Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 16 décembre 2005
Transports

Une étude universitaire critique les choix de gestion des déplacements à Paris

La polémique enfle à Paris après la publication d'une étude très critique sur le choix de gestion des déplacements par la municipalité socialiste. Cette étude, signé de trois universitaires, Rémy Prud'homme (Paris XII), Pierre Kopp (Paris I) et Juan Pablo Bocajero (doctorant à Paris XII), a été bouclée le 24 novembre dernier et doit paraître en mars 2006 dans la revue "Transports". Les grandes conclusions ont paru dans le supplément Ile-de-France de l’hebdomadaire le "Nouvel Observateur" du 15 décembre. Comparant Paris et Londres, l'étude conclut notamment que dans la capitale française, l'objectif de réduction de la circulation automobile (–9% du trafic auto dû à la politique municipale et –13,3% au total du fait de la tendance longue à la baisse du trafic), «a principalement été atteint au moyen d’une restriction de l’espace dédié à l’automobile, et donc de la vitesse des automobiles (–12%), d’une stagnation de la fréquentation des autobus et selon les données disponibles, d’une stagnation de leur vitesse.» «La politique suivie a ainsi engendré une perte considérable pour les automobilistes (plus de 700 millions d'euros), pour les transporteurs de marchandises (plus de 100 millions d'euros) et pour l’environnement (pas loin de 100 millions d'euros), sans gains ou sans gains importants pour les utilisateurs d’autobus ni ceux du métro», écrivent les auteurs. Toujours selon le rapport, «en 2004 on a, relativement à 2000, moins de véhicules mais chacun d’eux roule moins vite. […] Il n’est pas douteux que ce changement engendre une augmentation des rejets polluants d’origine automobile dans Paris. […] La combinaison des hausses de rejets au kilomètre et de la baisse des kilomètres parcourus fait apparaître des augmentations des rejets polluants de plus de 50%.» Dans un communiqué du 13 décembre, Yves Contassot, adjoint au maire de Paris chargé de l'environnement, a démenti ces conclusions, affirmant qu'«aucune mesure ne vient étayer les allégations» des auteurs. Selon lui, «aucune étude globale sur les impacts constatés des nouveaux aménagements de la voirie parisienne sur la pollution de l'air n'a été rendue». «L'association Airparif, chargée par les pouvoirs publics de mesurer la pollution de l'air sur l'Île-de-France reconnaît elle même n'être aujourd'hui en possession d'aucun élément spécifique sur ces impacts.» Yves Contassot affirme que «cette simple constatation suffit à décrédibiliser l'ensemble du propos de l'Automobile Club (sic) dont l'objet est manifestement de servir des intérêts opposés à la réduction de la principale source de pollution de l'air à Paris». Les auteurs, Rémy Prud'homme et Pierre Kopp, ont vigoureusement protesté en retour, constatant que leur travail «destiné à être publié dans une revue scientifique, suscite des réactions d’une rare violence». Et d'expliquer que leur «recherche n’a été commanditée par personne et financée par aucune institution», et que «toutes les analyses et affirmations de [leur] texte reposent sur des données dont nous indiquons la source et que nous traitons selon des méthodologies que nous exposons». «Nous sommes ouverts à la discussion, à la critique, et aux compléments d’information. De préférence avec des gens qui préfèrent les arguments aux invectives», concluent les universitaires.<scri

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