Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 26 avril 2022
Élection présidentielle

Marine Le Pen est arrivée en tête du second tour dans plus de la moitié des communes

Les données définitives du second tour de l'élection présidentielle, par commune, permettent de mieux appréhender les grandes tendances électorales qui traversent le pays. Même si Emmanuel Macron a assez largement remporté le scrutin, la candidate du RN est en tête dans plus de 18 000 communes. 

Par Franck Lemarc

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© D.R.

Avec 58,5 % des voix, le score enregistré par le président sortant à l’échelle nationale est sans appel. Mais en analysant les résultats plus finement, il apparaît clairement que c’est grâce au score qu’il a obtenu dans les villes les plus peuplées qu’Emmanuel Macron a fait la différence. 

Par département

Si l’on regarde d’abord les résultats par départements, il se confirme que Marine Le Pen est arrivée en tête dans 30 départements (23 en métropole et 7 outre-mer). Elle dépasse les 60 % dans trois départements (Guadeloupe, Martinique et Guyane) et les atteint presque (59,91 %) dans l’Aisne. Comme on le voit sur la carte ci-dessous, ces départements sont pour l’essentiel situés dans le nord, l’est et le pourtour méditerranéen. 

Emmanuel Macron, lui, a réalisé ses meilleurs scores à Paris (85,1 %) et dans les Hauts-de-Seine (80,9 %), si l’on excepte la catégorie très particulière des Français de l’étranger – un électorat très majoritairement composé de cadres  – dans laquelle il obtient 86,1 %. Il réunit plus de 60 % des suffrages dans 29 départements, et même plus de 70 % dans 7 départements (Yvelines, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, en plus des trois que nous avons déjà cités). 

Les plus hauts scores

À l’échelle des communes maintenant, il apparaît que sur les quelque 35 000 communes listées par le ministère de l’Intérieur (on ne tient pas compte ici des 207 consulats où votent les Français établis hors de France), la candidate RN est arrivée en tête dans un peu plus de 18 100, contre environ 16 880 pour le président sortant. Marine Le Pen est donc en tête du second tour dans 51,7 % des communes, contre 48,3 % pour Emmanuel Macron. 

Ce résultat montre la progression importante de la candidate du Rassemblement national par rapport au second tour de l'élection présidentielle de 2017 : elle l'avait alors emporté dans environ 9 180 communes contre quelque 26 500 pour Emmanuel Macron, soit un ratio de 25/75 %. 

Marine Le Pen a réalisé ses plus hauts scores dans des villages du nord-est du pays : 100 % des voix à Ornes (Marne), 97,87 % à Flammerécourt (Haute-Marne), 96.43 % à Géry (Meuse). Elle obtient plus de 80 % dans 115 communes.
Le président sortant, lui, obtient 100 % dans trois communes de Haute-Garonne et de l’Aude et plus de 80 % dans 313 communes – dont 140 sont des circonscriptions de Français établis hors de France. 

Critères démographiques

Deux tendances se dégagent clairement : d’une part, le biais social – les communes les plus riches ont davantage voté Macron, les communes les plus ouvrières ont donné la victoire à Marine Le Pen. D’autre part, le critère démographique : les villes ont davantage voté Macron, les villages ont davantage voté Le Pen. Si l’on fait la moyenne du nombre d’inscrits de l’ensemble des communes qui ont placé Emmanuel Macron en tête, on obtient le chiffre de 2017 inscrits ; pour Marine Le Pen, de 787. 

Les choses sont encore plus frappantes si l’on raisonne par tranches démographiques : sur les 17 communes du pays comptant plus de 100 000 inscrits, le président sortant l’emporte dans 16. Il arrive en tête dans 40 communes comptant de 50 000 à 100 000 inscrits, contre 5 pour la candidate RN. Les grandes villes ont donc voté Emmanuel Macron de manière ultra-majoritaire. Les villes moyennes aussi : le président sortant l’emporte dans 80 % des communes comptant entre 25 000 et 50 000 habitants. 

Dans les petites communes, en revanche, la tendance s’inverse et le vote Le Pen devient majoritaire – bien que de façon moins marquée : la candidate RN s’impose dans 59 % des communes de 100 à 500 inscrits, et 55 % des communes de 1 à 100 inscrits. 

C’est du fait de cette répartition assez clairement marquée que, dans nombre de départements, Emmanuel Macron l’emporte bien qu’il ait perdu dans la majorité des communes, en s’imposant dans les villes-centres, comptant arithmétiquement plus d’habitants. 

Davantage d'abstention dans les villes

Parmi les autres données intéressantes que l’on peut tirer de ces résultats, il apparaît que l’on s’est bien plus abstenu dans les grandes villes que dans les communes rurales. Le taux d’abstention se situe en effet autour de 20 % dans les plus petites communes (19,4 % dans les communes comptant moins de 100 inscrits, 20,3 % dans celles comptant entre 100 et 500 inscrits). À l’inverse, les électeurs se sont abstenus à 34,4 % dans les villes de plus de 100 000 inscrits, à 33,6 % dans celles de 50 000 à 100 000 habitants et dans celles de 25 000 à 50 000 habitants. 

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