Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 4 avril 2008
Social

Le 5ème rapport annuel de la Miviludes met en lumière les évolutions des sectes

Les faux souvenirs induits, la vente multi-niveaux, certaines techniques de coaching en entreprise et le datura font partie de la moisson de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) dans son rapport 2007 publié jeudi. Il s'agit du 5ème rapport annuel de la Miviludes, qui fait également le point sur les techniques de lobbying des sectes auprès des organismes internationaux, à partir de l'exemple de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), et sur le phénomène du satanisme qui concernerait de près ou de loin environ 25.000 personnes en France, dont 80% de moins de 21 ans. Il pointe aussi le néo-chamanisme et l'usage d'une substance, le datura, plante courante aux fleurs très parfumées et réputée toxique, qui tend à remplacer l'iboga, inscrit au tableau des stupéfiants. «Les sectes évoluent mais elles sont toujours là», estime Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes, qui souligne qu'à partir de 2000 elles se sont «engouffrées» dans le domaine de l'accomplissement de soi, les unes dans l'humanitaire, les autres dans les techniques de «recherche de son moi profond». Le travail sur la mémoire est une des bases de la psychanalyse, en revanche «le "faux souvenir induit" résulte de techniques d'autosuggestion ou d'une influence indue qu'exercent certains thérapeutes». Ceux-ci «manipulent» le patient en l'amenant à se rappeler des abus - souvent à caractère sexuel - subis dans la petite enfance qui constituent le «syndrome du faux souvenir induit», dévastateur pour le patient lui-même et pour sa famille. Le phénomène est apparu aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XXème siècle et «se développe de manière inquiétante en France». C'est aussi au nom de la «sujétion de l'individu» que la Miviludes s'est intéressée à la vente multi-niveaux, qui consiste à vendre des produits ou services, le plus souvent liés au bien-être, et à convaincre les acheteurs de devenir vendeurs à leur tour. Ils n'ont pas de contrat de travail, sont rémunérés au pourcentage, et les plus convaincus finissent par quitter leur travail et ne plus fréquenter que les membres du réseau. Autre risque d'embrigadement avec l'application au coaching en entreprise de la théorie des «constellations systémiques», inventée par l'américaine Virginia Safir à partir de l'observation des tribus en pays zoulou: le groupe -en l'occurence l'entreprise - fonctionne comme un corps biologique où chacun a un rôle précis. Une des dérives est de considérer que chacun fait partie du groupe et que c'est au groupe de tout décider pour lui. Le rapport 2007 consacre un chapitre à la «stratégie d'influence de la mouvance sectaire à l'international», notamment auprès de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et particulièrement d'un de ses organismes, le BIDDH (Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme). Plusieurs mouvements - la Miviludes cite la Scientologie, les Raéliens et les Témoins de Jéhovah - viennent y dénoncer la lutte contre les dérives sectaires au nom des atteintes à la liberté religieuse. Toutes les interventions étant publiées, elles ont de ce fait une diffusion et une respectabilité assurées. Une autre technique est de mettre en cause les acteurs de la lutte contre les dérives sectaires, en visant les personnes elles-mêmes ou en mettant en cause le bien-fondé des subventions dont elles bénéficient. Pour télécharger le rapport 2007, voir lien ci-dessous.</scr

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