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Édition du mardi 30 novembre 2021
Tourisme

Tourisme : les Français ont sauvé la saison estivale

Le bilan touristique de la saison estivale est encourageant avec un nombre de nuitées en juillet et en août tutoyant celui de 2019. À l'échelle mondiale, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) juge, toutefois, la reprise de l'activité « lente » et « fragile », alertant sur une situation « totalement imprévisible ».

Par A.W.

« Au fil des mois, la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme retrouve des couleurs. »  C’est le constat fait par l’Insee dans une étude, publiée vendredi, et dont les auteurs constatent que depuis le mois de mai dernier, l’activité touristique a repris dans l’Hexagone. Essentiellement grâce à la clientèle française.

Fréquentation proche du niveau d’avant-crise

Malgré la quatrième vague de covid-19, le passe sanitaire et une météo maussade, l’institut confirme un bilan plutôt positif et encourageant de la dernière saison touristique estivale, notamment à la fin de l’été. 

La fréquentation des mois de juillet et août s’est ainsi rapprochée de son niveau de 2019. « En août 2021, l'activité touristique en France a atteint 93 % de son niveau d'avant-crise, avec 82,8 millions de nuitées, contre 88,7 millions en août 2019 », observe l’institut, soulignant que la reprise de la fréquentation est plus forte dans les campings avec « 46 millions de nuitées en août 2021, contre 47,4 millions en août 2019 ».

Reste que la fréquentation des mois de mai et juin 2021, mesurée en nombre de nuitées touristiques, est restée pour sa part « très inférieure »  à celle de mai et juin 2019. 

Globalement, les hébergements collectifs touristiques ont ainsi enregistré, durant l’été 2021 (considéré de mai à août), 197 millions de nuitées en France, soit 19 % de moins qu’à la même période en 2019, avant la crise sanitaire. 

Littoral et montagne privilégiés, les villes délaissées

Une fréquentation qui a surtout été portée par les vacanciers français puisque le niveau des nuitées réservées par ces derniers a quasiment retrouvé son niveau d’avant-crise (- 2 %). Comme à l’été 2020, la clientèle a privilégié les séjours le long du littoral et dans les massifs de montagne, loin des grands centres urbains. 

« De mai à août 2021, la fréquentation atteint 89,4 millions de nuitées sur le littoral, soit 92 % du niveau de 2019. Dans les massifs de montagne, le nombre de nuitées est de 11,4 millions (91 % du niveau 2019) », indiquent les auteurs de l’étude, qui soulignent la différence avec les espaces urbains : « Les nuitées sont à 62 % de leur niveau de l’été 2019 dans [ces] établissements, soit une perte de 30,5 millions de nuitées sur les 45,3 millions de nuitées de moins par rapport à 2019 sur l’ensemble de la France ». 

L’Île-de-France a été particulièrement touchée avec une chute de près de 60 % du nombre de nuitées, les autres centres urbains connaissant une baisse globale de 24 %. À noter que le nord-est de la France a lui aussi connu, contrairement au reste de la métropole, un déficit de fréquentation de la clientèle française. 

Dans les départements d'outre-mer (DOM) où le nombre de nuitées a baissé de 26,5 %, celles spécifique à la clientèle française ont reculé de 22 %.

Le retour « timide »  de la clientèle étrangère

Compte tenu des restrictions sur les voyages encore en vigueur à l’été 2021, le retour de la clientèle étrangère a lui été « beaucoup plus timide », les nuitées des clients venus de l’étranger ayant diminué de 56 % par rapport à la même période en 2019. Le déficit de touristes étrangers a touché en premier lieu les hôtels haut de gamme, ceux-ci ayant perdu 19,4 millions de nuitées de mai à août. 

L’Île-de-France paie là aussi le prix fort avec une fréquentation hôtelière des non-résidents qui se réduit comme une peau de chagrin : seulement 21 % de son niveau de l’été 2019. La raréfaction de la clientèle d’affaires a également pesé.

Dans les DOM, les nuitées des clients étrangers ont également chuté de manière importante (- 64 %), mais cette baisse est à relativiser car les nuitées étrangères sont proportionnellement beaucoup faibles que celles des clients français. 

« Les effets cumulés de la crise sanitaire et du Brexit entraînent un recul très marqué des touristes originaires du Royaume-Uni, première clientèle étrangère durant la décennie 2010 », observent les auteurs de l’étude. Cependant, « la fréquentation des clientèles venant des pays frontaliers est, quant à elle, revenue à 80 % de son niveau d’avant-crise, certaines étant complètement revenues (Belgique, Suisse) et d’autres partiellement (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas) ».

Une situation « totalement imprévisible », selon l’OMT

Une analyse confirmée, dimanche, par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), mais cette fois-ci à l’échelle mondiale. « Après un premier semestre 2021 morose, le tourisme international a rebondi pendant la saison estivale de l'hémisphère nord, dopant les résultats du troisième trimestre de l'année, notamment en Europe », explique l’OMT dans la dernière édition de son baromètre. Malgré tout, celle-ci constate un rythme de reprise « inégal selon les régions du monde ».

Ainsi, le secteur touristique mondial devrait encore perdre 2 000 milliards de dollars (soit 1 780 milliards d'euros) cette année sous l'effet des restrictions liées à la pandémie de covid-19, a-t-elle annoncé, jugeant la reprise de l'activité « lente »  et « fragile ». 

Une estimation qui survient alors que de nouvelles restrictions ont été prises, en particulier en Europe, pour faire face à une nouvelle vague de l'épidémie et que le variant Omicron se propage dans le monde entier. Une évolution qui démontre que « la situation est totalement imprévisible », a reconnu le secrétaire général de l'OMT.

Plateformes : Paris et Nice dans le top 10 européen, en 2019

Dans une autre étude, parue également vendredi dernier, l’Insee révèle les résultats des villes françaises et européennes les plus prisées des plateformes d'hébergement entre particuliers (type Airbnb) avant la crise.

Avec 109 millions de nuitées en 2019, soit un cinquième des nuitées de l’Union européenne, « la France [était] particulièrement concernée par ce mode de réservation et d’hébergement », explique l’Institut. D’autant que la proportion de Français parmi les hébergés est très élevée sur ce marché, « bien plus qu’en Espagne ou en Italie, pays davantage tributaires de la clientèle internationale ». Ces trois pays concentrant à eux seuls 55 % des nuitées de ce type.

Au classement des villes européennes, Paris était ainsi la première destination avec 15 millions de nuitées enregistrées devant Barcelone, Lisbonne et Rome en 2019. Avec plus de 5 millions de nuitées, Nice se hissait à la neuvième place, rivalisant avec Porto et Vienne. 

Les zones littorales et de montagne ne sont pas en reste puisqu’elles participent pour beaucoup au succès de l’hébergement proposé par les plateformes. Près de la moitié des nuitées passées en France avaient ainsi lieu sur le littoral en 2019.

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