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Édition du mercredi 11 septembre 2019
Social

Niveaux de vie en progression, salariés plus pauvres… : ce qu'il faut retenir des analyses de l'Insee

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a collecté et analysé, dans sa dernière étude publiée hier, les principaux indicateurs économiques du pays. Quatre enseignements sont à en tirer : entre 2016 et 2017, le niveau de vie médian augmente légèrement (mais est immuable sur dix ans), les inégalités sont « quasi stables »  et le taux de pauvreté des salariés progresse quand celui des chômeurs se réduit un peu. Pas moins de 14,1 % des Français (+0,1 % par rapport à 2016, +0,9 % par rapport à 2008) étaient en situation de pauvreté en 2017. Parmi eux, 8,9 millions vivaient sous le seuil de pauvreté.
1 735 euros net par mois. C’est le niveau de vie médian d’une personne vivant seule en France métropolitaine. Il s’élève, pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, à 3 644 euros par mois. « Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant un niveau de vie inférieur et la seconde un niveau de vie supérieur », expliquent Julien Blasco et Jorick Guillaneuf, les auteurs de l’étude.
Entre 2016 et 2017, le niveau de vie médian progresse légèrement de 0,4 % « en euros constants »  mais « connaît une période de quasi-stagnation d’une durée inédite ». Son montant n’est, en effet, supérieur que de 0,7 % par rapport à 2008, année de la crise économique. « Le niveau de vie médian a légèrement baissé entre 2008 et 2013 (- 0,3 % par an en moyenne), puis augmente lentement depuis (+ 0,5 % par an). Cette progression modérée depuis quatre ans reste très en deçà de celle observée avant 2008 (+ 1,4 % par an en moyenne entre 1996 et 2008) ».

14,1 % des Français en situation de pauvreté
Toutefois, la légère progression du niveau de vie médian ne fait pas reculer la pauvreté. Au contraire, elle gagne un peu de terrain sur un an. 14,1 % des Français étaient en situation de pauvreté en 2017 (+0,1 % par rapport à 2016). Pour être plus concret, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie inférieur à 837 euros par mois. « Au cours des vingt dernières années, le taux de pauvreté a atteint son minimum en 2004, à 12,7 %. Il est ensuite remonté en 2005 et 2007, puis plus fortement après la crise économique de 2008. Après une baisse en 2012 et 2013, il se stabilise depuis à un niveau supérieur de près d’un point à celui de 2008 (13,2 %) ».
En 2017, les 20 % de personnes les plus aisées perçoivent 38 % de la masse totale des niveaux de vie, tandis que les 20 % des plus modestes en perçoivent 9 %. Ainsi, les premiers perçoivent une part des niveaux de vie 4,3 fois plus importante que les seconds. En un an, les inégalités sont « quasi-stables », révèle l’Insee. Cela n’a pas toujours été le cas puisque les inégalités avaient « fortement augmenté »  après la crise économique de 2008, « qui a touché en premier lieu les ménages modestes ». Elles se stabilisent depuis 2014.

La pauvreté recule un peu chez les chômeurs et progresse chez les salariés
Si le niveau de vie médian des chômeurs « est très nettement inférieur à celui des personnes en emploi », l’écart s’est réduit en 2017. Ainsi, « le niveau de vie médian des chômeurs augmente (+ 1,5 %), quand celui des salariés est en légère baisse (- 0,3 %) ». Le taux de pauvreté des chômeurs diminue fortement en 2017 (- 0,7 point) et celui des salariés augmente dans les mêmes proportions.La baisse du taux de chômage et la précarisation du marché du travail (créations d’emplois plus nombreuses dans l’intérim et la construction, qui emploient plus fréquemment des travailleurs à bas salaires) en sont les principales causes. Autres victimes de la pauvreté : les indépendants. Leur taux de pauvreté (17,2 %) est bien plus important que celui des salariés (7,1 %).

Plan Pauvreté : « Des premiers résultats concrets » 
Cette étude de l’Insee a été publiée le jour où le gouvernement marquait le premier anniversaire de son plan Pauvreté (stratégie dotée de 8,5 milliards d’euros). Un plan qui donne de « premiers résultats concrets »  selon l’exécutif. Comme la création de places en crèches dans les quartiers sensibles – « ce qui doit contribuer à résorber les inégalités scolaires ultérieures »  -, ou l'aide financière versée par l'État aux « petites communes fragiles »  qui adopteraient une tarification sociale de leurs cantines, afin de proposer des repas à un euro.
Plusieurs associations de lutte contre la pauvreté interprétaient ce bilan avec un ton bien différent. Le collectif Alerte, qui réunit des associations comme ATD Quart monde, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre, a dressé lundi un bilan « très mitigé »  du plan Pauvreté, faisant part de « timides avancées »  et de « reculs certains ».

Ludovic Galtier

Accéder à l’étude de l’Insee.

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