Maire-info
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Édition du jeudi 1er juillet 2021
Éducation

Éducation : « La réussite scolaire n'est pas directement corrélée au milieu social, le type de territoire joue également un rôle »

Dans un volumineux et instructif ouvrage, intitulé « Géographie de l'école », la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) décrit le système scolaire et de formation sous la forme de 36 fiches thématisées. Un dossier met, par ailleurs, en lumière les disparités territoriales à l'école et leurs conséquences sur les parcours scolaires et les résultats des élèves.

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Au moins autant qu'à la condition sociale, les écarts de résultats et de parcours scolaires des élèves sont liés au « type de territoire »  sur lequel ils vivent. C'est l'un des enseignements du dossier présenté en toute fin de l'ouvrage Géographie de l'école, publié en juin sur le site du ministère de l'Éducation nationale. Pour « mesurer »  ces inégalités territoriales en matière de résultats et de parcours scolaires, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) a procédé à deux types d’études complémentaires. 

La première approche est une analyse des écarts de résultats et de parcours scolaires entre cantons. La deuxième, elle, vise à caractériser les cantons et les types de territoire selon trois critères sociaux et scolaires* : l’indice de position sociale (IPS), c’est-à-dire le milieu social des élèves, la note moyenne aux épreuves écrites du diplôme national du brevet (DNB) et le taux de passage en seconde générale et technologique (GT). 

« La géographie de la réussite au brevet ne suit que partiellement celle du milieu social » 

En mixant toutes ces données, Fabrice Murat, qui signe le dossier, s’aperçoit que « la géographie de la réussite au brevet par canton ne suit que partiellement celle du milieu social ». En effet, selon lui, la carte des résultats du brevet « donne une image un peu différente »  de l’analyse cartographique des IPS par canton qui « fait clairement apparaître une concentration des cantons à IPS élevé autour des grandes métropoles, en particulier en Île-de-France ». 

S’il « existe un lien certain entre les deux informations, la relation n’est pas parfaite. »  En particulier, poursuit-il, « les grandes métropoles ne ressortent pas avec des résultats scolaires nettement meilleurs. L’ouest de l’Île-de-France, par exemple, se détache très peu en termes de réussite au DNB, alors que cette zone apparaît très favorisée socialement ». 

À l’inverse, les deux zones de réussite qui apparaissent sont la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, « où les cantons en réussite scolaire paraissent bien plus nombreux que ce que laisse attendre le milieu social », et un arc sud-ouest/nord-est pourtant « situé en dessous de la diagonale des difficultés sociales », partant des Pyrénées-Atlantiques, passant par le sud du Massif Central, le haut de la vallée du Rhône, pour finir en Franche-Comté.

« Déficit en termes d’orientation vers la voie générale et technologique dans les communes rurales » 

Les disparités territoriales concernant le parcours scolaire « ne s’expliquent donc que partiellement par des différences sociales ou de compétences ». D’autres facteurs peuvent intervenir, explique Fabrice Murat : « Les communes rurales se distinguent par un déficit en termes d’orientation vers la voie générale et technologique (GT), qui peut être en partie relié à des aspirations personnelles et professionnelles différentes, mais aussi à une offre de formation moins diversifiée ».

En répartissant les communes en quatre catégories (rural éloigné, zones périphériques, urbain éloigné et urbain dense), Fabrice Murat se rend compte que « l’orientation dans la voie générale et technologique est bien moins fréquente dans les zones rurales par rapport aux communes urbaines denses. Le taux de passage en seconde GT est, en effet, sensiblement plus bas (57 % contre 65 % pour l’ensemble des élèves) »  dans les communes rurales éloignées malgré des résultats au DNB assez proches de la moyenne nationale.

« Ainsi, les taux inférieurs à la moyenne en Bourgogne-Franche-Comté, en Normandie et Pays de la Loire, alors que les résultats au DNB sont plutôt favorables, peuvent être mis en relation avec l’importance des communes rurales dans ces régions. Inversement, les orientations plus fréquentes en seconde GT en Île-de-France et PACA peuvent être associées à la surreprésentation des communes urbaines denses ». Une tendance qui confirme que « les élèves ruraux (en particulier les garçons) s’orientent davantage vers des filières courtes et professionnelles que les élèves urbains », comme la fiche 1 le met en évidence.

« La taille des classes du premier degré a sensiblement diminué » 

Les élus locaux pourraient tout aussi bien lire avec attention la fiche 16, qui détaille les conditions d’accueil dans le premier degré. On y apprend que les 1664 bassins de vie qui structurent la France possèdent au moins une école publique ou privée. « Les écoles de deux classes ou moins représente 19 % des écoles mais accueillent seulement 4,5 % des élèves du premier degré, soit 294 500 élèves. À l’opposé, 27 % des écoles comptent huit classes ou plus et scolarisent 3 410 000 élèves, soit plus de la moitié d’entre eux ». 

Autre constat : on compte « davantage de petites écoles dans les zones rurales et de grandes écoles en zone urbaine et dans les DROM ». Entre les rentrées 2015 et 2020, enfin, « la taille des classes du premier degré a sensiblement diminué : de 1,5 élève pour les classes de niveau préélémentaire et de 1,8 pour celles de niveau élémentaire. Ceci s’explique notamment par le dédoublement des classes de CP-CE1 en éducation prioritaire et à partir de la rentrée 2020, de celles de grande section de maternelle. » 

*Ces indicateurs ont été calculés à partir des données exhaustives concernant les élèves de troisième générale, de l’année scolaire 2005-2006 à l’année scolaire 2015-2016, soit plus de 8 millions d’élèves.

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