Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 3 juin 2021
Coronavirus

Vaccination des adolescents, Nouvelle-Aquitaine, variant Delta : les infos covid-19 à retenir

À partir du 15 juin, les adolescents pourront eux aussi se faire vacciner contre le covid-19, afin d'accélérer l'immunité collective, a annoncé hier le président de la République. Le gouvernement a par ailleurs fait l'annonce de certaines inquiétudes sur un début de recrudescence de l'épidémie dans le sud-ouest du pays. 

Par Franck Lemarc

Les 12-18 ans auront accès au vaccin de Pfizer dès mardi prochain, a décidé le gouvernement hier, suivant en cela la recommandation de la Haute autorité de santé, qui elle-même a suivi l’avis de l’Agence européenne du médicament du 28 mai. Cette vaccination de mineurs ne pourra avoir lieu qu’avec le double accord du jeune et de ses parents. 

Vacciner les ados pour protéger les adultes

Cette décision est, clairement, davantage motivée par la volonté de protéger les adultes que les adolescents eux-mêmes, qui ne développent qu’extrêmement rarement des formes graves du covid-19. En revanche, une large vaccination de cette tranche d’âge permettrait d’ériger une barrière supplémentaire contre la diffusion du virus, notamment au sein des familles. Et d’atteindre un peu plus vite l’immunité collective. En effet, celle-ci, d’après les dernières projections, supposerait que 90 % de la population adulte soit vaccinée, ce qui paraît inatteignable si l’on tient compte du taux de refus. Mais elle pourrait également être atteinte si 80 % de la population générale était vaccinée. La vaccination des adolescents correspond à cet objectif. 
Aujourd’hui, seuls les États-Unis et Israël vaccinent les adolescents. L’Allemagne et l’Italie devraient rejoindre le cortège dans les jours à venir.

« Signaux d’alerte » 

Du côté des chiffres de l’épidémie, la tendance est toujours à la décrue. Depuis la fin du mois de mai, le nombre de patients covid en réanimation est enfin repassé sous la barre des 3000. Cela représente une baisse de moitié par rapport à la fin avril. Le nombre de contaminations quotidiennes est également en très forte baisse – actuellement à 8 700 environ contre plus de 25 000 fin avril. Le taux d’incidence ne dépasse plus les 150 cas pour 100 000 habitants que dans trois départements – deux en métropole, la Loire et la Côte-d’Or, et un outre-mer, la Guyane, où la situation reste préoccupante avec un taux d’incidence à 319). 
Pas question pour autant de baisser la garde : le gouvernement a toutefois relevé hier, au sortir du Conseil des ministres, des « signaux d’alerte »  dans le sud-ouest du pays, dans la région Nouvelle-Aquitaine. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est montré assez alarmiste, hier, en pointant « une augmentation de 80 % du taux d’incidence en une semaine dans les Pyrénées-Atlantiques », l’un des départements les moins touchés par l’épidémie jusqu’à présent. Sur l’ensemble de la région, le taux de reproduction du virus (le « R » ) serait repassé au-dessus de 1, ce qui est synonyme d’extension de l’épidémie (chaque personne infectée en contamine plus d’une autre). 
Du côté de l’ARS, on se montre moins alarmiste : si le directeur de l’agence, Benoît Elleboode, confirme dans la presse locale « qu’il se passe quelque chose »  en Nouvelle-Aquitaine, il relativise les chiffres donnés par Gabriel Attal, parlant d’un taux d’incidence dans les Pyrénées-Atlantiques en hausse de « 36 % »  et non de « 80 % ». Seuls le Lot-et-Garonne et la Charente-Maritime, en dehors des Pyrénées-Atlantiques, voient leur taux d’incidence s’élever. Pour le patron de l’agence régionale de santé, ces chiffres étaient « prévisibles et prévus », précisément parce que la région a été jusqu’à présent la moins touchée du pays et que l’immunité collective est donc moindre, dans la région. 

Variant « Delta » 

L’inquiétude vient en particulier de la possibilité de voir le variant repéré en Inde se développer : hier, dans les Landes, il a été annoncé qu’une famille de quatre personnes a été contaminée par ce variant dans l’agglomération de Dax, sans avoir eu aucun contact avec des personnes ayant voyagé en Inde ou en Grande-Bretagne. L’ARS a décidé, en conséquence, de lancer une campagne de dépistage massif dans les établissements scolaires de la communauté de communes d’Orthe et Arrigans. 
Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé, cette semaine, a décidé de désigner désormais les variants par des lettres de l’alphabet grec et non par des noms de pays, afin d’éviter toute forme de discrimination – on se souvient, au début de l’épidémie, de l’expression de « virus chinois »  utilisée par Donald Trump. Cette décision bienvenue conduit à ce que la souche repérée en Grande-Bretagne (majoritaire en France aujourd’hui) s’appelle désormais Alpha, celle repérée en Afrique du sud, Beta, etc. Les deux souches qui ravagent l’Inde aujourd’hui s’appellent désormais Delta et Kappa. 
C’est bien ce virus Delta, particulièrement virulent, qui inquiète aujourd’hui l’OMS. Alors que la Grande-Bretagne se croyait sortie d’affaire – pour la première fois depuis des mois, hier, il n’y a pas eu un seul mort du covid-19 dans le pays – les contaminations sont de nouveau reparties à la hausse ces derniers jours, doublant en une seule semaine. Le variant Delta, qui ne représentait début mai que quelques rares cas dans ce pays – caractérisé par de nombreux échanges avec l’Inde – est maintenant en train de devenir majoritaire, représentant désormais « entre la moitié et les trois quarts des nouveaux cas positifs », selon le ministère de la Santé britannique. Dans le sud-est du pays, il représenterait déjà 100 % des nouveaux cas. 
Une fois encore, en cas de pénétration importante de ce variant dans le pays, ce sera la vaccination qui sera la seule et unique défense. Et la vaccination complète : selon les autorités de santé, une seule dose de vaccin ne protège qu’à 33 % contre le variant Delta. Deux doses de Pfizer permettraient une protection de l’ordre de 88 %, et 60 % pour l’AstraZeneca.

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