Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 15 juillet 2004
Ville

Plan de cohésion sociale : les maires Ville et banlieue s'interrogent sur la « forme concrète des dispositifs » et sur «l'ampleur des moyens financiers qu'engagera l'Etat»

L’Association des maires Ville et banlieue de France affirme, dans un communiqué, qu’elle « apprécie la plupart des orientations du Plan de cohésion sociale rendu public le 30 juin dernier par M. Borloo, qui cherche à répondre aux vraies difficultés des populations de nos agglomérations. Mais elle s’interroge à la fois sur la forme concrète des dispositifs instaurés par ce projet (équipes de réussite éducative, par exemple) et sur l’ampleur des moyens financiers qu’engagera l’Etat au titre de ce plan. » Ainsi, au chapitre de la lutte contre le chômage, Ville et Banlieue approuve-t-elle sans réserve les 5 orientations de principe que sont : le regroupement des acteurs publics chargés de cette question, le « ciblage » plus rigoureux des demandeurs d’emploi sans qualification et/ou issus des quartiers sensibles, l’accompagnement personnalisé des chômeurs en difficulté, le soutien apporté au développement de l’apprentissage et de la formation professionnelle, enfin la création de 300 maisons de l’emploi. Cependant, l’association se montre plus interrogative sur d’autres aspects du plan : par exemple, comment l’Etat financera-t-il 1 million de contrats d’activité sur 4 ans ? Qui assurera la formation prévue au titre ces contrats ? Comment des jeunes sans expérience ni qualification pourront-ils se substituer, dans le cadre du PACTE, aux fonctionnaires expérimentés partant à la retraite ? Où seront implantées les maisons de l’emploi, qui doivent pouvoir s’adresser aux jeunes des zones urbaines sensibles ? Pourquoi la fonction publique ne montre-t-elle pas l’exemple en matière de lutte contre les discriminations (diversité ethnique, gestion des carrières des femmes, etc.) ? Au chapitre du logement, l’Association partage les objectifs du plan, réclamant de son côté depuis longtemps que l’on diversifie l’implantation géographique du logement social dans les agglomérations et que l’on en produise davantage. En revanche, elle considère que l’objectif de 500 000 logements en 6 ans restera inaccessible sans un effort financier exceptionnel, notamment dans les secteurs (comme l’Ile-de-France) où le marché du foncier est tendu. Enfin, au chapitre de l’égalité des chances, si Ville et Banlieue soutient la démarche de réussite éducative visant à mobiliser des équipes pluri-partenariales au service des établissements et des élèves des ZEP – elle ne croit qu’à des mesures très volontaristes (peuplement contingenté des écoles, implantation de filières d’excellence, etc.) pour contrer les effets de la ségrégation résidentielle. Elle soutient aussi le développement des métiers de la médiation comme un instrument privilégié de la prévention et de la sécurité publique. En matière d’intégration, les élus des villes de banlieue se demandent quelle place leur sera faite dans le dispositif d’accueil, et comment la nouvelle ANAM coordonnera ses activités avec les interventions du FASILD. Ils demandent que la lutte contre le racisme et le sexisme occupe une place de choix dans l’organisation des établissements publics et les programmes scolaires d’éducation civique. Enfin, ils se félicitent de ce que leurs revendications et propositions les plus fortes aient trouvé un écho dans ce projet et que l’on s’achemine vers une augmentation et une concentration de la DSU sur un nombre plus restreint de villes en difficulté. Car pour les élus de Ville de Banlieue, la vraie solidarité territoriale exige de la future réforme des dotations qu’elle prenne en compte non seulement la pauvreté des populations et des ressources communales mais également le poids relatif des charges et des responsabilités sociales qu’ils assument. Ils seront donc très vigilants cet automne au moment où le Parlement devra le traduire dans la loi.<

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