Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 8 novembre 2005
Sécurité

Les préfets autorisés à «appliquer le couvre-feu s'ils l'estiment utile pour permettre un retour au calme et assurer la protection des habitants»

Dominique de Villepin a annoncé lundi soir qu'il allait autoriser les préfets à recourir au couvre-feu «partout où c'est nécessaire» pour permettre le retour au calme. Le Premier ministre, confronté à sa plus grave crise depuis sa nomination, a tenté de reprendre la main en annonçant des mesures d'urgence, mais aussi de fond. Après Jacques Chirac dimanche soir, Dominique de Villepin a fixé un préalable, celui du rétablissement de l'ordre public dans les quartiers, où la situation ne donnait aucun signe d'apaisement lundi soir malgré le déploiement de 8.000 policiers et gendarmes. «Tout ceci est inacceptable et inexcusable», a lancé le Premier ministre. Les Français «sont inquiets», «choqués» et «aspirent à un retour à la normale», a-t-il souligné. Il a donc réaffirmé avec force la ligne de fermeté suivie par le gouvernement, en allant jusqu'à annoncer une mesure d'exception. En raison du «contexte particulièrement grave», le président Jacques Chirac devait convoquer ce mardi matin le conseil des ministres pour autoriser les préfets à «appliquer le couvre-feu s'ils l'estiment utile pour permettre un retour au calme et assurer la protection des habitants». Un décret sera pris en application de la loi du 3 avril 1955, votée pour instaurer l'état d'urgence en Algérie (voir nos autres infos de ce jour). Les préfets «décideront à l'intérieur de ces territoires, les quartiers les plus sensibles où ils jugent que de telles mesures doivent être prises», a expliqué le Premier ministre. Le gouvernement a également décidé «d'appeler 1.500 réservistes de plus, gendarmes et policiers», qui viendront renforcer les 8.000 hommes déjà déployés sur le terrain. Les comparution immédiate devant les tribunaux des 1.200 fauteurs de troubles interpellés «se multiplieront au cours des prochains jours», a aussi annoncé Dominique de Villepin, qui a donné des consignes en ce sens. Une centaine de jeunes ont déjà été incarcérés. Le chef du gouvernement a dénoncé les «réseaux criminels organisés», mais évoqué aussi «des bandes de jeunes, voire de très jeunes», qui «sont dans une logique de casseurs» mais aussi de «surenchère entre les quartiers». Il en a appelé «à la responsabilité des parents». Interrogé sur un possible recours à l'armée, le Premier ministre a répondu qu'il n'en était «pas là», mais qu'il prendrait les «mesures nécessaires à chaque étape» pour rétablir l'ordre «très rapidement sur l'ensemble du territoire national». Au delà de ce message d'extrême fermeté, Dominique de Villepin a promis une nouvelle fois la «justice» pour les habitants des banlieues. Il s'est ainsi engagé à donner «toutes les informations et en toute transparence» sur la mort par électrocution des deux jeunes de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), événement qui a mis le feu aux poudres le 27 octobre dernier. Le Premier ministre a surtout annoncé des mesures de fond dans les domaines de l'éducation, de l'emploi et du logement afin d'«offrir un espoir et une perspective». Il a ainsi proposé de multiplier par trois le nombre de bourses au mérite destinées aux jeunes des banlieues ayant le plus de capacités, et souhaité que les jeunes en difficulté scolaire puissent se voir proposer la voie de l'apprentissage dès 14 ans. Afin d'aider les jeunes de banlieue à trouver un emploi, il a demandé à l'ANPE de les recevoir dans les prochains mois pour «évaluer leur situation et leur proposer dans un délai de trois mois un contrat, une formation, la possibilité d'un stage». Le Premier ministre a enfin souhaité réduire à 18 mois le délai de réalisation du plan Borloo de rénovation urbaine, lancé en 2003 et qui aurait dû s'étaler jusqu'en 2008.</s

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2