Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 23 juin 2022
Santé publique

Santé : les maires appellent à « repenser » un système de soins qu'il faut « territorialiser »

Les maires n'attendent pas les conclusions de la mission flash sur les urgences, prévues pour début juillet, pour sonner l'alarme dès maintenant. Car la période de l'été les inquiète tout comme, à plus long terme, la question de l'accès aux soins. Un message à la prochaine ou au prochain ministre de la Santé. 

Par Emmanuelle Stroesser

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© Montceau-les-Mines

La multiplication des fermetures totales ou partielles des services hospitaliers – 120 au niveau national, souligne l'AMF – et « en particulier ceux des urgences » , appelle « à la fois »  des « solutions immédiates face aux risques de rupture pendant la période de l’été mais aussi des solutions de long terme en repensant notre système de santé » 

Ce message de l'AMF, communiqué mercredi lors d’une conférence de presse, relaye les inquiétudes des maires réunis en commission Santé le jour même. Un constat partagé notamment avec un représentant de la mission flash confiée par le président de la République au président de Samu-Urgences de France, à qui les maires ont pu faire part directement de leurs propositions, reprenant celles du Livre blanc qu’ils ont soumis aux candidats à l'élection présidentielle.

Un système à repenser

Le combat des maires ne date pas d'hier, mais il s'intensifie avec la crise dite des urgences. Or les problèmes dépassent le seul seuil des hôpitaux : « J’ai vu des gens presque en larmes me dire qu’ils n’ont plus de médecin traitant ! » , s’alarme Frédéric Chéreau, maire de Douai, co-président de la commission santé de l’AMF, lors de la conférence de presse qui a suivi. Et de rappeler que « 15 % des Français n'ont plus de médecin traitant » . Mais « l’engorgement des urgences est le symptôme, c’est la partie émergée de l’iceberg qui signale qu’il y a un système à repenser en entier ». 

Comme le résume le président de l’AMF, David Lisnard : « Le temps est venu d’oser une plus forte territorialisation des politiques de santé, au plus près des besoins des citoyens, de renforcer et reconnaitre l’échelon de proximité pour mieux coordonner l’hôpital public et privé, la médecine de ville, le médico-social et le social ».

Les demandes des maires

Les maires ont acquis avec la crise sanitaire un « fort sentiment de légitimité » . « Nous devons être des auxiliaires nécessaires et centraux de l’État sur ce sujet » , réclame le maire de Douai.  Les maires exigent d’être avisés et concertés « avant toute fermeture de service public hospitalier public » . Cela passe par le fait que leur place soit « renforcée »  au sein de la gouvernance des hôpitaux.

Ils demandent dans le même temps une « réflexion plus large »  avec « l’ensemble des acteurs afin de rétablir la permanence des soins en ville » , « en particulier pour les soins non programmés » . Seule une approche globale permettra d'éviter la surenchère déjà à l’œuvre entre territoires, martèle Frédéric Chéreau. « La solution, plutôt que de courir après des médecins ou déshabiller Pierre pour habiller Paul, c’est de se demander comment on fait pour que les médecins se concentrent sur les tâches médicales », pose-t-il. 

L'un des premiers enjeux est donc de « décharger les médecins de certaines tâches administratives pour dégager du temps médical » . Car, répète le maire de Douai, ce n'est pas tant la ressource qui manque que sa disponibilité, et son égale répartition. 

Les maires n'ont toujours pas d'avis tranché sur l'obligation d'installation de médecins dans des zones qui en manquent. Frédéric Chéreau remarque toutefois que « les lignes bougent »  – mais qu'il n'existe pas de solution miracle. C'est aussi ce qui rend les maires prudents quant à la téléconsultation, qui ne saurait non plus être « la panacée » 

De nouveaux députés « pointus » 

Les maires sont fin prêts à rencontrer le ou la future ministre de la Santé, dès sa nomination, Brigitte Bourguignon, actuelle titulaire du poste, ayant été battue aux législatives. Ils savent aussi pouvoir compter sur deux « recrues »  de poids au sein de l'Assemblée nationale. Deux collègues pointus sur les questions de santé : Frédéric Valletoux, maire de Fontenaibleau et président de la Fédération hospitalière de France, et Véronique Besse, maire des Herbiers et jusque-là co-présidente de la commission Santé de l'AMF, ayant été élus députés. « Une perte pour l'AMF mais le gain d'un précieux relais au Parlement », glisse Frédéric Chéreau.  Une nouvelle co-présidente devrait être désignée dans les prochains jours. 

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