Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 16 mars 2022
Élection présidentielle

Audition des candidats par Territoires unis : un vrai moment de démocratie

Exercice réussi hier pour l'AMF, Régions de France et l'ADF, qui réunissaient à Montrouge les candidats à l'élection présidentielle pour les interroger sur leur vision de la décentralisation. Dix candidats sur douze ont répondu à l'appel.

Par Franck Lemarc

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© AMF

Tout au long de la journée, les candidats – et en particulier ceux qui disposent d’une moindre couverture médiatique – ont salué « le sens de la démocratie »  et « l’ouverture d’esprit »  des associations de Territoires unis, qui ont non seulement offert la même tribune à chacun mais également exactement les mêmes conditions et le même temps de parole : 10 mn de propos liminaire, puis 20 mn pour répondre aux trois questions posées par un maire, un élu départemental et un élu régional. 

Cette journée se déroulant au lendemain d’un débat sur TF1 où la chaîne a fait le choix de n’inviter que huit candidats sur douze, l’audition organisée par Territoires unis n’en est apparue que plus démocratique. 

« Retrouver le chemin de la confiance » 

En introduction de la journée, les trois présidents des associations de Territoires unis, David Lisnard (AMF), Carole Delga (Régions de France) et François Sauvadet (ADF) ont pris la parole tour à tour pour dire, chacun à leur façon, leurs craintes et leurs attentes à la veille d’une nouvelle mandature. « Le quoi qu’il en coûte aura des conséquences sur nos collectivités », a par exemple averti David Lisnard, qui a fustigé « la perte d’autonomie fiscale et financière des collectivités », la perte du « droit de décision »  pour les maires. Il a rappelé les revendications contenues dans le manifeste de Territoires unis (lire Maire info du 3 mars), notamment une réforme complète de la fiscalité locale (« à chaque strate, un impôt » ) et une rupture avec « la logique de transferts automatiques »  entre communes et intercommunalités. Le principe de subsidiarité et la sanctuarisation de la clause de compétence générale sont également au cœur des demandes des associations.

Carole Delga, au nom de Régions de France, a salué « le fort pouvoir d’union »  des différents niveaux de collectivités et leur capacité à « se faire confiance », espérant que l’État, lui aussi, réapprenne à faire confiance aux collectivités. François Sauvadet, pour l’Assemblée des départements de France, a dénoncé une forme « d’arrogance »  de l’État et demandé « qu’on nous laisse agir en proximité, parce que nous savons le faire ». Il en a lui aussi appelé au retour de la « confiance » : « On ne gagnera pas la bataille face à tous les défis qui sont devant nous sans retrouver le chemin de la confiance. L’État ne peut pas tout faire tout seul. » 

Unanimité sur les libertés locales

Les candidats se sont ensuite succédé à la tribune devant les quelque 500 élus présents dans la salle, deux journalistes se chargeant de faire très strictement respecter les temps de parole. Si les différences politiques sont apparues clairement, il est ressorti des discours de chacun un véritable attachement aux communes et à leur rôle – plusieurs candidats, en revanche, dénonçant les « super-régions »  créées en 2015. Certains candidats ont développé un véritable programme, détaillé, dans le domaine des relations entre l’État et les collectivités locales ; d’autres ont plutôt souhaité livrer leur vision de l’organisation territoriale et de la décentralisation. 

Quoi qu’il en soit, l’AMF, au sortir de cette journée, a salué « la qualité des échanges directs entre candidats et élus locaux »  et le fait que « les candidats ont quasi unanimement souligné la nécessité de garantir davantage de libertés locales, ce qui révèle toute l’importance des élus locaux dans notre paysage politique ». Tous les grands sujets de fond de la société ont été abordés lors de cette journée, s’est réjoui David Lisnard à la fin des débats : « L’organisation des pouvoirs publics, la décentralisation, les déserts médicaux, l’accès aux soins, la lutte contre pauvreté, l’Europe, la solidarité… toutes ces problématiques ont été évaluées. »  Cet exercice, qui « a fait honneur à la démocratie », a « démontré l’impartialité des associations d’élus ». « Forme et fond étaient là. Nous pesons sur le débat. Nous avons maintenant un devoir de veiller à ce que les engagements pris soient respectés. Notre travail commencera au lendemain des scrutins nationaux pour que la France soit forte de son territoire uni, de ses localités, de l’intelligence du local. » 

En revanche, l’absence de deux candidats – celle d’Emmanuel Macron et d’Éric Zemmour, qui s’est désisté sans explication la veille au soir – a été mal reçue par les participants. Celle du chef de l’État, en particulier, a choqué, vue comme un geste de désinvolture vis-à-vis des élus. C’est André Laignel, le premier vice-président délégué de l’AMF, qui a eu la dent la plus dure contre le chef de l’État dans son discours : rappelant la façon dont Emmanuel Macron avait appelé les maires à la rescousse lors de la crise des Gilets jaunes, le maire d’Issoudun a jugé « curieux et offensant que celui qui s’était alors tourné vers nous ne soit pas là aujourd’hui », qualifiant ce comportement de « peu républicain ». 

Les comptes rendus des interventions de chaque candidat, réalisés par les rédactions de Maire info et Maires de France, sont d’ores et déjà disponibles sur le site mairesdefrance.com. Maire info en publiera un chaque jour, dans l’ordre de passage des candidats lors de la journée d’hier – en commençant donc, aujourd’hui, par celle du communiste Fabien Roussel. 

Les vidéos complètes de cette journée sont à retrouver sur le site de l’AMF
 

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