Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 26 octobre 2015
Transports

Drame de Puisseguin : les maires en première ligne avec leur association départementale

Quatre mille, peut-être même cinq mille personnes ont défilé hier dans les rues du village de Petit-Palais, en Gironde, en hommage aux 43 victimes de l’accident de car de vendredi. L’ampleur de cette manifestation donne une idée de l’immense émotion provoquée par ce drame dans la vingtaine de communes touchées.
Depuis vendredi, les réactions de soutien et de solidarité se succèdent dans tout le pays. Demain, une cérémonie « laïque »  – comme les maires locaux en ont exprimé le souhait – se déroulera en présence du président de la République, de nombreux élus et des citoyens. Vendredi, le président de l’AMF, François Baroin, a exprimé « l’émotion des maires de France »  et rendu hommage « aux équipes de secours et aux équipes municipales engagées et mobilisées pour soutenir les rescapés et leurs proches ».
On ne sait encore pas tout, loin de là, sur les circonstances de l’accident qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de membres d’un club du troisième âge partis en excursion, ainsi qu’au conducteur d’un poids lourd et son fils de trois ans. Il est seulement certain que la collision entre les deux véhicules a provoqué un incendie rapide et extrêmement violent. La suite de l’enquête a été confiée aux services spécialisés de la gendarmerie.
Sans verser dans les polémiques, il est évident que ce drame tombe mal pour le gouvernement au moment où il souhaite relancer le transport par autocar et où la libéralisation du transport par car, née de la loi Macron, commence à porter ses fruits. C’est la raison pour laquelle des personnalités de la majorité ont violemment critiqué les déclarations du député Vert Noël Mamère, qui s’est posé la question vendredi des « choix politiques »  conduisant à privilégier l’entretien des autoroutes par rapport à celui des routes départementales et le car par rapport au train. « Il ne faut pas jeter le discrédit sur les élus, et notamment sur le conseil départemental, qui font tout ce qu'ils peuvent pour entretenir ces routes. Dans ces circonstances, la polèmique sur l'état de la route n'a pas lieu d'être », a réagi samedi sur France info Gérard César, le maire de Rauzan et président de l'Association départementale des maires de Gironde. « Nous savons que cette route est étroite et dangereuse mais pas plus que d'autres routes de la Gironde », a-t-il ajouté, invitant à attendre les résultats de l'enquête pour connaître les circonstances exactes de l'accident.
S’il est bien trop tôt pour incriminer l’état de la route ou toute autre cause, il reste que les experts devront déterminer comment il est possible qu’un véhicule répondant pourtant aux normes de sécurité modernes ait pu s’enflammer comme une torche en quelques instants. Et la confiance que les usagers mettront dans le transport par car dépendra certainement, à l’avenir, des réponses apportées par l’enquête et de la réaction des constructeurs. On peut rappeler qu’à la suite du dramatique accident de Beaune, en 1982, qui avait fait 53 morts, la réglementation avait dû évoluer, avec la limitation de la vitesse sur autoroute par temps de pluie et l’équipement de tous les camions et cars d’un dispositif automatique de limitation de vitesse. Avec des limites aujourd’hui évidentes : depuis cet accident, la réglementation veut que les véhicules de transport en commun soient fabriqués dans des matières incombustibles…
Il est très probable que le drame de Puisseguin et les résultats de l’enquête amèneront d’autres évolutions de la réglementation. Mais les chiffres sont là : malgré le caractère effroyable de telles catastrophes, le car reste, avec le train et l’avion, le mode de transport le moins accidentogène. Le pire étant le deux-roues motorisé (49 morts par milliard de km parcourus), suivi, loin derrière, par la voiture (3,14 mort/milliard km) ; suivent l’autocar (0,2 mort), le train (0,13) et l’avion (0,06).
F.L.

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