Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 6 avril 2010
Urbanisme

En cinq ans, le programme national de rénovation urbaine (PNRU) n'a pas atteint tous les objectifs fixés

Cinq après le lancement du Programme national de rénovation urbaine (PNRU), qui concerne 460 quartiers défavorisés et trois millions d’habitants, la mixité sociale peine à s’imposer dans les quartiers défavorisés, selon un rapport publié vendredi par le Comité d’évaluation et de suivi de l’Agence nationale de rénovation urbaine (CES/ANRU). Les objectifs quantitatifs du PNRU ont été atteints à 70% puisque les quartiers «ont changé sur tous les aspects urbains», mais leur peuplement est un «échec réel», conclut le rapport. «Les objectifs ambitieux de la mixité sociale ont souvent dû être revus à la baisse, bien que la diversification de l’habitat constitue un progrès», pointe le texte présenté par Yazid Sabeg, président du CES/ANRU et commissaire à la diversité. Le CES/ANRU a réalisé une évaluation «transversale» dans dix sites «emblématiques». Il s’agit notamment du plateau de Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis) - point de départ des émeutes de novembre 2005 -, du Val d’Argent à Argenteuil (Val-d’Oise), des quartiers nord du Havre (Seine-Maritime) ou de Lyon-La Duchère (Rhône). Résultat: plus de 80% des logements reconstitués relèvent de l’habitat collectif là où il aurait fallu «diversifier la morphologie urbaine» (immeubles bas à l’architecture différente des barres) et les statuts (locations libres, accession à la propriété). Dans 70% des cas, les habitants concernés par les démolitions sont relogés dans leur quartier d’origine quand il aurait fallu reconstruire des logements sociaux ailleurs, regrette Yazid Sabeg. Il aurait aussi fallu construire des logements non sociaux sur les sites libérés afin d’y attirer des ménages à statut socio-économique différent. Du coup, il n’y a pas de «brassage des populations», selon M. Sabeg. La mise en œuvre du droit au logement opposable (Dalo) a contribué à cette situation puisque les bénéficiaires sont «systématiquement relogés dans les quartiers». Par ailleurs, note le rapport, «le transport urbain et le développement économique local ont été largement déconnectés de la rénovation des quartiers, faute d’une gouvernance globale qui intègre de façon cohérente et coordonnée les diverses problématiques de la politique de la ville». Dans l’enseignement, les interventions n’ont consisté le plus souvent qu’à réhabiliter des infrastructures dégradées et non à créer de l’attractivité. La sectorisation scolaire n’a pas favorisé la mixité sociale. Les phénomènes d’évitement qui explosaient au collège se sont accentués avec l’assouplissement de la carte scolaire. Au moment où le PNRU 2 (2010-2014) est engagé, M. Sabeg demande que «la rénovation urbaine ne soit pas un prétexte pour éloigner les populations dans le but de changer la sociologie» des centres-villes. (Avec AFP) Pour télécharger le rapport sur le site de "La Gazette des communes" (PDF, 1,5 Mo), voir lien ci-dessous.

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