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Édition du mercredi 6 juillet 2022
Santé publique

Variole du singe : l'Anses appelle à sensibiliser les travailleurs de la restauration collective

Face à une relative augmentation des cas de variole du singe, l'agence de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie pour mesurer la possibilité d'éventuelles infections via des aliments, notamment dans la restauration collective. L'Agence estime que le risque d'une transmission dans ce cadre n'est pas nul. 

Par Franck Lemarc

La variole du singe (virus Monkeypox) progresse en France – et en Europe – alors que cette maladie est habituellement inexistante en dehors de l’Afrique. Hier, Santé publique France indiquait que 577 cas ont été confirmés dans le pays, dont les deux tiers (387) en Île-de-France, depuis le premier cas repéré dans le pays le 7 mai dernier. Plus de 5 000 cas ont été détectés dans le monde hors d'Afrique. 

Cette maladie est en général bénigne – « aucun cas n’est décédé »  en France, en Europe et en Amérique du Nord, indique SPF – et se manifeste principalement par des éruptions cutanées, de la fièvre et une forte fatigue. En Afrique, certaines souches peuvent néanmoins être mortelles dans un 1 à 10 % des cas.  

Les scientifiques se montrent inquiets de la dissémination du virus, la souche qui a atteint l’Europe ayant visiblement fait l’objet de nombreuses mutations, selon une étude publiée dans la revue Nature, ce qui la rendrait nettement plus contagieuse que la souche initiale – mais pas plus grave ni mortelle. 

Risque « pas exclu » 

Jusqu’à présent, il semblait établi que la maladie se transmet essentiellement par voie sexuelle. Mais des cas de transmission par contact cutané ou aérosol (éternuements, postillons) ont également été constatés. 

L’Anses a donc été saisie en urgence pour « évaluer le risque de transmission de ce virus par les aliments ». 

L’avis de l’agence a été rendu public hier. Les experts expliquent que des cas de transmission par ingestion de viande infectée ont été constatés en Afrique, mais uniquement via de ce que l’on appelle la « viande de brousse », c’est-à-dire le gibier chassé pour l’alimentation dans les zones tropicales. Il s’agit ici d’une contamination par ingestion d’un animal lui-même infecté par le virus. La consommation (et même l’importation) de viande de brousse est interdite en France, mais l’Anses poursuit actuellement ses études pour savoir si le virus peut toucher des espèces consommées en Europe (bovins, ovins, etc.) et si une transmission est possible dans ce cadre. 

Reste la question d’une éventuelle contamination des aliments par une personne infectée : un ouvrier de l’agro-alimentaire ou un travailleur de la restauration collective, infecté par le virus, peut-il contaminer les aliments qu’il manipule et par ce biais la transmettre aux personnes qui les mangeront ? 

Cela « ne peut pas être exclu », conclut prudemment l’Anses. Les aliments manipulés peuvent être contaminés par contact avec les mains en particulier si la personne a des lésions cutanées ou « dans le cas de mauvaises pratiques d’hygiène »  (éternuements…). 

Même si le risque paraît assez faible, l’Agence recommande néanmoins aux gestionnaires de restauration collective  de « sensibiliser les travailleurs ». D’abord en rappelant que toute personne ayant des blessures infectées sur les mains ne doit en aucun cas manipuler de la nourriture ; ensuite en procédant à une information « sur les symptômes de ce virus pour que (les personnes) puissent se déclarer rapidement en cas d’infection et permettre la gestion efficace des personnes contact ». Les symptômes évoquant la variole du singe sont « des éruptions cutanées, maux de tête, fatigue et douleurs musculaires ». Une personne testée positive devra impérativement s’isoler. 

Plus généralement, dans la mesure où le virus est « persistant dans l’environnement », l’Anses recommande d’insister sur les mesures « d’hygiène, de nettoyage et de désinfection des matériels et des locaux pour limiter la contamination dans les espaces ayant pu être fréquentés par des personnes contaminées ». 

La variole, sous toutes ses formes, fait partie des 36 maladies qui doivent, en cas de test positif, faire l’objet d’une déclaration obligatoire, afin d’assurer le suivi d’une éventuelle épidémie. 

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