Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 29 novembre 2021
Transports

Transports publics : l'UTP demande aux candidats de « s'engager » 

L'Union du transport public (UTP) vient de publier son « manifeste » adressé aux candidats à l'élection présidentielle, « pour sensibiliser le futur chef de l'État à l'absolue nécessité de soutenir les transports publics et ferroviaires ». Avec, au menu, 20 propositions concrètes pour augmenter la part modale des transports collectifs. 

Par Franck Lemarc

Les alertes urgentes sur la dégradation de la situation climatique n’y font rien : la part modale des transports collectifs, loin d’augmenter, diminue. 

C’est le bilan de la dernière enquête du ministère chargé des Transports qui l’indique : entre 2019 en 2020, la part des déplacements en véhicules particuliers a augmenté de 4,4 points, tandis que celle des transports collectifs a diminué de 3,6 points. Et l’épidémie, qui se traduit naturellement par une crainte accrue de prendre les transports en commun où les gestes barrières sont souvent bien difficiles à respecter, ne risque pas d’arranger les choses. 

Triple rôle

Dans ce contexte, l’UTP – qui regroupe les entreprises du transport public et du fret – milite pour « renverser la tendance », en rappelant que le transport est responsable, en France, de 31 % des émissions de gaz à effet de serre. Il faut donc « favoriser résolument les transports publics et ferroviaires, seuls modes capables d’assurer la mobilité du plus grand nombre et le transport de marchandises tout en préservant la planète et la qualité de vie ». 

Au-delà de la question climatique, les transporteurs réaffirment le rôle joué par les transports collectifs dans « un aménagement plus équilibré du territoire », assurant qu’ils « participent à la cohésion sociale et territoriale »  et constituent « une réponse efficiente aux questions de mobilité à moindre coût », dans un contexte de flambée des prix des carburants.

Enfin, l’UTP pointe le rôle central des transports publics dans le développement économique du pays.

2,5 milliards d’euros pour les transports urbains

Ces trois raisons (climatique, sociale et économique) amènent l’organisation professionnelle des transporteurs à interpeller les candidats à l’élection présidentielle, pour leur demander de « s’engager pour une mobilité durable au service de tous les Français ». 

D’abord sur le plan financier : l’UTP demande « un soutien pérenne de l’État aux projets de développement des infrastructures et des services de transport urbain ou périurbain portés par les Autorités organisatrices de la mobilité de toutes taille », en passant « d’une logique d’appel à projets à une logique d’accompagnement continu ». L’UTP propose une base de 2,5 milliards d’euros sur le prochain quinquennat, avec pour objectif de « doubler la part modale du transport public urbain en engageant l’État et les collectivités territoriales ». 

Pour ce qui concerne le ferroviaire, l’UTP propose de « porter l’effort de SNCF Réseau à 6 milliards d’euros par an pour moderniser le réseau ». 

« Verdissement »  et financement

L’UTP demande également aux candidats de s’engager sur « un soutien financier aux projets de transfert modal du fret »  et aux « efforts de verdissement des flottes de transport public »  ((aide à l’acquisition de véhicules propres électriques, à hydrogène, ou bio-GNV, etc.). 

Les transporteurs suggèrent également de systématiser le recours aux plans de mobilité durable, en imposant leur mise en place à tous les « employeurs, établissements scolaires, culturels et commerciaux ». Et de « développer l’éducation à la mobilité durable »  dès l’école primaire. 

Comme le font l’AMF et le Gart (groupement des autorités responsables du transport) depuis des années, l’UTP demande le retour au taux de TVA à 5,5 %, ce qui équivaudrait à reconnaître la qualité de « produit de première nécessité »  aux transports publics. L’AMF sera en revanche certainement moins sensible à la proposition de l’UTP de donner aux AOM (autorités organisatrices de la mobilité, c’est-à-dire, désormais, les intercommunalités) « l’ensemble des compétences relatives à la mobilité », dont la voirie, le stationnement, etc. 

L’UTP demande également un encadrement du droit de retrait et du droit de grève, afin « de favoriser la continuité du service au public ». 

Pour financer la politique de transport public, les transporteurs demandent une fois de plus « la sanctuarisation du versement mobilité », la taxation des livraisons par voie routière et la mise en place « d’un prélèvement sur les plus-values foncières générées par la réalisation d’infrastructures structurantes de transport public urbain (BHNS, tram, métro, etc.) ou ferroviaire ». 

On peut enfin noter que la question des transports collectifs dans le monde rural est totalement absente des propositions de l’UTP. Certes, cette organisation est avant tout composée de transporteurs urbains, mais il paraît tout de même étonnant de considérer la question du transport collectif sans prendre en compte le problème essentiel des transports en commun dans les secteurs ruraux où, bien souvent, la voiture individuelle est le seul et unique mode de transports existant. Ces zones que l’ancienne ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, avait qualifié naguère de « zones blanches de la mobilité ». 

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