Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 19 avril 2021
Coronavirus

Vaccination des personnels en contact avec les enfants : « Rien ne sert de courir... »Â 

Le lancement de « créneaux spécifiques » pour la vaccination des personnels en contact avec les enfants (ainsi que des policiers, gendarmes et policiers municipaux) de plus de 55 ans n'a connu qu'un faible succès, ce week-end. La faute à la population, qui aurait « peur du vaccin AstraZeneca », comme on l'entend beaucoup, ou à un défaut de préparation et de communication, côté gouvernement ? 

Par Franck Lemarc

C’est jeudi soir que le Premier ministre a annoncé l’ouverture de « créneaux spécifiques »  de vaccination pour certains professionnels très exposés au virus, donc les enseignants, mais aussi les Atsem, les AESH, les assistants maternels, mais aussi les policiers et gendarmes nationaux et les policiers municipaux. Sous conditions d’âge, puisque seuls les plus de 55 ans sont concernés. Comme l’expliquait à Maire info, vendredi, le maire de Douai et co-président de la commission Santé de l’AMF, Frédéric Chéreau, il ne s’agit pas « d’une réelle priorisation, puisque ces publics ont déjà droit à la vaccination », au même titre que toutes les personnes de plus de 55 ans même sans facteurs de comorbidité. Néanmoins, l’ouverture de créneaux uniquement réservés à ces publics a bien été organisée dès vendredi par les ARS et les préfectures et s’est mise en place dans un certain nombre de centres de vaccination gérés par les communes. 

Peu d’affluence dans les centres

Mais dans beaucoup d’entre eux, le succès n’a pas été au rendez-vous ce week-end. La presse nationale comme régionale, ce matin, fournit de nombreux exemples de centres qui, non seulement n’ont pas fait le plein ce week-end, mais ont même, pour certains, fini par fermer leurs portes avant l’heure prévue, faute de volontaires pour la vaccination. À Paris, de tels créneaux avaient ouvert dans certaines casernes de pompiers ; elles sont restées en grande partie vides pendant tout le week-end. À Amiens, 300 doses étaient prévues – seulement 60 ont été utilisées. À Nice, « 58 personnes se sont présentées pour 4 000 doses disponibles », témoigne dans la presse le directeur de cabinet du préfet. 80 personnes sont venues à Tours, alors que 500 à 600 étaient attendues. Même constat à Saintes (20 personnes pour 200 doses prévues), à Lorient, à Beauvais (25 doses administrées samedi)…
Une situation qui a provoqué une certaine amertume chez un bon nombre de maires, qui avaient fait des pieds et des mains pour répondre à l’appel du gouvernement et se sont organisés dans un temps extrêmement court pour mettre en place ces créneaux spécifiques – avec ce que cela signifie de mobilisation des personnels municipaux le week-end. 

Méfiance ou… manque d’anticipation du gouvernement ?

Beaucoup de commentateurs insistent ce matin sur le fait que ce « flop »  serait dû à la « méfiance »  des personnels concernés vis-à-vis du vaccin AstraZeneca, le seul qui a été dédié à cette campagne spécifique. Des cas ont naturellement existé – plusieurs reportages ont montré des personnes ayant rebroussé chemin en apprenant qu’il leur serait administré de l’AstraZeneca. Mais est-ce vraiment la raison principale ? Ou le problème est-il plutôt dû à une campagne organisée bien trop vite, annoncée bien trop tard et insuffisamment ? 
Beaucoup des personnels concernés n’étaient tout simplement pas au courant de l’existence de cette possibilité. À l’Éducation nationale, on annonce avoir envoyé un mail aux intéressés – mais samedi. Il est probable que nombre d’enseignants, surtout en pleines vacances scolaires, ne regardent pas forcément leurs mails professionnels le week-end. Il en va de même pour les agents des collectivités territoriales concernées. 
De plus, alors que certaines préfectures ont annoncé dès vendredi que les personnels concernés pouvaient réserver leur place de façon prioritaire sur Doctolib, cette possibilité n’existe toujours pas, ce lundi matin, sur la plate-forme. Dans ces conditions, on voit mal comment l’affluence aurait pu être, samedi et dimanche, au rendez-vous. 
On comprend donc qu’un certain nombre de maires soient agacés de cette situation – car pour eux, l’organisation d’une telle campagne se compte, aussi, en dépenses sonnantes et trébuchantes. Le gouvernement a annoncé le jeudi soir l’ouverture d’une campagne pour le samedi, persuadé que l’intendance suivrait. C’est ce qu’il s’est passé, et les maires, tout comme, du reste, les ARS et les préfectures, ont été au rendez-vous et se sont organisés en un temps record. Peut-être aurait-il été possible, pour éviter un certain gâchis de temps, d’énergie et de moyens, de prendre un peu de temps pour permettre, au moins, de prévenir la population concernée ?
La campagne va maintenant se poursuivre et probablement gagner de l’ampleur – car il n’y a pas de raison que cette population soit particulièrement plus méfiante vis-à-vis du vaccin que le reste de la population. 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2