Maire-info
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Édition du lundi 7 janvier 2019
Transports

Autoroutes : le gouvernement souhaite que les concessionnaires fassent un « geste »

Alors que le mouvement des Gilets jaunes, contrairement aux espérances du gouvernement, ne s’arrête pas – le ministère de l’Intérieur a encore compté, samedi 5 janvier, 50 000 manifestants – la question de la hausse des tarifs des autoroutes prévue le 1er février inquiète. La ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, a donc reçu, pour la deuxième fois, les représentants des concessionnaires, vendredi.
Les péages autoroutiers doivent augmenter de 1,9 % le 1er février. Prévue de longue date, cette hausse est censée permettre de financer quelque 700 millions d’euros de travaux d’aménagement et d’entretien, notamment à des fins écologiques, puisqu’il est question de multiplier les franchissements d’autoroute pour la faune, défense de la biodiversité oblige, ou d’améliorer le ruissellement.
Sauf qu’après bientôt deux mois de crise des Gilets jaunes – crise qui avait démarré, précisément, sur le prix du transport automobile – cette augmentation risque de mal passer. Les sociétés d’autoroute ont d’ailleurs plusieurs fois été prises pour cible par les manifestations, allant jusqu’à l’incendie de locaux ou de péages.
Dire que l’augmentation prévue des péages est impopulaire relève de la litote : selon un sondage effectué hier par le journal Le Dauphiné libéré auprès de 1800 internautes, « 93 % des personnes interrogées estiment qu’il faut geler les tarifs ».
Élisabeth Borne a donc reçu les concessionnaires vendredi pour, d’une part, faire le point sur le coût des dégradations liées aux manifestations, à propos desquelles elle a répété sa « plus ferme condamnation »  et sa « fermeté totale ». Et, d’autre part, pour poursuivre les discussions « sur l’évolution des tarifs ». Cette discussion, précise la ministre dans un communiqué publié le soir même, doit être « un préalable à toute prise de décision », le gouvernement étant « déterminé à trouver les meilleures solutions en faveur du pouvoir d’achat des usagers ». La ministre appelle les concessionnaires « à entendre l’attente forte qui s’exprime en faveur du pouvoir d’achat, et à faire des propositions à la hauteur dans le cadre de leurs politiques tarifaire et commerciale ».

Un geste pour les déplacements domicile-travail ?
Déjà, fin décembre, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin avait jugé « pas très raisonnable »  une augmentation des tarifs de péage dans le contexte actuel. Mais de l’autre côté, le ministère des Transports se dit opposé à un gel, qui aurait pour conséquence des hausses plus fortes à l’avenir : « Toute initiative de court terme qui s’avérerait défavorable aux usagers sur le long terme ne peut pas constituer une solution crédible », écrit ainsi la ministre.
Quelle solution serait alors envisageable ? Il semble que celle qui a la faveur du gouvernement soit « un geste commercial »  pour les usagers « réguliers effectuant des trajets domicile-travail ». Ce dispositif existe déjà sur certains tronçons, et le gouvernement semble vouloir pousser les concessionnaires à le généraliser. Reste à savoir ce que ces derniers exigeront en retour. On sait que les sociétés d’autoroutes, depuis longtemps, militent pour obtenir un allongement de la durée des concessions.
Rappelons que, selon les comptes publiés par l’Arafer (l’autorité de régulation du transport) en décembre, le secteur représente un chiffre d’affaires de quelque 10 milliards d’euros, avec une marge d’un niveau exceptionnel (autour de 72 %). Ces marges impressionnantes s’expliquent de façon « structurelle », détaille l’Arafer, par le fait que le trafic autoroutier produit automatiquement un revenu très important sans que les sociétés aient besoin d’investir fortement chaque année.
F.L.

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