Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 16 juillet 2015
Santé publique

Pollution : Ségolène Royal en appelle (encore) aux maires

La parution, hier, d’un rapport chiffrant à 100 milliards d’euros le coût annuel de la pollution atmosphérique (lire Maire info d’hier) a suscité de vives réactions. Ce rapport apporte de l’eau au moulin de tous ceux, notamment, qui souhaitent en finir avec le soutien fiscal au diesel.
Rappelons que ce rapport, émanant d’une commission d'enquête du Sénat, additionne les coûts médicaux (morts prématurées, maladies…), économiques (absentéisme, baisse de productivité…) et les coûts plus diffus (baisse du rendement agricole, dégradation des bâtiments, prévention…). Le rapport établit une fourchette comprise entre 72 et 101 milliard d’euros. Le caractère transpartisan de la commission d’enquête, dirigée par un sénateur Les Républicains et une sénatrice EELV-Les Verts, a donné un crédit supplémentaire à cette étude.
Parmi les réactions les plus rapides, celles des écologistes, qui militent depuis longtemps pour une interdiction à terme des véhicules diesel et, à plus court terme, la fin de l’avantage fiscal sur le carburant diesel, qui pousse les ménages modestes à s’équiper de ce type de motorisation. Certains, comme Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV-Les Verts, ont même défendu hier l’idée d’une « fiscalité anti-diesel »  – ce qui, on peut le supposer, signifierait de rendre le diesel plus cher que l’essence. À ceux qui répliquent que surtaxer le diesel serait antisocial et « punitif »  (comme le dit Ségolène Royal) contre les plus pauvres, Emmanuelle Cosse a rétorqué que ce qui est punitif, c’est « d’habiter dans les logements pas chers au bord du périphérique parisien »  et d’y avoir tellement de bruit et de pollution « qu’on ne peut pas ouvrir ses fenêtres ».
L’un des signataires du rapport, le sénateur de Meurthe-et-Moselle (vice-président de la communauté urbaine du Grand Nancy), Jean-François Husson, a également demandé qu’on ne traite pas sa commission « d’ayatollahs » : « Aligner la fiscalité de l’essence sur le diesel en cinq ans, pour 17 centimes, ce n’est pas une mesure extrême ».
La ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a également pris position dans la foulée de la présentation de ce rapport pour promettre « des mesures extrêmement fermes »  dès la semaine prochaine. « Plus personne n’a d’excuse pour ne pas agir », a martelé la ministre, qui a ciblé en vrac « les voitures, le diesel, les pollutions agricoles, les pollutions industrielles », sur lesquelles en particulier elle demande que « les règles soient appliquées et respectées ». Une fois encore, la ministre a fait porter une large responsabilité sur les maires, notamment ceux des grandes villes, appelés à « prendre leurs responsabilités ». Voilà qui devrait faire réagir Anne Hidalgo, la maire de Paris, qui s’oppose régulièrement à l’État sur le sujet de la pollution : presque à chaque pic de pollution, Anne Hidalgo se voit refuser par les services de l’État la possibilité de mettre en place la circulation alternée. Mais, au-delà de cette situation particulière, il semble que ce soit une orientation assumée de la ministre que de confier aux maires la responsabilité de prendre des mesures difficiles et impopulaires, sans que le gouvernement ait à les assumer. C’est tout le sens de la réintroduction annoncée des pastilles de couleur pour les automobiles (lire Maire info du 3 juin ), avec toute liberté donnée aux maires de prendre les mesures qu’ils veulent pour favoriser, ou pas, la circulation des véhicules les moins polluants. Un cadeau un peu empoisonné…
La ministre de l’Écologie a, par ailleurs, formellement exclu ce matin d’aligner, comme le propose le rapport, la fiscalité du diesel sur l’essence d’ici 2020.
F.L.

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