rappel, cela concerne « les communes à forte concentration de population, pour lesquelles, sur une partie significative de leur territoire, il est économiquement viable pour plusieurs opérateurs de déployer leurs réseaux de fibre optique, au plus près des logements, peut-on lire sur le site de l’Arcep. Elles comptent 106 communes et représentent près de 6,4 millions de locaux (logements et locaux à usage professionnel) ».

L’Observatoire met aussi en avant « une forte disparité dans l’avancement du déploiement dans les zones très denses ». Parmi les 10 communes comportant le plus de locaux et qui appartiennent à ces zones, l’état d’avancement n’est clairement pas le même. À Strasbourg par exemple, la couverture FttH a atteint 89 % mais son évolution stagne. À Nantes en revanche, la couverture FttH a aussi atteint les 89 % mais son évolution de couverture a augmenté de deux points ces derniers mois. 


Source : Arcep

Abonnements 

Le bilan est plus positif du côté des abonnements fibre. L’Arcep observe une forte progression du nombre d’abonnements à très haut débit qui atteint 22,9 millions au 30 juin 2023. « Au sein des abonnements à très haut débit, le nombre d’abonnements en fibre optique atteint 19,8 millions à la fin du premier semestre 2023 et représente désormais 62 % du nombre total d’abonnements internet » , indique l’Arcep. La fibre optique arrive progressivement dans les foyers (+ 790 000 abonnements) au détriment du nombre d’abonnements à haut débit qui lui « continue de reculer à un rythme soutenu (- 585 000 au cours du deuxième trimestre 2023) ».

Toujours est-il que si de plus en plus de citoyens s’abonnent à la fibre, ces chiffres ne mentionnent pas les dysfonctionnements rencontrés dans les territoires qui eux aussi semblent progresser ou au moins stagner. En témoignent notamment de nombreux articles de la presse régionale qui racontent l’épuisement des habitants face à une connexion qui ne fonctionne pas, un déploiement qui n’arrive pas jusqu’à leur domicile, des interventions chaotiques, etc… 

À l’occasion d’une question écrite, une sénatrice a interpellé le ministre Jean-Noël Barrot sur la nécessité de « lutter efficacement contre les nombreuses pannes et malfaçons » « alors que le nombre d'armoires devrait dépasser les 110 000 unités sur le territoire d'ici 2025 » . Nadège Havet, sénatrice du Finistère, rappelle que « depuis plusieurs années, des installations défectueuses de même que des dégradations répétées sur des équipements de fibre optique dans l'espace public découragent les élus et les consommateurs. Le chiffre de 60 % des armoires endommagées a pu être avancé, dont 90 % seraient le résultat des interventions de raccordement ».

Cet été, le ministre chargé de la Transition numérique et des Télécommunications a déclaré ne pas exclure le recours à « des mesures législatives à l'initiative du gouvernement pour régler le problème » . Reste à voir quand et comment le gouvernement va sévir. Pour rappel, une proposition de loi du sénateur Patrick Chaize a été adoptée en 1ère lecture au Sénat en mai dernier sur le sujet (lire Maire info du 3 mai)

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